[RÉACTION] « Pour Noël, il n’est pas interdit d’invoquer l’Espérance » (3/3)
Aveuglement, négligences, laxisme, idéologie... Après la journée de deuil national, Jean-Jacques Brot, qui fut préfet de Mayotte de 2002 à 2004, analyse en profondeur une situation qu'il connaît parfaitement. Dans un grand entretien exclusif à Boulevard Voltaire, le haut fonctionnaire dénonce sans langue de bois les erreurs commises par nos politiques. Aurait-on pu éviter les conséquences désastreuses de ce cyclone ? Les réponses de Jean-Jacques Brot.
(Suite et fin de l'entretien publié mardi)
Iris Bridier. À la suite de cette dévastation, vous semble-t-il possible de rebâtir l’île, son avenir, son habitat, de manière solide ? Et à quelles conditions ?
Jean-Jacques Brot. On ne peut en effet envisager de rebâtir l'archipel que si des garanties sont données à toutes les populations qui se trouvent, de fait, actuellement présentes et souffrantes.
C'est pourquoi la première priorité me semble relever de la diplomatie : en renversant les pratiques et en proposant aux Comores une coopération bilatérale massive, financée, pluriannuelle et loyale. La contrepartie serait, bien entendu, un engagement de retour des citoyens comoriens et d'entrave à l'émigration vers Mayotte. Il s'agit bien de respecter le choix des Mahorais et non pas de ressusciter le territoire d'outre-mer précédent comme le funeste projet de « communauté des archipels » concocté en 2018 l'envisageait.
Il s'agit, aussi, de garantir à nos compatriotes le respect concret de cette souveraineté française de l'archipel, de leurs choix démocratiques et de leur singularité. Cela passe par un réengagement important des services de l'État, sans lequel on ne voit pas comment le conseil départemental, les communes et autres structures pourraient se sortir de ce drame. Je reformule ce que j'avais, oralement, proposé au Premier ministre en 2018 : pourquoi ne pas suspendre la « départementalisation » pour quelques années afin de donner le temps, à la solidarité nationale, de produire ses effets et de remettre les institutions de Mayotte, et son économie, sur les rails ?
Sur le plan pratique et opérationnel, il y a, là aussi, pour les entreprises françaises, un formidable champ d'innovation pour des logements adaptés et décents, pour la résolution de la question de l'eau, la protection du lagon, la relance de l'agriculture, etc. Mais elles n'iront que si l'État montre un chemin de sécurité, de stabilité et de loyauté.
Au fond, je crois que l'on peut être assez optimiste : l'imagination et le savoir-faire des entreprises, la prodigieuse fraternité des Français, déjà à l'œuvre, les ressorts de la population qui est à Mayotte, tout cela porte à être confiant.
I. B. L'État saura-t-il enfin comprendre cette singulière réalité ?
J.-J. B. C'est la grande question ! Les responsables de l'État sauront-ils aimer et respecter les Mahorais ? Comprendront-ils que leur premier devoir, avant de se jeter dans les délices de la politique partisane, demeure de parler franchement avec les dirigeants comoriens et de faire du respect des frontières de notre pays une priorité ? Et, surtout, l'État sera-t-il restauré et respecté dans ses capacités déconcentrées d'action locale, après des années de dénigrement et de mépris ?
La reconstruction de Mayotte pose ainsi des questions fondamentales. La France peut-elle détourner un peu sa diplomatie des obsessions européennes pour défendre ses compatriotes du canal du Mozambique ? Peut-elle même défendre ses outre-mer, à l'heure d'un emballement de la puissance de la Commission ? Et le gouvernement français, à supposer qu'il y en ait un qui en en soit un, saura-t-il redonner confiance à ses fonctionnaires et libérer leur passion pour le service de la France ? Chido constitue un drame épouvantable qui pourrait ainsi fournir une occasion de dépassement des querelles et de renaissance de Mayotte. En ces jours de Noël, il n'est pas interdit d'invoquer l'Espérance !
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Un commentaire
Donc, je résume: 1/ « Engagement de l’état », c’est à dire lois anti immigration, cohérence avec le statut départemental purement et entièrement français de l’île, infrastructures décentes (école, hôpitaux, service de l’eau – pourquoi pas usine de désalinisation dans un pays où l’eau est un problème?) 2/ Investissement financier: détournement complet de l’aide inutile en milliards au très pourri et corrompu Ukraine pour servir la France en priorité à la même hauteur financière. Ai-je bien compris? J’ai bon?