Référendum : non, non et non !

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La Constitution de 1958 était une grande jeune femme, élancée, sportive, souriante, le menton haut, le regard fièrement fixé sur l’horizon ; à 100 mots le kilo, elle pesait 64 kilos, que du muscle. Aujourd’hui, c’est devenu une vieille rombière adipeuse et bouffie, flasque et flaccide, pétrie de bourrelets ! À la même échelle de 1 kilo pour 100 mots, elle fait exploser sa balance : 108 kilos, et que du gras. Voûtée et lourdement appuyée sur sa canne – le Conseil constitutionnel –, elle n’a plus envie de regarder au loin, vers l’avenir, vers le soleil ! Le voudrait-elle, elle ne le pourrait même pas, trop occupée à scruter où elle met les pieds pour ne pas se vautrer par terre piteusement.

Et voilà que l’on veut l’engraisser à nouveau, la faire crouler sous son poids comme un trou noir, la pachydermiser ! La dondon peine à marcher et les écolos-dingos veulent encore la charger, les brutes ! Et le Président est d’accord. Selon Le Monde, Emmanuel Macron, à l’instigation des écolos d’EELV planqués sous la silhouette de 150 ectoplasmes, préparerait un référendum pour 2021 qui introduirait les notions de « biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique » dans l’article 1er de la Constitution.

Faisons cela et le Conseil constitutionnel, le gourdin sur l’épaule, tombera sur le premier péquin venu, c’est-à-dire vous ou moi. J’exagère ? Que non ! Vous voulez construire une maison, un abri de jardin, un atelier… L’histoire commence toujours avec de gros engins de chantier à chenilles acérées et godets articulés qui grattent, fouaillent et meurtrissent la terre pour installer des fondations. Qui dira, alors, le cri apeuré des Lumbricinae et des Haploxidae – des vers de terre – ou les vaines protestations des protozoaires, acteurs essentiels dans la régulation des flores bactériennes, ou encore le sort tragique des nématodes, utilisés dans la lutte biologique ? Pulvérisés, exterminés ! Je le sais : il y eu un cas semblable chez moi pour la sauvegarde du triton palmé. « Comment ? » dira votre voisin, irascible et égoïste, « et que faites-vous de la biodiversité ? » Il dénoncera votre projet devenu dangereusement anticonstitutionnel : vous serez traité de délinquant et votre permis de construire sera refusé. Le Conseil d’État suivra, évidemment, le jugement du tribunal administratif. Le Conseil constitutionnel approuvera, lui qui a été capable d’absoudre un passeur illégal d’immigrants illégaux au nom du principe de fraternité.

C’est fou, le nombre d’actes simples de la vie courante des braves gens de ce pays qui, d’un coup, tomberont sous le coup de la non-conformité à la Constitution : les trois notions mentionnées ci-dessus couvrent un champ tellement vaste que toute activité humaine pourra être dénoncée, et sanctionnée, au nom du sacro-saint principe de l’extrême écologie.

La période que nous vivons tourne le dos à l’exubérante liberté dont tout le monde rêve et qui se trouve singulièrement amochée par tout un tas de décisions pas toujours compréhensibles. Par pitié, n’en rajoutons pas ! Si ce référendum « attrape-gogos » à visées électoralistes voit le jour, il faut dire : non, non et non.

Yannik Chauvin
Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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