Réconcilier les élites et le peuple ? Gérald Darmanin a une (étrange) solution
3 minutes de lecture
Eurêka ! Gérald Darmanin a trouvé. Il sait enfin comment réconcilier le peuple et les élites : dans un entretien accordé au JDD, il explique, visiblement content de lui : il faut tomber la cravate ! Comme il l’a fait, devant les caméras, à la sortie de l’Élysée, après la démission du gouvernement. Selon lui, « le bout de tissu est devenu pour beaucoup de Français le symbole d’une élite à laquelle ils ne s’identifient plus, au point parfois de la haïr » : à Tourcoing, des gens lui ont souvent reproché son « costume-cravate » : « ne plus en mettre quotidiennement est une façon de montrer que j’ai compris le message de ceux qui ne veulent pas que nous soyons au-dessus d’eux mais avec eux », conclut-il.
Petit marcel
Un Gérald Darmanin en petit marcel verrait son capital sympathie monter en flèche et serait d'un coup plus à même de régler les problèmes des Français... Qui peut croire une minute cette fable ? Et comment expliquer qu'a contrario, Jordan Bardella et sa quasi inamovible cravate rencontrent un tel succès auprès des milieux les plus modestes ?
L’idée qu’en se grimant en peuple, on fera oublier à bon compte le surplomb, la distance sociale et les privilèges est vieille comme le monde, ou en tout cas au moins comme Marie-Antoinette déguisée en bergère. On connaît la fin.
Jean-Luc Mélenchon est-il une source d’inspiration, pour Gérald Darmanin ? On se souvient que pour leur premier jour à l’Assemblée nationale, en 2017, Jean-Luc Mélenchon et ses « insoumis » étaient arrivés sans cravate. C’était leur « premier coup d’éclat », avait clamé Le HuffPost, rapportant ces propos bravaches du président de groupe : « Il y avait des sans-culottes, il y aura maintenant des sans-cravates. »
C’était le signe, disaient-ils, que « le peuple [rentrait] à l’Assemblée ». Tu parles ! Cultiver le style débraillé n’est pas la marque du prolo mais le snobisme du bobo. On pourrait dire son luxe, car si l’étudiant militant aux Soulèvements de la Terre peut, sans dommage, traîner hirsute et dépenaillé sur le bitume de La Rochelle, l’apprenti pâtissier, frais émoulu de son CAP, ne peut prendre les mêmes privautés dans l'hôtel où il est employé. Sa cravate Auchan coûte une misère, en tout cas infiniment moins cher que bien des accessoires prisés par les antifas. Et dans les restaurants étoilés, autour de bandes de copains bruyantes et débraillées façon Les Petits Mouchoirs, s’activent discrètement, aux petits soins, la serviette sur l’avant-bras, des serveurs en costume-cravate. Parce que ce n'est pas une marque de supériorité mais de respect.
La chemise de BHL
Alexis Corbière et Jean-Luc Mélenchon, encore amis alors, fustigeaient ce qu’ils appelaient un « code vestimentaire ». Qui s’appelle aussi la politesse et commande de ne pas se rendre, par exemple, à l’enterrement de sa grand-mère en tongs et caleçon hawaïen ou au mariage de sa belle-sœur en bleu de travail… et à l’Élysée vêtu comme si l'on partait jouer au tennis. Faut-il que Gérald Darmanin ait trop regardé Les Tuche pour imaginer le peuple aussi hermétique à toute notion d’éducation ? Que voulait donc dire le mot « endimanché » sinon, pour les milieux populaires, s’habiller autrement qu’à l’ordinaire pour les grandes occasions ? Et penser que cela le rendra populaire, dans tous les sens du mot, est une grave erreur. Le bermuda que portait Bruno Le Maire pour aller voter au premier tour des législatives a été très critiqué, comme une marque de mépris pour le suffrage universel, et il y a un peu plus de vingt ans, le 11 août 2003, alors que le bilan de la canicule s’alourdissait tragiquement, quand le ministre de la Santé Jean-François Mattei est apparu, au journal de 20 heures de TF1, depuis sa maison du Var, en polo noir, le contraste entre la décontraction de sa tenue et la gravité de la situation avait profondément choqué. Est-ce avec la chemise ouverte de BHL que le ministre de l’Intérieur démissionnaire ira apporter son soutien aux forces de l’ordre blessées et ses condoléances aux familles de victimes ?
En fait de cravate, le « peuple », comme il dit, attend surtout du ministre de l'Intérieur qu'il cravate les délinquants. Un point, c’est tout !
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
L'intervention média
Lire la vidéo
56 commentaires
Oui la façons de se vêtir est la manière de respecter autrui tout simplement et en plus de monter qui on est.
Décidément ils ne comprennent rien : ils croient singer le peuple mais c’est encore une forme de mépris
… « à Tourcoing, des gens lui ont souvent reproché son costume-cravate »… Et pour cause !
À Tourcoing la mode est plutôt importée de contrées où la cravate n’existe pas, mais où pour certains c’est la djellaba, pour les plus jeunes le jogging, la capuche et les baskets, et la burka, si vous voyez ce que je veux dire…
D’ailleurs, il faudrait demander à Darmanin d’adopter les tenues importées par ses administrés s’il veut continuer à exister. Au moins à Tourcoing.
Sacré Darmanin, « le meilleur élève » selon Sarko, ben on a vu, merci, on a connu mieux comme « meilleur élève ».
