[Réaction] « Les policiers ne sont pas au-dessus des lois, ni au-dessous »

Nous vivons une crise institutionnelle sans précédent sous la Ve République.
Michael Taverne

Député RN du Nord et ancien policier, Michaël Taverne est revenu pour BV sur la grave fronde qui agite la police et son bras de fer contre la justice.

Marc Eynaud. Depuis trois jours, des centaines de policiers à travers la France s'indignent de la détention provisoire de l’un des leurs. Certains se mettent en arrêt maladie, sans être blâmés par la hiérarchie. Comprenez-vous cette position ?

Mickaël Taverne. Nous vivons une crise institutionnelle sans précédent sous la Ve République. Aujourd’hui, nous avons la police contre la Justice et la Justice contre la police. Malheureusement, Emmanuel Macron, qui est le garant des institutions, en est le principal responsable. Je rappelle que hormis ses propos sur Brut où il parlait de violences policières, de contrôle au faciès, il a piétiné la présomption d’innocence du policier de Nanterre quand il a expliqué que ce geste était « inexcusable et inexplicable ». Aujourd’hui, malheureusement, les policiers sont systématiquement présumés coupables.

La présomption d’innocence existe pour tous les citoyens, mais visiblement pas pour les policiers. Je dénonce les propos des gens de gauche qui nous donnent des leçons de morale en disant que la prison doit être l’exception. En revanche, en ce qui concerne les forces de l’ordre, ils parlent de policiers factieux, disent que la police tue. Ils sont anti-flic et pour eux, c’est la règle générale qu’un policier soit en détention. Je ne veux pas polémiquer sur une décision de justice, je dis simplement que les policiers sont confrontés à une violence inédite dans notre pays. On leur tire dessus, on leur lance des boules de pétanque, des mortiers. Les policiers essayent de se défendre du mieux possible.

Mettre un policier en détention est un mauvais signal. Les policiers ne sont pas au-dessus des lois ni au-dessous. C’est un mauvais message adressé aux policiers. Aujourd’hui, il faut les soutenir. Ce policier a peut-être été violent, il devra s’en expliquer. Une peine alternative aurait été plus judicieuse, selon moi, comme une assignation à résidence.

M. E. Le problème est-il davantage politique que judiciaire ?

M. T. Sous la crise institutionnelle se trouve également une crise politique. Le président de la République a piétiné la présomption d’innocence concernant les forces de l'ordre. Ce policier était plutôt bien noté par la hiérarchie, n’avait jamais fait parler de lui. Il a tiré et il y aura une explication à cela, mais quand on entend le chef de l’État dire que c’est inexplicable et inexcusable, ce n’est pas tolérable. Aujourd’hui, tout cela peut dériver vers une crise politique. En effet, d’après ce que dit le journal Le Parisien, l’interview de l’IGPN, a été validée par le ministère de l’Intérieur. Je pense que nous allons donc vers une crise politique, car lorsqu’on voit les policiers contester et, pour certains, se mettre en arrêt maladie, c’est que la démocratie va très mal.

M. E. Beaucoup de policiers soutiennent leur collègues. Que cela révèle-t-il de l’état de la police ?

M. T. Je suis entré dans la police, il y a exactement 23 ans, en mars 2000. À ce moment-là, les anciens me disaient : « Attention, on touche le fond ! » En 2005 : « Attention, on touche vraiment le fond ! ». En 2010 : « Attention, on va arriver au fond ! » Et aujourd’hui, en 2023, on y est. Un enchaînement de mesures n’a pas été pris dans l’intérêt des policiers. On les met tout le temps sur le devant de la scène, on les accuse de violences, leurs conditions de travail sont de plus en plus difficiles. Ils n’ont pas de reconnaissance dans leur travail. Systématiquement, lorsqu’ils interpellent, la plupart du temps, les voyous sont relâchés. Il y a eu des violences en 2005, puis en 2007 à Villiers-le-Bel, puis aux Mureaux. Il y a eu l’épisode des gilets jaunes, de la réforme des retraites, des émeutes... La police nationale est le dernier rempart. Sans les policiers, lors de ces événements, il y aurait eu une insurrection totale.

Aujourd’hui, il faut leur faire confiance, les policiers sont des hommes et des femmes professionnels. S’ils utilisent une arme, c’est pour protéger leur vie et celle des autres. Aujourd’hui, l’institution policière vit une situation difficile : les policiers ont le moral au plus bas, en berne. Lors de ma première question au gouvernement, il y a un an, j’ai interpellé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en lui demandant de réarmer moralement les policiers? C’est ce que dit Marine Le Pen depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, il faut être derrière nos policiers. Ils devraient avoir un statut particulier. Il y a une enquête, le policier a utilisé un moyen dans le cadre de ses fonctions. La plupart des policiers n'entrent pas dans le détail de l’affaire de Nanterre, mais ils ne comprennent pas qu’on puisse mettre un policier en prison alors que des voyous condamnés vingt ou trente fois ne font pas de prison ferme. Aujourd’hui, il y a deux poids deux mesures.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. La triste réalité est devant nous électeurs de tous les partis. Un président qui ne défend pas sa police mais plutôt la racaille, tous ses émeutiers en liberté. La France n’a plus de patron ! A force d’élire des gamins bourgeois, la Nation n’a plus de défenseurs. Regardons L’Algérie quand la police corrige les provocateurs, les petites racailles ne trainent pas longtemps dans les rues. La police Algérienne a tous les droits et elle est protégée par leur président. Quelle leçon pour Macron, la honte de la France. Ce bordel en France incombe tous les électrices et électeurs idéologues intellectuels, enfants bourgeois.

