[Réaction] La droite aux européennes : « Je crains un conflit fratricide »

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À quelques mois des élections européennes, plusieurs candidats sont déjà déclarés, à droite : Jordan Bardella pour le RN, Marion Maréchal pour Reconquête, mais aussi Florian Philippot, qui plaide pour une liste souverainiste anti-système. À ce dernier, Nicolas Dupont-Aignan a adressé un message d’amitié lors de sa rentrée, le samedi 2 septembre, à Arras, devant 1.600 militants. Où se situe le président de Debout la France et quel rôle veut-il jouer ?

Jordan Florentin. Plusieurs candidats sont déjà déclarés à droite pour la course aux élections européennes : Jordan Bardella, Marion Maréchal ou encore Florian Philippot, à qui vous avez adressé un message d’amitié lors de son meeting de rentrée. Quelle sera votre place ?

Nicolas Dupont-Aignan. Debout la France a annoncé depuis longtemps une liste gaulliste pour une Europe des nations et des projets concrets en juin prochain. Cette multiplication des listes Philippot, Marion Maréchal, Bardella et Debout la France me paraît être une folie. Mais le temps n’est pas encore venu à une union éventuelle avec les uns et les autres, car les projets ne sont pas connus. Le 30 septembre prochain, à Debout la France, nous arrêterons notre projet européen, car l’élection européenne n’est pas simplement un sondage sur les formations politiques. L’élection européenne doit accoucher d’un vrai débat devant les Français sur la construction européenne. Doit-on continuer avec l’Union européenne ? Comme Jordan Bardella ou Marion Maréchal, prend-on acte que l’Union européenne restera comme elle est et qu’il s’agit simplement de peser un peu plus en son sein ? Ou bien va-t-on vers le Frexit, comme Florian Philippot ? Ou encore, faut-il trouver une voie intermédiaire dans la renégociation des traités pour garder le meilleur de l’Europe et retrouver notre liberté nationale ?

Je voudrais qu’on revienne aux fondamentaux : les projets. Et lorsqu’on connaîtra les projets de chaque parti, on verra s’il y a des possibilités d’entente. Il s'agit d'éviter une multiplication de listes qui ne serait pas comprise par nos électeurs.

J. F. Comme Florian Philippot, défendrez-vous l’idée d’un Frexit ?

N. D.-A. Le Frexit fait peur aux Français. Pour moi, il n’est qu’un moyen parmi d’autres. Avec Florian Philippot, je partage un constat : l’Union européenne est devenue une prison et un danger. Mais faire uniquement campagne sur le Frexit serait une erreur, car c’est une procédure, un divorce. Or, on n’est jamais enthousiaste avec un divorce. On propose aux Français qu’il y ait une articulation entre la nation et une évidente coopération européenne. Je trouve qu’on est dans des caricatures : soit le Frexit brut, soit la conversion à l’Union européenne du RN et de Reconquête.

Entre l’acceptation des règles de l’Union européenne, qui pour moi est une folie, et, de l’autre côté, le Frexit, il faut trouver un compromis. Les Français sont européens mais détestent l’Union européenne. Je pense qu’on doit en finir avec l’Union européenne mais qu’on doit être capable de poser une architecture nouvelle. C’est tout l’enjeu de notre journée du 30 septembre. Avant de faire cette course de petits chevaux, je pense qu’il est nécessaire de préciser les projets. Je veux comprendre ceux des autres. Est-ce que Jordan Bardella rompt avec le projet de Marine Le Pen ? Est-ce que Marion Maréchal n’a qu’un projet civilisationnel sur l’immigration ? Est-ce que Florian Philippot, au-delà du Frexit, est prêt à construire quelque chose pour remplacer l’Union européenne ? Ce sont de vraies questions qui intéressent les gens.

Quand les projets seront connus, j’espère que le temps du bon sens viendra pour se rassembler au maximum et éviter la dispersion des voix.

