[Réaction] « Cette convention citoyenne sur la fin de vie est une mascarade ! »
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La Convention citoyenne sur la fin de vie a tranch, ce dimanche 2 avril, en faveur de la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté (à une majorité de 76 % des participants). L'ancien député Jean-Frédéric Poisson, qui publie un ouvrage sur le sujet, Soins palliatifs, la vraie alternative à l'euthanasie (Éditions Mame), est président de VIA la voie du peuple, mouvement allié de Reconquête. Il réagit à cette décision.
Sabine de Villeroché. Que pensez-vous de cet avis de la Convention citoyenne ?
Jean-Frédéric Poisson. Elle n’est en rien surprenante, pour au moins trois raisons. La première est qu'elle est conforme à ce que l’on croit être l’air du temps. La deuxième est que tout a été fait, dans la méthode de travail, pour y aboutir, y compris la manipulation, le déséquilibre dans la présentation des différents points de vue, et bien d’autres choses que des membres de la Convention ont d’ailleurs racontées. La troisième est que le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale avait déjà annoncé dans un quotidien à l’automne qu’on irait vers la légalisation de l’euthanasie quelles que soient les conclusions de la Convention. Cette Convention est donc une mascarade, une injure à ceux que l’on a sollicités pour cette mauvaise pièce de théâtre et au peuple français qui mérite autre chose sur une question de cette importance.
S. d. V. L’euthanasie ou le suicide assisté légalisés ne sont-ils pas un progrès pour l’homme qui, en maîtrisant sa mort, peut a minima décider de ne pas souffrir ?
J.-F. P. Il y a aujourd’hui, dans l’arsenal médical, tous les moyens de ne pas souffrir. Les douleurs dites « réfractaires » sont devenues infiniment rares. Et l’on sait maintenant développer l’accompagnement dont les patients en fin de vie ont besoin pour que leurs souffrances morales soient allégées. Plutôt que de prétendre « maîtriser sa mort », il est préférable d’accompagner les patients pour qu’ils vivent pleinement leur fin de vie. Par ailleurs, je persiste à ne pas pouvoir considérer comme un progrès de faire entrer le droit de tuer dans le Code pénal français. Quelle qu’en soit la raison.
S. d. V. Partagez-vous le constat que faisait (déjà) en 2013 le professeur Jean-Claude Martinez dans son ouvrage Euthanasie. Stade suprême du capitalisme : abréger la fin de vie, c’est aussi faire des économies de santé publique
J.-F. P. Je partage pleinement cet avis, même si, pour notre malheur, le transhumanisme est en train de nous démontrer qu’il y a possiblement des étapes au-delà de l’euthanasie. On voit, dans les premiers textes qui circulent sur le suicide assisté, une mention indiquant que les personnes qui mourraient de cette manière seront considérées comme décédées de mort naturelle. Drôle d’idée, sauf à considérer qu’il faudrait rassurer les familles des futurs défunts sur le maintien des primes d’assurance-vie qui leur sont promises… Le sordide est une force centripète. Il y a encore quelques années, la gratuité était la marque de la relation de l’homme avec la vie – c’est du moins ce qu’en disait le droit. Tout a été faussé désormais, et de façon ignoble, le coût d’un patient est utilisé comme un argument en faveur de l’euthanasie active. Le simple fait d’entendre cet argument n’est pas bon signe pour la santé morale de notre pays.
S. d. V. Pensez-vous que la légalisation de l’euthanasie est inéluctable ? Avez-vous une idée du nombre de parlementaires susceptibles de s’opposer à un tel projet de loi ?
J.-F. P. Rien est inéluctable, mais malheureusement, l’issue d’un projet de loi sur l’euthanasie est assez prévisible. La dernière fois que l’Assemblée nationale a eu à se prononcer sur un texte pareil, elle a adopté l’article premier d’une proposition de loi d’origine macroniste légalisant le suicide assisté, à une large majorité. En 2016, au moment du débat sur la loi Claeys-Leonetti, il y avait encore, à droite comme à gauche, suffisamment de personnes pour s’opposer à la légalisation de l’euthanasie. Deux renouvellements de l’Assemblée nationale plus tard, ces opposants (dont j’étais) ont quasiment disparu. C’est d’autant plus dommageable que personne n’a parlé aux Français des bienfaits des soins palliatifs et de la manière dont, en étant développés, promus, et pratiqués autant que de besoin, leur généralisation rendrait inutile la légalisation de l’euthanasie. C’est la tromperie fondamentale : l’euthanasie n’est pas nécessaire dès lors que les soins palliatifs occupent dans notre système de soins la place que depuis 1999 le droit leur donne. Il n’est pas trop tard pour respecter la loi qui existe.
