Pour reconquérir le 9.3, l’État doit s’occuper d’abord de ceux qui aiment la France

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Alors que le plan Borloo bat de l’aile avant même que le président de la République ait annoncé ce qu’il en retenait, un rapport d’évaluation de l’action de la puissance publique en Seine-Saint-Denis doit être présenté à l’Assemblée nationale, le 31 mai. Ce rapport dénonce une "République en échec" dans ce département et un traitement "inégalitaire et inadapté". Un constat qui ne contient aucune révélation, mais qui n’ose pas évoquer clairement le problème essentiel de ces quartiers.

Les habitants de Seine-Saint-Denis sont les plus pauvres de la France métropolitaine, son taux de chômage est le plus important d’Île-de-France, sa criminalité, la plus élevée. Les moyens investis par l’État sont insuffisants : il manque d’enseignants suffisamment expérimentés, de magistrats, de policiers… On pourrait ajouter les menaces de mort contre les urgentistes ou le caillassage des pompiers.

Des zones de non-droit, que l’État n’a pas empêché de s’étendre par ses renoncements successifs, des ghettos qu’il a laissés se former, un manque d’anticipation, en général. Mais aussi des quartiers où l’on cultive la haine de la France et de ses institutions, où les immigrés, de fraîche date ou plus ancienne, occupent le territoire, où l’islamisme le plus radical a trouvé un terreau propice à son expansion.

La question est moins de savoir si les banlieues sont ou non gavées d’argent public que de reconnaître que ces dépenses ont été improductives. On aura beau investir encore et encore, construire de nouveaux équipements, multiplier le nombre de fonctionnaires, tout cela restera vain – l’expérience passée l’a prouvé – si le gouvernement n’a pas la volonté de reprendre la main sur ces quartiers. En pratiquant une politique déterminée contre la délinquance, petite ou grande, les trafiquants de drogue, les islamistes : les récents attentats ont montré qu’il existait des liens entre ces catégories.

En pensant d’abord aux habitants qui n’ont pas les moyens de déménager et qui subissent la mauvaise réputation de leur ville, des pressions dans leur vie quotidienne, les regards hostiles de « jeunes » qui veulent imposer leur loi – euphémisme utilisé pour ne pas appeler par leur nom ces enfants d’immigrés qui refusent la France. En essayant de trouver une planche de salut pour ceux qui veulent s’en sortir.

Prenons l’exemple de l’enseignement. Ce n’est pas par des mesures de discrimination positive, comme les conventions d’éducation prioritaire, créées en 2001 par Richard Descoings pour entrer à Sciences Po Paris, encore moins en instituant, comme le propose Jean-Louis Borloo, une sorte d’ENA des banlieues, qu’on réduira les inégalités. Bien au contraire ! En définissant deux catégories de Français, on stigmatise à la fois les élèves des établissements d’éducation prioritaire et on les avantage par rapport aux autres.

Il faut donner aux plus méritants la possibilité de réussir leurs études et d’accéder aux filières sélectives par les mêmes voies que les autres, par les mêmes examens et concours. En permettant aux familles de déroger plus facilement à la carte scolaire et d’inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix, en développant les internats d’excellence, en créant, à l’intérieur même des collèges et lycées d’éducation prioritaire, des filières d’excellence, en pratiquant une sélection par le mérite.

Si l’État veut sauver la France d’une future « partition », selon le mot qu’aurait prononcé François Hollande, elle doit d’abord rassembler tous ceux qui, quelle que soit leur origine, sont fiers d’être français.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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