Reductio ad hitlerum : la ficelle est grosse mais sera tirée jusqu’au bout
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L’antisémitisme, ça existe, bien sûr. Pensez, par exemple, à un patron de presse en ligne, trotskiste émérite, héros de la bien-pensance islamo-gauchiste ayant pignon sur rue et accointances dans les allées du pouvoir, qui se réjouissait publiquement de l’attentat contre les athlètes israéliens aux Jeux olympiques de 1972. Il y a aussi, à droite, des antisémites. De quelque bord politique, ils sont odieux.
Une pancarte affichée lors d’une manifestation en Moselle déchaîne des torrents d’indignation outrée. Elle liste des noms propres : Attal, Attali, BHL, Buzyn, Drahi, Ferguson, Macron, Rothschild, Salomon, Schwab, Soros, Véran. Ils sont qualifiés de traîtres. La majorité de ces patronymes sont juifs. Le slogan « Mais qui ? » interpelle, assez obscur ou ambigu pour prêter à de nombreuses interprétations. Y compris les pires. Mais la judéité est-elle le seul point commun de cette liste ? Qui s’est, par exemple, posé la question de la proportion de francs-maçons, de chrétiens ou de transhumanistes dans cette liste pour faire un amalgame bien fielleux et proposer à la vindicte populaire un stéréotype de futur bouc émissaire ?
Les « vaccinolâtres » jubilent : ils exploitent à fond le filon de la reductio ad hitlerum. Si vous étiez dans la rue, samedi, contre le passe sanitaire et le vaccin obligatoire, vous êtes forcément un nostalgique des heures brunes de l’Histoire où les Juifs étaient persécutés et exterminés en Europe continentale. Le ministre de l’Intérieur demande au préfet de faire un signalement au procureur. La ficelle est grosse comme une corde, mais ils la tireront jusqu’au bout…
Gérald Darmanin ferait mieux de se taire, pourtant. Ont été exhumées de la mémoire de Twitter deux de ses interventions d’août 2014 qui pourraient, elles aussi, se révéler antisémites : « Comment les députés #PS peuvent voter la confiance à ce Gouvernement avec #Macron ministre de l’économie sans se renier ??? #Rothschild » et « "Mon ennemi c’est la finance" dit #Hollande en campagne. Macron, banquier chez Rothschild, nommé par #Hollande Président… #HouseofCards ».
Bien sûr, la liste des noms des responsables de ce délire totalitaro-sanitaire n’est pas complète : Jean Castex et Édouard Philippe y manquent, comme le Dr. Lacombe, par exemple, et sûrement des PDG de laboratoires pharmaceutiques, des lobbyistes et des fonctionnaires français ou européens. La qualification de trahison est-elle justifiée ? Il est, par exemple, possible que Ferguson se soit trompé de bonne foi dans ses modèles prédisant une apocalypse qui n’a pas eu lieu.
Il appartiendra à des juges de déterminer si cette pancarte est antisémite.
Personnellement, je ne le pense pas, mais si des arguments convaincants en ce sens – pas des cris d’orfraie – m’étaient proposés, je pourrais changer d’avis. Qu’afficher cette pancarte soit stupide est une chose, lui faire dire ce qu’elle ne dit peut-être pas pourrait, le cas échéant, relever du procès d’intention. Et passer du procès d’intention au délit d’opinion est si facile, la pente si aisée…
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