[RAISON GARDER] Trump : ni notre ami, ni notre ennemi

Certaines personnes - disons de la droite nationale, ou souverainiste, ou patriote, peu importe le nom - estiment que Trump et Poutine seraient nos amis et nos alliés en raison des valeurs qu’ils portent (qu’ils porteraient).
Certaines personnes - disons de la droite libérale, du centre et de la gauche - estiment que Trump et Poutine seraient nos ennemis irrémissibles en raison des valeurs qu’ils portent (qu’ils porteraient).
La vérité - et il est capital de le comprendre si l’on veut être en mesure de leur faire face avec profit -, c’est que Trump et Poutine ne sont ni nos amis ni nos ennemis. Ils sont, l’un états-unien, l’autre russe, et c’est cette qualification qui les détermine : certainement pas une prétendue amitié ou une hostilité qu’on plaque sur eux ni même une ligne idéologique qu’ils affectent de suivre.
Bien sûr, si éclate pour une raison quelconque une polémique entre eux et nous (qui peut aller jusqu’à une forme de guerre, comme en Ukraine), eux diront des méchancetés sur nous et nous dirons des méchancetés sur eux. À l’inverse, si nous signons avec eux un accord quelconque, eux diront des compliments sur nous et nous dirons des compliments sur eux. Mais c’est du théâtre, rien de tout cela n’a de véritable importance.
Les Allemands, autrefois, disaient « Deutschland über alles ». Trump dit aujourd’hui « America First ». Je ne connais pas suffisamment le russe pour savoir exactement ce que dit Poutine, mais ce doit être à peu près la même chose, en russe. Ce qui est sûr, c’est que Trump entend s’occuper des États-Unis, que Poutine entend s’occuper de la Russie, que Xi Jinping entend s’occuper de la Chine, etc. Bref, la préoccupation de chacun de ces chefs d’État (et ce devrait être la préoccupation de tous les chefs d’État un tant soit peu responsables), c’est le bien du pays dont ils ont la charge.
Ces chefs d’État vont ainsi chercher à être les amis des pays dont ils doivent impérativement être les amis pour le bien de leur propre pays. Ils vont être indifférents aux pays qui ne comptent pas pour leur propre pays. Et ils vont être les ennemis des pays qui, structurellement ou bien de fait, sont les ennemis de leur propre pays. C’est tout simple et cela ne souffre pas de difficulté.
Donc, il n’y aura aucune « alliance mondiale des nationalistes ». Ni Trump ni Poutine ne régleront leur politique vis-à-vis de la France, par exemple, sur le fait que Marine Le Pen ou Éric Zemmour ou Marion Maréchal leur seraient sympathiques. Et ce sera la même chose pour ce qui concerne Meloni ou Orbán. Mais ni Trump ni Poutine ne régleront non plus leur politique vis-à-vis d’un gouvernement mal disposé à leur égard ou qui leur serait politiquement hostile, sur la base de sentiments transitoires : s’il le faut, ils seront prêts à aller dîner avec le diable, tout en prenant la précaution d’apporter une longue cuillère.
Le seul critère sera (pour Trump) : cela profite-t-il aux États-Unis ? Le seul critère sera (pour Poutine) : cela profite-t-il à la Russie ?
Et la France et l’Union européenne ne doivent pas s’affoler ou se rassurer (selon les cas) d’une ligne idéologique (apparente) qui leur serait favorable ou défavorable, d’une amitié déclarée ou d’une hostilité claironnée. Il faut, certes, accepter de jouer ce jeu d’ombres (c’est le propre de la diplomatie), mais sans être aucunement dupes.
Ce qui est vraiment important, et même vital, c’est de jouer la partie de façon très serrée, en évaluant ses propres atouts et en bluffant autant que de besoin ; en évaluant les atouts de l’adversaire (même si on l’appelle provisoirement « allié ») et en perçant son bluff. Et toujours en recherchant un seul but : garantir et préserver les intérêts (respectivement) de la France ou de l’Union européenne.
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31 commentaires
Malgré tous les béni oui oui qui peuplent notamment Bruxelles, comme l’a dit de Gaulle, un état (un vrai, pas une bouillasse eurocrate) n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts. Cela demeure plus vrai que jamais, et Trump traité de fou par toute la bienpensance, qui n’est pas fou contrairement à ce qu’elle raconte, va bientêt nous en donner la preuve.
Monsieur de La Palisse n’aurait pas dit mieux !!!
De quels amis ou ennemis parle t-on ? En géopolitique il n’y a pas d’amis, il n’y a que des alliés, et généralement pour une durée déterminée. Les amis, si on prends l’exemple Zelensky/macron ne sont amis en partie que par idéologie. Pour macron par idéologie européiste, dont il rêve de devenir le leader maximon sauce stalinienne. Quant à Zelensky je ne sais exactement ce qui le motive, mais j’ai la forte impression qu’il ne comprends pas tout, et qu’il est mis en scène par ce qu’il est devenu commun d’appeler « l’état profond ». Ceci dit, il serait indiscutablement préférable d’avoir pour gouverner la France, quelqu’un qui a une préfèrence pour son pays, et que ses amis du moment viennent ensuite.
Les Français ont des dirigeants qui veulent surtout plaire à Ursula VDL…
Devoir expliquer les relations d’intérêt entre nations démontre à quel point de délabrement sont arrivées les capacités cognitives de notre société !
malheureusement la France a choisi par deux fois le plus incompétent si ce n’est traître a son pays, et qui se croit être la conscience du monde…ridicule !
Non par 3 fois: 1 fois Hollande, heureusement déserteur de lui-même et 2 fois Macron qui malheureusement s’incruste pour notre plus grand mal.
Plus de deux ans à attendre…Le temps passe vite, mais peut sembler longuet pour beaucoup de gens conscients de l’effondrement de leur pays !
Poutine a menacé quand il a senti son pays menacé…Et quand on se sent menacé, on préfère utiliser les solutions qu’offrent la dissuasion », fut-elle nucléaire. Le problème n’est donc possiblement pas seulement Poutine, mais ce que tout chef d’Etat possédant l’arme nucléaire, pourraient faire s’ils se sentaient menacé !
Et qui une fois n’est pas coutume a voulu nous faire croire une fois encore, que nous devions nous sentir menacés ? Comme pour le Covid des chinois, aujourd’hui, la menace des chars russes à Paris…Et demain la menace des « droits de douane » des Américains contre l’Europe évidemment. C’est ce qu’on s’appelle dans le langage médical : un mégalomane compulsif…! Encore donc deux ans à patienter pour que toutes les menaces finissent par se dissiper. Restera la réelle menace des conséquences de sa gestion pour de nombreuses futures générations.
BV propose des articles intéressants, mais ici, on est à un sommet de limpidité, de bonne mise au point, de maitrise du sujet. Rare. Grand merci !