J. F. Craignez-vous que cette dispersion des voix, si elle a lieu, ne favorise la NUPES et lui permette d’arriver en tête ?

N. D.-A. Je crains surtout une abstention massive si chaque parti et chaque leader fait de l’élection européenne un simple sondage de sa popularité. Je crains une désaffection complète des Français si chaque chef de parti veut que sa boutique se mesure aux autres. Je crains un conflit fratricide entre Marion Maréchal et Jordan Bardella. Je ne veux pas, non plus, de conflit avec Florian Philippot. Donc, ma ligne est très claire : aujourd’hui, Debout la France a une liste. Nous préparons un projet sérieux. Quand ce projet sera élaboré, nous regarderons les autres projets et nous verrons si nos partenaires ont envie de travailler pour éviter la dispersion des voix.

Jordan Florentin
Jordan Florentin
Journaliste à BV

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Il est indispensable que tous les patriotes s’unissent pour proposer un projet commun susceptible de leur donner une majorité qui pourra enfin restaurer l’UE ou en sortir. La proposition de Nicolas Dupont-Aignan est empreinte de sagesse et peut faire espérer une évolution positive d’une situation devenue insupportable et délétère.

  2. Je suis d’accord avec NDA. Trop d’égos chez RN et Reconquête et pas assez d’infos pragmatiques sur leurs projets européens. Quand le lièvre part trop tôt il risque d’être tenté de musarder dans les champs et d’oublier l’heure. L’alliance entre les partis de droite sera indispensable sous peine de conforter l’UE façon Maastricht et Van Der Leyen. C’est ce que j’attends de la droite

  3. Remarquable analyse. Il devrait être évident pour toutes les nuances de la droite que seule l’union peut apporter une réponse aux souhaits de la grande majorité des Français. Mais les ukases des différentes factions, vis à vis du RN et de Reconquête (qui ne sont pas non plus irréprochables de ce point de vue) montrent que nous avons pour le moment en face de nous « la droite la plus bête du monde ». L’urgence est de recouvrer notre maîtrise du devenir de notre pays. De Reconquête à LR en passant par toutes les nuances, ce devrait être la première priorité.

    • Comment ne pas être d’accord avec ces sages propos ? Si les partis concernés veulent être crédibles, un débat franc et motivé permettra leur succès. Si ce n’est pas possible, il en sera fini de la confiance des électeurs qui n’attendent que la fumée blanche annonçant la signature de l’accord prôné par les chefs de partis et réclamé par les électeurs.

  4. « Je crains surtout une abstention massive si chaque parti et chaque leader fait de l’élection européenne un simple sondage de sa popularité.  » ça ressemble à un procès d’intention et c’est pas très gentil pour les Français et les électeurs qui se laisseraient enfermer dans un tel manège. Mais ça laisserait aussi entendre que chaque parti, chaque tête de liste serait incapable de faire passer auprès des Français une vision de la politique Française à l’endroit de l’UE et des questions européennes. C’est un propos « politicien ». C’est dommage parce que NDA est un homme sympathique.

  5. Et si l’Europe ce n’était pas AVANT TOUT une civilisation ? Judéo-chrétienne gréco-latine. Avant d’être un machin technique, bureaucratique, économique ? Ce qui est menancé en Europe c’est d’abord sa civilisation !

  6. La question de l’UE peut se résoudre autour de 2 axes
    1/La primauté du Droit Français sur le Droit européen. Certains états n’ont ratifiés le traité d’Union qu’à cette condition. La cour constitutionnelle allemende ne se gêne pas pour condamner la BCE. La France doit faire pareil. REFERENDUM. Nous reprenons notre souveraineté juridique.
    2/Nous restaurons notre puissance. Rien de fondamental ne changera, que nous soyons en dedans ou en dehors de l’UE, si nous continuons à nous affaiblir (financièrement, économiquement, politiquement, moralement…) Nous disons ZUT quand il faut dire ZUT : Agriculture, énergie, etc… en cessant d’être les cocus du couple franco-allemand, en cessant de jouer les bons élèves qui veulent faire mieux que mieux en bloquant des traités de libre échange en imposant notre politique industrielle. Et si Bruxelles n’est pas content … qu’ils viennent nous chercher, comme dit l’autre !

