Rassemblement national : la barre fatidique des 30 %

MARINE LE PEN 3

Certes, nous sommes à plus de six mois de l’échéance. Certes, une hirondelle (et encore moins un sondage) ne fait pas le printemps. Il n’empêche que plusieurs études d'opinion donnent désormais la liste de Jordan Bardella à 30 % d’intentions de vote aux élections européennes (ce qui lui permet d'espérer rentrer une trentaine de députés à Strasbourg), contre 18 % pour la liste de la majorité présidentielle. En 2018, à la même époque, c’est-à-dire à quelques jours de la trêve des confiseurs, un sondage de l’IFOP donnait à la liste du Rassemblement national 24 %, contre 18 % à la liste macroniste. Jordan Bardella terminera à 23,34 %, avec une courte avance sur la liste conduite par Nathalie Loiseau (22,42 %).

Un bloc souverainiste puissant

Constat : l’écart se creuse entre le parti à la flamme et la Macronie : 6 points en décembre 2018, 12 en décembre 2023. C’est énorme. Si on ajoute à cela les intentions de vote pour Reconquête (7,5 %) et Debout la France (2,5 %), les voix souverainistes dépassent les 40 %, dans notre pays. C’est une première, comme le fait remarquer le politologue Arnaud Benedetti dans le passionnant entretien donné à BV, samedi soir. Et de ce constat, on tire cet enseignement : Emmanuel Macron a échoué sur toute la ligne. Son objectif n’était-il pas, en 2017, de faire reculer le Front national, devenu Rassemblement national, et, plus largement ce qu’il est convenu d’appeler, dans le camp européiste, les eurosceptiques ? Dans un monde normal, l’homme serait disqualifié. Au mieux, Emmanuel Macron est un médiocre préfet de l’Union européenne en France ; au pire, un repoussoir de la cause européenne. Mitterrand, lui, en 1992, avait réussi, certes aux forceps et en y jetant toutes ses forces, y compris physiques, à faire voter les Français d’une courte avance en faveur du traité de Maastricht. On n’imagine pas Macron se lancer dans une telle aventure, par exemple, sur des sujets fondamentaux comme ceux du droit de veto au Conseil européen et de l’élargissement de l'Union.

Et les LR, dans tout ça ?

Une question : face à ce bloc souverainiste, qui pèse désormais lourd, que peuvent faire les LR ? En décembre 2018, toujours avec ce sondage IFOP, ils étaient crédités de 11 % d’intentions de vote. François-Xavier Bellamy termina avec 8,48 %. Aujourd’hui, crédités d’environ 8 % et suivis à la trace par Reconquête, à combien termineront-ils ? Comme Pécresse à la présidentielle ? Clairement, leur sort ressemble cruellement à celui du Parti radical socialiste qui domina la IIIe République et finit divisé en radicaux valoisiens et radicaux de gauche au début de la Ve République. Les voilà condamnés, selon les lois de l’attraction, à jouer le rôle de satellite. Le tout étant de savoir choisir sa planète, au risque de se désagréger dans l’atmosphère…

Le club très sélect des 30 %

30 %, pourcentage fatidique ! Si l’on s’amuse à étudier tous les sondages depuis une vingtaine d’années (élections européennes et présidentielles), on constate que les formations ou personnalités politiques à avoir été créditées d’un tel niveau d’intentions de vote, même fugacement, sont très peu nombreuses. Le score de 33 % avait été atteint par la liste macroniste en mai 2018, à un an de l'échéance, dans un sondage Viavoice, mais aucun parti n'avait franchi les 30 % pour les européennes de 2014 et 2009. Pour ce qui est de l’élection présidentielle, le club des personnalités politiques ayant été créditées de 30 % et plus d’intentions de vote est plus que très sélect, genre Jockey Club ! Depuis un quart de siècle, en remontant le temps, on y retrouve Emmanuel Macron, François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal. Point barre. Le seul de tous qui concrétisa dans les urnes ces intentions de vote au-dessus de 30 % au premier tour de l'élection présidentielle fut Nicolas Sarkozy, en 2007 (31,18 %). Avant, il faut remonter à l’élection de 1988 pour trouver un candidat franchissant cette barre : en l’occurrence François Mitterrand (34 %) face à Jacques Chirac. 2027 est encore loin, mais il se trouve que le seul candidat potentiel qui dépasse aujourd'hui dans les sondages relatifs à l'élection présidentielle cette barre des 30 % est Marine Le Pen.

