[RÉACTION] « La limitation du droit du sol votée mardi n’aura aucun effet… »

Alain Destexhe est l'auteur de Mayotte, comment l'immigration détruit une société.
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De nationalité belge, Alain Destexhe est sénateur honoraire, médecin, ancien secrétaire général de Médecins sans frontières et essayiste. Il a exercé, durant plusieurs mois, la médecine à Mayotte, et de cette expérience, il a tiré un livre court, direct, factuel, décapant et indispensable pour qui veut comprendre le désastre sécuritaire, sanitaire, éducatif qui nuit au premier chef aux Mahorais mais qui - Mayotte étant un département français - dépasse largement les frontières de l'archipel : Mayotte, comment l’immigration détruit une société (Texquis).

Mardi, un texte durcissant le droit du sol à Mayotte a été voté. Il stipule que pour devenir français à sa majorité, un enfant né dans l’archipel devra justifier de la régularité de la résidence de ses deux parents depuis au moins un an avant sa naissance. Alain Destexhe est formel : ce texte ne parviendra pas à couper cette nouvelle route de l'immigration vers l'Europe qu'est devenu l'archipel. Il explique pourquoi.

 

Gabrielle Cluzel. Pensez-vous que le texte adopté mardi, sous les cris d’orfraie de la gauche, durcissant le droit du sol à Mayotte, est de nature à sauver l’archipel ?

Alain Destexhe. Certainement pas. Le droit du sol n’est qu’une petite partie du problème, à Mayotte. Les facteurs qui attirent d’abord sur l’île sont la quasi-gratuité des soins, la scolarité gratuite pour les enfants jusqu’à 18 ans et un niveau de vie qui, dans tous les cas, est largement supérieur à celui des Comores ou de Madagascar. Pour agir véritablement, il faut intercepter les migrants en mer et les renvoyer directement aux Comores sans les trier sur terre. Il faudrait aussi lutter contre les mariages de complaisance et les bébés-papiers. La limitation du droit du sol n'aura aucun effet, à court terme, et peut-être pas, non plus, à moyen ou long terme.

 

G. C. La députée Estelle Youssouffa, pourtant vent debout, ces derniers mois, contre l’immigration clandestine, a déposé un projet de loi visant à étendre l’AME à Mayotte. Comment l’expliquez-vous ?

A. D. Je comprends la volonté d’Estelle Youssouffa, qui défend son île, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Il faudrait, en tout cas, certainement connaître le montant financier qui est consacré aux clandestins dans le domaine de la santé, montant que je n'ai pas réussi à trouver pour mon livre. En pratique, l'AME crée quand même une forme de droit et ne pourrait qu’augmenter l’afflux de clandestins vers Mayotte. De plus, aujourd’hui, une consultation par un clandestin lui coûte dix euros (gratuit pour les enfants et les femmes enceintes). L’extension de l’AME risque de supprimer toute limite à la consommation des soins par des clandestins dont certains ne sont pas sans moyens. Enfin, à Mayotte, on parle de cent à deux cent mille clandestins, alors que l'AME concerne, aujourd'hui, environ quatre cent mille personnes. La France est-elle disposée à augmenter le budget de l'AME de 25 à 50 % ?

 

G. C. Vous dénoncez le fait que cette limitation ne s’appliquera pas ou peu aux familles monoparentales. En quoi, selon vous, est-ce contre-productif ?

A. D. Les illégaux adaptent leur stratégie en fonction de la législation. Si la limitation du droit du sol ne s’applique pas aux mères seules (sans conjoint), eh bien, il n’y aura plus que des mères « célibataires » qui se présenteront dans les maternités et dans les services de l'état civil.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

8 commentaires

  1. Mayotte département français , l’erreur est monumentale , comme si on avait pas assez de problèmes avec l’immigration que l’on refuse de limiter , et nos multiples points ou l’on peut rentrer en France sur la planète .
    Et là il s’agit d’une immigration musulmane , comme si on avait pas assez de problèmes avec les musulmans .

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