  2. Bien sûr qu’il faut respecter la police, et inversement la police doit respecter le peuple. Il n’est pourtant pas si lointain, le temps des contrôles abusifs des honteuses autorisations de sortie pendant la crise covid, et plus près de nous, le 13 mai dernier le non respect du drapeau par la police face à d’anciens militaires qui eux se voulaient pacifique.

  3. La loi , la loi , tout commence par une certaine justice qui actuellement ne connait que ça . Je me souviens que dans les années 1960 les juges tenaient compte de la morale et d’ une certaine logique .
    En parlant de logique ,et de la séparation des pouvoirs ,que fait donc une magistrate à la direction de l’ IGPN ?
    Anciennement appelée IGS , ce service respectueux , plus de la morale et de l’ honneur , était constitué par des policiers ayant servi sur la voie publique qui connaissaient ce qu’ est la peur et certaines réactions ,certains reflexes que peut avoir un policier pas toujours compréhensibles du public . Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? j’ en doute .

  4. Le Policier a toujours tort et c’est « insupportable et inexplicable ». Qu’ils n’aillent pas, cependant, SE mettre en grève même (avec la complicité de Médecins hors les clous eux aussi ) car ils y perdront toute autorité, tout soutien et toute légitimité . Se faire justice soi-même reste un interdit majeur .

  5. Pas grave si les policiers sont mis en arrêt maladie pour burnut et/ou démissionnent. On est en train d’embaucher larga manu des richesses, sous-formées (accessoirement déformées ?), pour assurer la sécurité des Jeux olympiques. Hidalgo pourrait utiliser intelligemment ses surmulots et s’empresser de les former à la sécurité ? En tout cas, si la situation ne s’améliore pas urgemment, les JO de 2024 dans la ville lumière risquent d’être hyper-sportifs, mais pas forcément pour les athlètes ….

    • Franchement, j’en arrive à espérer qu’on ait un « couac » énorme lors des Jeux 2024 de la part de la faune délinquante, qui nous fiche la honte aux yeux du monde; ce qui n’est pas plus grave que ça, on s’en remettrait, mais pas nos instances dirigeantes, obligées cette fois de se remettre sérieusement en cause!

    • La décision la plus raisonnable eût été d’annuler les JO à Paris qui n’ont plus rien de sportif mais une confrontation politique. Nous allons encore faire des étincelles, manière comme autre de parler de la France. Mais je suis une sale complotiste! Ben voyons!

  6. Nul n’est au-dessus des lois !! Sauf … sauf les juges. Eux ne répondent JAMAIS de leurs erreurs, pourtant nombreuses et variées. Les seules « sanctions » qui leur sont signifiées sont  » des promotions ». Le jour où, dans ce pays on jugera les juges, là plus personne ne sera au-dessus des lois.

  7. J’apporte mon soutien total aux policiers. Marre de cette société ou les voyous font la loi, ou des politiciens verreux comme la NUPES appellent à la désobéissance. Qu’ils se méfient ils pourraient eux aussi finir la tête au bout d’une pique. Le peuple aspira a la sécurité et non au chaos qu’ils nous promettent.

  8. Bien évidement les Policiers comme tout le monde ne sont pas au dessus des lois ni au dessous surtout pas mais il semble que pour la justice il y a de fortes exceptions qui donnent à réfléchir. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements… » Monsieur Jean de la Fontaine n’est pas mort et on peux remplacer aisément quelques mots par d’autre.

  9. S’ils ne sont ni au-dessus ni au-dessous des lois…
    Leur ministre de tutelle non plus.
    Le ministre de la justice encore moins.
    Et celui qui squatte l’Élysée normalement pas du tout.
    C’est bien là qu’est le problème.

  10. Total soutien à nos policiers qui sont notre dernier rempart contre les racailles et sauvages car la Justice ne nous protège plus

  11. Les policiers et policières sont des êtres humains comme tout un chacun avec leurs forces et leurs faiblesses. Dans ce cas précis aucun cadeau pour ce policier: les gueulards habituels n’évoquent aucune circonstances atténuantes ( psychiatrie, pauvreté, fatigue,….) Tout mon soutien à la Police qui est notre dernier rempart face à la barbarie.

  12. On enferme nos policiers et on lâche les voyous , allez comprendre . Ils ne sont pas toujours défendables mais aucun de nous ne voudraient subir ce qu’ils subissent depuis trop longtemps . Lâché par Macron et sa clique , démunis et désarmés face aux voyous , trop souvent pris pour cibles dans ces banlieues , trahis par la justice qui n’applique pas les peines , je comprends la révolte qui gronde en eux . La faute aux élus depuis de nombreuses années qui ont laissé le pouvoir aux racailles , qui par peur ne sévissent plus , qui sont incapables de maintenir et faire respecter les lois de la république .

    • Oui, peut on y voir la peur que les forces de l’ordre font à certaines personnes de l’extrême gauche tel celui qui expliquait avec véhémence à la police venus le perquisitionner que la république c’est lui mais qui un jour non seulement peux les sauver mais aussi les incarcérer après bien des sujets qu’ils nous distillent au quotidiens. Évidement les forces de l’ordre sont probablement pas leur électorat.

  13. Parsonne ne doit être au-dessus des lois, à commencer par le président de la république, et les ministres qui sont protégés par des statut iniques ou les parlementaires, ni même les magistrats, car « indépendance » ne veut pas dire irresponsabilité. Le jour ou un tel régime sera appliqué je pourrais enfin dire: « la Justice, que j’ai servi toute une carrière, existe » !

    • Je pense comme vous. Il devrait d’ailleurs y avoir une IGM : inspection générale de la magistrature, qui le cas échéant diligenterait des inspections dans le cas ou un magistrat prendrait, par exemple, une décision qui entrenerait des faits graves, comme dernièrement cette permission d’un détenu dangereux qui a eu de graves conséquences.

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