Raquel Garrido, insoumise aux Insoumis !

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La NUPES se barrait déjà en sucette. Et voilà maintenant que LFI est en train de finir en quenouille. Ainsi, Raquel Garrido, l’une des proches historiques de Jean-Luc Mélenchon, est-elle désormais en délicatesse avec son ancien gourou.

Motif de la discorde ? Les déclarations de cette dernière, sur France Info, le 22 octobre dernier : « Jean-Luc Mélenchon ne fait que nuire au mouvement. Il a cherché à mettre des coins entre nous et les organisations syndicales et entre nous et les autres partis de la NUPES. » Le tout sur fond de conflit israélo-palestinien, Raquel Garrido tenant le Hamas pour mouvement « terroriste », au contraire d’une Danièle Obono, elle aussi membre de LFI, mais qui n’y voit qu’un mouvement de « résistance ».

La figure du Líder Mínimo bousculée…

Mais il y a peut-être plus grave, car plus problématique que la poudrière orientale, il y a la personnalité de son mentor, dirigeant son parti tel un sultan. D’où cet autre péché de Raquel Garrido, encore plus inexpiable : « Jusqu’à présent, La France insoumise a été structurée comme un outil de campagne présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon, ça ne peut pas durer comme cela. » Envoyez, c’est pesé !

Bref, dans ce parti informel, donné pour être « gazeux », il y aurait comme de l’eau dans le gaz. Et Raquel Garrido d’enfin se rendre compte que l’organisation « horizontale » de LFI, façon Soviet ouvrier, cacherait de fait une direction des plus « verticales », allant jusqu’à déclarer : « J’ai honte de voir cette évolution du projet politique auquel j’ai consacré trente ans de ma vie… »

Osera-t-on ajouter qu’il fallait être un brin nunuche pour confondre trotskisme lambertiste avec succursale de Woodstock ou du village des Schtroumpfs ? Oui. Du coup, l’insoumise a dû se soumettre à une sorte de tribunal politique. Lequel a annoncé, ce mardi 7 novembre, sa suspension en tant « qu’oratrice au nom du groupe dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois ». Sa réaction tombe immédiatement : « Je suis mise au ban […] parce que j’ai osé dénoncer la communication masculiniste d’Adrien Quatennens, orchestrée par Sophia Chikirou et soutenue par Jean-Luc Mélenchon, parce que j’ai défendu l’unité de la NUPES, du mouvement syndical et de LFI pendant le grand mouvement des retraites, alors que LFI ne faisait que cliver, cliver et cliver. »

Comme quoi Jean-Luc Mélenchon a beau avoir été l’un de ces trotskistes dénonçant les méthodes staliniennes du PCF, il sait se montrer, quand ça l’arrange, encore plus stalinien que ces mêmes staliniens. Cela, Raquel Garrido le savait depuis longtemps, mais devait aussi estimer que de telles épurations révolutionnaires ne pouvaient que frapper les autres : Djordje Kuzmanovic ayant quitté la maison mère, en 2018, pour s’en aller fonder le mouvement République souveraine, avant qu’un autre insoumis, Andréa Kotarac, n’aille demander l’asile politique au Rassemblement national, un an plus tard.

Raquel Garrido commençait à faire tache dans le paysage…

Ce bouleversement stratégique ayant amené ce parti à passer du populisme de gauche laïc au communautarisme islamiste mâtiné de gauchisme, Raquel Garrido semble aussi avoir mis du temps à le comprendre : elle n’était plus dans la ligne du parti mais ne le savait pas. Un peu comme ces cocus étant les derniers à apprendre leur infortune alors que tout le voisinage était au courant depuis belle lurette.

Pour s’en convaincre, prière de se rapporter à cet entretien qu’elle accorda au Point, le 15 septembre 2019, à l’occasion duquel elle clamait son admiration pour… Michel Sardou ! Morceaux choisis : « J’étais loin des qu’en-dira-t-on gauchistes. Alexis [Corbière, son mari, NDLR] a aussi converti nos enfants. En plus, dans "Les Bals populaires", Sardou parle des "Raquel du samedi". Je me suis dit : "Enfin une chanson qui parle de moi." C’était comme une naturalisation. Je ne veux pas lui donner une identité partisane. Sardou, c’est ses chansons. Chez l’homme, j’aime son esprit, libre, son côté subversif. Quel insoumis ! »

Seulement voilà, l’époque serait plus aux Chikirou et aux Obono qu’aux Garrido, au rappeur Médine qu’à Michel Sardou. La révolution dévore immanquablement ses enfants.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Que RAQUEL GARRIDO soit désavouée ou non par la hiérarchie de LFI, est le dernier souci de l’électeur français dont la lucidité (enfin!) apparait à travers les derniers sondages d’opinion relatifs au mouvement de JeanLuc Mélenchon.
    Soyons magnanimes et souhaitons à ce triste sire, de jouir d’une prochaine retraite , et.. »que le spectacle continue » selon la formule consacrée décidément tout aussi applicable à la politique !…

  2. On ne peut que se réjouir des vicissitudes qui commencent à devenir la caractéristique principale de LFI. Puisse le lider minimo continuer encore un peu de telle sorte que toute personne ayant un minimum de bon sens finisse par se rendre compte de son état mental qui relève maintenant de la médecine.

  3. Laissons les crabes se manger entre eux. Garrido a de la change de ne pas être dans une démocratie populaire dirigée par le Conducator Mélenchon. Elle aurait été déquillée en sortant de la salle comme au bon vieux temps. je ne peux croire que ces gens soient naïfs à ce point. Mélenchon est de plus en plus inquiétant et sa garde rapprochée Bompart en tête donne froid dans le dos. Je ne suis pas sûr que Garrido quitte LFI, ils vont se réconcilier, de toute manière à part rejoindre les verts elle n’a pas d’avenir sauf à revenir faire la speakrine à la télé. Il y en a heureusement de plus sympathiques, je ne voudrais pas être méchant.

  4. Quand on soutient un « lider maximo » marxiste, il ne faut pas s’étonner qu’il agisse comme tel. La nomenklatura n’existe que par le bon vouloir du « lider maximo ».

  5. Nouvelle preuve que, à quelques exceptions près, les femmes sont une catastrophe en politique. Elles y mettent de l’affect et de l’empathie là où il ne faut que du rationnel et du bon sens.

  6. lLa France Islamiste commence son nettoyage, ils ont un référendum permanent « d’accord, pas d’accord » si pas d’accord, c’est dehors, facile non ?

  7. Pendant la Révolution Française, période si chère au coeur du grand Manitou Mélanchon, les révolutionnaires se coupaient la tête entre eux. De nos jour c’est moins violent: ils s’excluent. Un grand pas a été fait, mais , pour aller où ?

    • En fin de compte votre conclusion est claire…. tout le monde s’agite, se drape dans l’offense, mais ne changera rien, un seul objectif préserver sa « gamelle » quand la soupe est bonne.

  8. Comme l’a dit un humoriste : « Dire qu’elle a quitté le Chili pour venir en Union Soviétique ! »

  9. Plus royaliste que le roi, cela finit généralement très mal. Même sous la République feindre d’ignorer que « la dite République c’est lui » ne pardonne pas,.

  10. « Gazeux » pour certaine bande territoriale ? L’expression « se barrer en sucette » (elle aussi peut-être voulue, finalement) semblerait assez appropriée au vu de l’élégance langagière passée, assez fleurie il faut le dire, de Madame Garrido envers Stanislas Rigault…et probablement tout à fait dans les goûts de Michel Sardou…

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