Certes, une hirondelle, etc. Mais l’histoire politique des cinquante dernières années nous montre que, sauf accident de parcours (on pense à DSK ou à Fillon), le franchissement de cette marche des 30 % dans les sondages joue comme un effet de seuil décisif, certes sans augurer, bien évidemment, de l’arrivée sur la dernière marche, mais décisif tout de même.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

50 commentaires

  1. A vous lire, j’ai l’impression que vous regrettez que le RN arrive au delà des 30 % ! … Les « partis républicains » sont au pouvoir depuis tout le temps et ce sont eux qui continuent à démanteler méthodiquement ce qui reste de la FRANCE.

    Seul un frexit sera susceptible de sauver cette France et en même temps il faut absolument destituer ce « Président-des-cercueils » pour prouver à ce coucou poli-tocard qu’il n’est pas un « intouchable » ! … La FRANCE est vraiment mal barrée ! … dans tous les sens du terme …

  2. A l’inverse d’une majorité des commentaires, je reste optimiste, arrêtons le catastrophisme qui porte préjudice in fine aux souverainistes, oui, rien n’est gagné mais ce n’est pas en pleurant que l’espoir renaîtra. Pour une fois que l’on a une bonne nouvelle, quant à la suite… nous verrons bien.

  3. Oui, seulement « les accidents produits pour DSK ou Fillon », soyez sûrs que beaucoup y pensent déjà et pas qu’à gauche, hélas.

  4. 30 pour cent de 40 pour cent de votants,cela fait 12. pour les autres c’est encore pire. La solution ne viendra pas des élections…

  5. Il n’y a pas de réserves de voix, celles se portant sur Reconquête (7,5 %) se reportant à 80 pour cent sur le candidat macroniste.
    De toute manière, même à 50 pour cent des intentions de vote, il n’y a aucun moyen qu’on laisse le RN arriver au pouvoir, comme le FIS en Algérie.

    • Imaginer que les votants de Reconquête ! pourraient un jour voter macron est une véritable insulte. Jamais, jamais ils ne se reporteront sur un traitre pareil à ce qu’est la France qui selon lui n’a ni Histoire ni Culture et qui déteste notre pays. Par ailleurs, il ne peut pas être candidat alors n’écrivez pas n’importe quoi, c’est gâcher une occasion de se taire !

    • Etonné par ce que vous écrivez. Les votants de Reconquête se reportent sur les candidas macronistes ! ? ( à 80% ! ). J’en doute quand même…

  6. Comme l’écrit l’auteur de cet article, ”sauf accident de parcours”. Quand on écoute, quand on lit les declarations des personnalités de gauche on mesure la haine qu’elles nourissent pour la droite et en particulier le RN et Reconquête . Une haine qui laisse à penser que tous les moyens seront bons pour que se produisent de tels accidents..Les dirigeants de droite vont vivre avec un fusil chargé et armé dans le dos , la démocratie aussi.

  7. Mais Reconquête ou Bardella ne veulent pas sortir de l’Europe.
    Donc la France sera toujours soumise à Bruxelles qui est en train d’accélérer le mouvement pour créer un gouvernement européen

    • Si nous pouvions modifier la Constitution nous pourrions y écrire ce que nous souhaitons être en-dehors de l’application des traités.
      Nous pourrions dénoncer des traités ou les renégocier!

  8. L’acharnement à faire reculer le RN par le Macroncircus est en train de se conclure mais pas comme il l’avait prévu.  » En même temps  » on ne peut être performant en s’occupant de l’opposition de bonne droite , des affaires étrangères et délaisser les préoccupations des français qui semblent se réveiller. La régression de notre pays conséquence d’une immigration non contrôlée , d’un apport massif de  » chance pour la France » à détruire est apparue au grand jour. Les discours politiques d’un Bardella, d’une Marion ou de Zemmour ouvrent les oreilles et les yeux des français qui en ont ras la couette pour rester poli. Les LR feraient bien de les écouter, il en va de la survie de la France.

  9. DSK et Fillon ont été balayés pour des raisons sordides. Le premier pour des affaires d’alcôve, de très mauvais goût si j’ose dire, et le second pour des méthodes universellement pratiquées par tous les partis politiques. Les deux avec la complicité active de la « justice » et des médias bien-pensants.

    • Il n’a jamais demandé que les citoyens disposent de l’initiative de la révision de la Constitution
      Il est dans le système mais à 1%!

  10. Vu la situation actuelle qui ne fait qu ’empirer , MLP pourrait même continuer son ascension jusqu ‘ aux Européennes , laissant loin derrière elle ses concurrents ; en tout cas , c ‘est ce que nous sommes nombreux à souhaiter …

  11. Sans l’union des droites, ce sera un nouvel échec à la présidentielle pour ceux qui ne veulent pas voir la France mourir. C’est pourquoi il faut voter massivement pour Reconquête! aux élections européennes pour forcer le RN et les LR à l’union des droites avec Reconquête!
    VOTEZ RECONQUÊTE!

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