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63 commentaires
Enfin on va prendre une bonne mesure ! Que chacun s’interroge sur le devenir des personnes en fin de vie qui dépérissent chaque jour un peu plus et qui deviennent des « objets » totalement inanimés ! L’euthanasie est l’affaire de chaque individu qui doit être libre de choisir sa mort , n’en déplaise à tous ces penseurs de pacotille , et pas celle de la société ! De quel droit la société s’arroge le droit de décider la façon de mourir pour tous ? encore une injustice car les plus argentés vont à l’étranger pour y avoir recours . Il faut que chacun fasse le nécessaire de son vivant afin qu’il n’y ait aucune contestation , c’est tout .
Je vous approuve; sauf que » faire le nécessaire » n’est pas évident, vu le nombre, justement, de « penseurs de pacotille » ( médecins inclus) qui croient tout savoir et mettent des bâtons dans les roues de la volonté (souhait) individuel ! Vous n’imaginez pas le parcours du combattant pour se faire entendre et respecter..
Excellent article : je suis à 100% en accord avec ce que dit M Poisson.
Euhh…Encore une » soignante-sachante » qui, forte de sa « longue » ( mais pas complète) expérience approximative, veut mettre (jetter ?) dictatorialement tout le monde (surtout le pauvre monde indigent qui n’est pas sa propre personne) dans le même sac (à poubelle)!. Allons, on sait très bien que vous les soignants, avec votre carnet d’adresse et vos combines , êtes les premiers pour les « passe-droit » !
Le plus amusant – si l’on peut l’écrire – est que ladite « Convention citoyenne », composée, bien entendu, d’individus sains de corps et d’esprit, « désignés au hasard » et non de « sujets » appartenant à une quelconque catégorie de robotique lobotomisée, a expressément spécifié – c’est du moins ainsi qu’on le présente – la nécessité du consentement du « patient », avant passage à l’acte…Il ne s’agirait donc plus là – outre le côté mauvais théâtre de la chose – d’une sordide protection financière d’assurance-vie, mais, cette fois, plus sérieuse et juridique…contre le pénal ! Ainsi les bonnes intentions pavent-elles peut-être l’enfer…
Un corollaire logique pour résoudre mathématiquement le problème des retraites : rendre l’euthanasie obligatoire dès l’âge légal de la retraite revendiqué : 64 ans pour le vulgum pecus, moins pour les régimes spéciaux, jamais pour les académiciens et le Pape ! Pas besoin de transhumanisme. Il suffit de récuser l’humanité tout court. On remplace le commandement biblique « tu honoreras ton père et ta mère » par « tu euthanasieras ton père et ta mère ». Le digne pendant de l’IVG dans la Constitution. Dans l’Etat Macroniste, on n’arrête pas le progrès !
Contre l’acharnement thérapeutique il paraît évident de se pencher sur la question.
C’est fait depuis longtemps, déjà depuis la Loi Léonetti donc depuis le 22 avril 2005. (acharnement interdit!)
Hélas, une marche est montée (ou descendue, au choix, La loi Claeys-Léonetti du 2 février 2016 qui vient renforcer les droits des malades et personnes en fin de vie en permettant notamment « la sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Nous savions, nous soignants en S.P. que c’était la porte ouverte au meurtre d ceux qui coûtent cher sans rien rapporter (encore que cela rapporte un peu plus un court instant aux labos pharmaceutiques).
D’ailleurs tout l’amphi (Congrès) étaient outré lorsque nous avons appris cette triste nouvelle du pied dans la porte des gens qui ayant peur de vivre choisissent la mort pensant qu’ils pourront maîtriser leur peur de la Grande Faucheuse
en effet : « sédation profonde et continue », c’est du foutage de gueule et de l’irrespect total de la dignité : un individu est essentiellement un être qui pense( en principe ) et pas une viande qui ronfle..
Non, il n’est pas question de « peur de la faucheuse » . Il est question de vivre cet ultime passage selon ses convictions propres et son éthique (sa spiritualité) , et non selon les injonctions matérielles et pseudo-psychologiques) des employés de l’usine-hopital, à la » formation » aléatoire et de moins en moins rigoureuse ( le suivi de procédures n’est pas une rigueur, pour moi, mais une paresse cérébrale..) ^quant aux valeurs catholiques, allez donc les chercher au fin fond d’un de nos nouveaux hôpitaux ! même les hôpitaux militaires ont jeté l’éponge depuis belle lurette..
Voilà un attentat de plus contre notre civilisation chrétienne, dans le silence, à croire complice, d’ un clergé catholique à la dérive.
La Conférence des évêque a répondu négativement mais on leur a fait moins de publicité qu’aux « écologistes » de sainte Soline.
Oui tout cela est monstrueux .
Merci pour ces réponses lucides avec lesquelles je suis en total accord .
On ne vit bien la vie de tous les jours que dans la confiance dit- on en Norvège qui est le pays du monde qui serait le plus heureux…
La confiance est morte chez nous , l’insécurité est partout et maintenant il va falloir se méfier de ses proches et de son médecin.
Absolument.