  7. Les propos de monsieur Nicolas Dupont-Aignan sont tintés de bon-sens et nous voyons en lui une personne de conviction. Mais, tous les souverainistes et tout au moins tous ceux qui ne veulent plus de cette union-Européenne technocratique, mondialisée, aux ordres de l’oligarchie et contraire aux intérêts des peuples autochtones doivent s’unir et mettre de côté leurs partis. La situation en France et en Europe est trop grave pour laisser les rennes de l’union-Européenne à ceux qui nous détruisent.

  8. Pour une fois, NDA a raison. Ce qu’il dit est vrai pour les Européennes, mais aussi pour la Présidentielle. Il va bien falloir qu’ils comprennent, tous ces messieurs les politiciens, qu’éparpiller les voix est totalement contraire à la logique, et même, égoïstement parlant, à leur propre intérêt. Par contre, NDA devrait intégrer F.X Bellamy dans son raisonnement. Lui aussi partage totalement les positions concernant les dysfonctionnements de l’Europe, et durant la précédente mandature, il est personnellement parvenu à modifier ou bloquer des projets de loi importants. Quoi qu’il en soit, il va bien falloir que tous ces gens s’entendent, dans leur propre intérêt comme dans celui des Français.

    • Pour les Européennes, les élections sont à un tour et à la proportionnelle. Donc pas de problème d’éparpillement des voix, tous les candidats qui feront au moins 5 % des voix seront représentés, donc que chacun vote suivant ses convictions et ses préférences. Par contre pour les Européennes et les Législatives, l’union des Patriotes et souverainistes, enfin de tous ceux qui veulent que a France reste la France est absolument nécessaire, sinon nous aurons le clone de Macron.

    • C’est précisément le bon sens qui devrait les mener à l’INDISPENSABLE UNION !!! ( hors de laquelle il n ‘est point de victoire possible…)

      • Pour les Européennes, ça ne change pas grand chose, Mais pour les Présidentielles et les Législatives, je suis de votre avis, sans union il n’y aura pas de victoire.

  9. Vous allez voir ce que vous allez voir! La France continuera t-elle à avoir la droite la plus bête du monde? À suivre!

  10. Une seule solution pour remonter de si bas que nous sommes arrivés, L’UNION DES DROITES ! Mettez vos égos de côté Mesdames et Messieurs chefs de partis, privilégiez la gagne, merci.

  11. « À quelques mois des élections européennes, plusieurs candidats sont déjà déclarés, à droite : Jordan Bardella pour le RN, Marion Maréchal pour Reconquête, mais aussi Florian Philippot, qui plaide pour une liste souverainiste anti-système.  » Avec cette phrase l’article part sur des bases erronées. Les personnalités citées ne sont pas candidates. Elles sont avant tout têtes de listes dans un scrutin à la proportionnel. La proportionnelle pour décider et gouverner a des bien des inconvénients. Mais dans une confrontation d’idées, de styles, de nuances elle n’a que des avantages. Voir positivement la pluralité des expressions de la Droite dans cette élection, c’est deux choses : 1/le resultat global de la vraie droite opposée à Macron, opposée à VDL et à toutes les chimères européistes, mondialistes, woke, islamophiles etc (le référendum de Marion) 2/mesurer les poids respectifs des composantes de la Droite après justement qu’elles aient pu exposer leurs styles, leurs personnalités, leurs analyses et leurs propositions, notamment dans des domaines essentiels en lien avec les questions européennes et internationales. Ce dernier résultat aurait l’avantage d’instaurer entre ces différentes composantes des relations basées sur des éléments objectifs et permettrait de nouer des alliances et de bâtir des programmes communs en correspondances avec les suffrages exprimés.
    Mieux que de se précipiter sur les chicayas. Non ?

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