Darmanin devrait imiter Le Maire, et partir dans le privé en Suisse ou ailleurs, histoire d’assainir l’atmosphère.
Y’a des gens comme çà, moins on les voit, mieux on se porte !
En effet, quel mépris du peuple ! Mais ils nous prennent pour qui ! Je suis de famille modeste, mes parents, grands-parents mettaient un point d’honneur de bien s’habiller avec leurs petits chapeaux les dimanches ou lors de fêtes, de réception d’amis etc…, de parer leur table de la plus belle vaisselle etc… tout cela dans la simplicité et non dans le snobisme, c’était se respecter et respecter autrui ! Ces bobos méprisants qui se comportent à l’AN comme des voyous sont un contre-exemple ! l’ouvrier savait, sait transmettre des valeurs de dignité, de respect à leurs enfants ! Cette société va vraiment à vau-l’eau !
La décadence dans toute sa splendeur. Je ne vais pas à l’enterrement dans la même tenue qu’à la plage.
Hier dans un article, J’ai vu une photo de Monsieur Darmanin remettre une médaille à un policier en chemise sans cravate les manches retroussées. Quel mépris pour le policier qui, lui, était en uniforme !!!
Quelle belle conclusion Gabrielle !
Oui, la cravate est un signe de respect, tout comme la main du président dans la poche est un signe de mépris !
C’est face à ses actes que le politique est reconnu et ces accoutrements et postures « decontractés » font plutôt paraître « léger », voir insolent…
C’est dingue la vitesse à laquelle ils ont des solutions quand ils ne sont plus au pouvoir, et encore plus véloce celle qu’ils ont à les oublier quand ils reviennent au manettes.
Avec ou sans cravate on ne devient pas camarade quand on a la haine viscérale et le verbe haut . Les insoumis ont semé la discorde car ils n’acceptent pas la défaite tout comme l’avatar Macron . Puisse la nouvelle droite ne pas faire ce triste spectacle de se battre comme des chiffonniers avec des injures.il faut faire et laisser braire !!!
Bien dit, Gabrielle ! Que Gérald Darmanin cravate délinquants et racailles en tout genre, applique les OQTF, et plus vite que ça, hein… au lieu de nous prendre pour des billes ! Avec ou sans cravate, GD ne sera jamais proche du peuple — du menu peuple, doit-il penser au fond de lui — jamais proche de la France ni des Français, et encore moins de ce qu’ils ressentent de cette montagne d’injustice subie par la faute, justement, de ces z’élites dont il fait partie.
La vie en société est faites de codes, c’est ce qui fait la particularité des différentes sociétés chacune ayant ses propres codes, et la cravate en fait partie. On peut être amené à rencontrer professionnellement des gens de différentes couches sociales le devoir du professionnel c’est de ne choquer personne et de se mettre au niveau des gens qu’il rencontre sans oublier qui il est, alors il y a des gens qu’on rencontrera costume cravate parce que dans leur milieu c’est plutôt la norme, d’autres un blouson de cuir et un col roulé, c’est passe-partout et ça ne choque pas les personnes qu’on peut rencontrer et qui eux ont plutôt l’habitude des vêtements professionnels, pour d’autres c’est la cravate non ajustée c’est un peu plus décontracté pour les cadres de la quarantaine passée et enfin le col ouvert pour les jeunes ça passe très bien, néanmoins ce sera porté avec distinction, comme la chemise de BHL qui doit valoir pas loin d’un mois de salaire d’un smicard, mais avec cet accoutrement il veut faire peuple. La manière dont on est vêtu c’est très important pour faire passer des messages, des conseils, des enseignements. Une anecdote je cherchais un collaborateur pouvant recevoir des clients, dans un cabinet de profession libérale, u jeune se présente en Marcel, jeans douteux, basquets alors je lui demande s’il vient pour la place de déménageur et je lui explique que si j’étais patron d’une entreprise de déménagement je ne prendrais pas une personne venant se présenter en costume cravate. Darmanin n’a rien inventé et je ne suis même pas sur que les gens attendent d’un ancien ministre tant de décontraction, c’est vrai qu’avec le gouvernement de Macron les ministres si on en juge aux résultats sont plutôt dans la décontraction. Ils veulent surtout qu’un ministre représente son poste et la France.
Comme toujours BRAVO Gabriel CLUZEL : les Français ne demandent qu’une chose que DARMANIN cravate les délinquants !
Quand il dit » élite » il pense à qui ? . Parce qu’au niveau des élus j’ai beau chercher je n’en trouves pas . Je vois surtout des sangsues , des gens mal élevés et méprisants à l’égard du peuple , des gens qui se goinfrent , et surtout des gens qui soutiennent les voyous et ne protègent pas les honnêtes citoyens .
Allié de LFI M. Darmanin ne peut désormais qu’enlever sa cravate ! La veste elle est déjà retournée !
« Le Crocodile-à-macron » prend le peuple français pour des abrutis ! … Aucune honnêteté au point d’accuser « les hooligans anglais » ou les « kevin ET mathéo » dès que ses « protégés » sont à l’œuvre ! …
Lui aussi, le nez dans la M—, il continuera à accuser tous les autres sauf lui qui ne sera jamais responsable de quoi que ce soit ! …
Gérald Darmanin n’a rien compris.
Nous voulons des élus vêtus correctement, cravate obligatoire.
Ce que nous voulons également, c’est qu’ils soient respectueux du peuple et, SURTOUT, qu’ils n’oublient jamais que leur mission est de servir la France.