Avec l’horreur que nous avons vécu lors de la fin de vie de Vincent Lambert, mort de faim, alors qu’il était clair (communication non verbale évidente) qu’il ne voulait pas mourir, et que des cliniques privées étaient prêtes à le prendre en charge gratuitement (cela leur aurait fait de la publicité pour leurs méthodes de prise en charge de ré éducation des pauci relationnels), j’ai pris mes précautions.
J’ai fait mes directives anticipées devant notaire (donc définitives, sauf si j’en change personnellement), avec pour note : « si ma personne de confiante, avocate, a des doutes sur la cause de mon décès, elle doit porter plainte pour meurtre »!
Car oui, la confiance ne peut qu’être tuée par ces monstres sataniques qui veulent maîtriser la vie et la mort de leur troupeau.
Désolée : j’ai très attentivement observé le regard et expressions de Vincent Lambert à l’époque, plusieurs jours de suite et « en mon âme et conscience », et l’évidence m’a parue ( intime conviction ) totalement inverse à la vôtre..( communication non verbale) . Je comprends mieux maintenant pourquoi, quand j’entre dans un hôpital pour y être recluse quelques jours, j’ai l’impression d’avoir affaire à une volée bruissante et inefficace de demeurés obtus..
La boîte de Pandore est ouverte dans un contexte de ramollissement de la pensée. Le drame absolu serait en cas d’adoption de ces lois, de laisser la décision aux institutions ou autres organes décisionnel de sorte que le patient et la famille seraient exclus du processus.
Exact : voir mon commentaire en réponse à @Ré-Zo-Ré, pour éviter qu’on nous tue.
La famille de Vincent Lambert (parents) a été exclue au profit de l’épouse qui vivait avec quelqu’un d’autre (selon certains journaux, je n’ai pas vérifié, ce n’est pas mon métier) et un cousin!
Alors, à vérifier…
Ah, ah ! j’en ai connu, qui se retranchaient derrière leur « métier » !!! J’ignorais à l’époque qu’à l’hôpital , il y avait des dizaines, voire centaines de métiers complètement cloisonnés .Est-on » bête », quand on a choisi une autre voie ( d’épanouissement ) que les sciences EXPERIMENTALES…
Que dire de plus dans un pays où l’on s’autorise à tuer des bébés dans le ventre de leurs mères ?
Le débat qui est engagé ici est identique à celui qui a mené à la légalisation de l’avortement, il y a 50 ans. Partant de quelques cas extrêmes, on a généralisé en imposant toute une série de garde-fous qui ont progressivement été supprimés jusqu’à vouloir constitutionnaliser le « droit à l’IVG ».
On peut être certain que l’IVV (Interruption Volontaire de Vie) suivra le même processus, et que les garde-fous sauteront beaucoup plus vite pour rejoindre, voire dépasser, la situation de la Belgique.
Dans le pays qui a supprimé la peine de mort il y a 40 ans, ces lois homicides seront le sommet de l’hypocrisie et de l’aberration.
Il me semble qu’il y a eu un avis éclairé sur le sujet, la pétition signée par des centaines de soignants dont je suis, opposés à la légalisation de l’euthanasie, maintenant il va falloir trouver les « tueurs » titulaires du titre de médecin pour pousser la seringue, et croyez moi, ce n’est pas un acte facile du tout, en violation totale du serment d’Hippocrate.
Je suis de votre avis.
Hélas, il y a une commission qui « bûche » sur notre droit de conscience.
Quelle sera la réponse?
Je suis heureuse d’être en retraite (j’ai refusé de valider nombreuses prescriptions de midazolam à des posologies fantastiques) , mais je plains les soignants actuels dont on transforme la profession de soignants en profession de bourreau.
Et le » droit de conscience » de la personne souffrante, il vous effleure souvent , hors de votre microcosme professionnel ?
Une société est totalitaire si une idéologie cherche à y transformer toutes les traditions et institutions antérieure à fin d’en contrôler tous les aspects et à définir et contrôler le réel. Ce sont les dirigeants qui décident ce qui sera la vérité. Le totalitarisme s’attelle à détruire l’essence même de l’homme. Tant que le peuple en général est passif, apathique, diverti par le consumérisme ou la haine des plus vulnérables, les puissants pourront faire ce qu’ils veulent. Quand un régime politique tombe en pourriture, il devient corrupteur et corrompt tout ce qui l’approche.
Euthanasie, avortement, mariage entre personnes du même sexe, etc., c’est une inversion normative, la fin de la société chrétienne, le retour au païen -lisez Chantal Delsol-.
Ce nouveau monde sera païen sous réserve que la religion musulmane n’en profite pas pour s’installer et dominer.
Ecoeurant…Euthanasie programmée aux deux extrémités de la vie, euthanasie du foetus qui dérange et du vieux qui dérange également. Ce gouvernement sans scrupules a testé la docilité des médecins obligés d’injecter pendant le covid un produit expérimental, voilà le deuxième acte de la dépopulation française…A quand le troisième ?