Réforme du contrôle technique imposée par l’Europe : haro sur les pauvres ?
Si on consulte les statistiques de la sécurité routière, on n’évoque nulle part des accidents de la circulation dus à des défaillances techniques de véhicules, alors qu’on indique toutes les causes qui se situent au-dessus de 4 %. Sans doute quelques morts sont provoquées par des freins mal entretenus, des pneus lisses ou des directions assistées faussées. Un certain nombre de voitures sont des épaves, mais souvent leurs propriétaires n’ont pas le choix : ils habitent dans la France périphérique, là où on relègue les classes défavorisées, là où les logements sont moins chers, là où les emplois sont inexistants.
Comme ils s’obstinent à travailler et à refuser de vivre avec le seul RSA, et comme les transports publics sont inexistants dans leurs zones (ils sont à peine plus performants dans les banlieues plus résidentielles), ils achètent des véhicules hors d’usage, qui ont souvent plus de vingt ans d’âge. Le contrôle technique, passé tous les deux ans, est leur hantise. Ils ont peur que leur automobile ne soit recalée et envoyée à la casse, alors qu’ils n’ont aucun moyen de s’en acheter une autre.
L’Europe va rendre ce check-up si crucial encore plus « mortel ». On passera, en mai 2018, de 124 points vérifiés à plus de 400 ! Tout sera analysé : roues, accoudoirs et appui-tête (il faudra qu’on m’explique quels accidents peuvent provoquer ces deux derniers équipements !).
Le prix va donc monter en flèche. De 55 € à 65 € actuellement, il dépassera sans doute 120 €. Or, cette augmentation, quand on est au SMIC ou, pire, à temps partiel, prendra beaucoup de travailleurs « pauvres » à la gorge. Pire : 126 défauts (un sur trois !) interdiront aux véhicules défaillants de rouler. Le conducteur aura 24 heures (pas une minute de plus) pour faire réparer sous peine d’une amende de 135 € (qu’il sera forcé de payer, puisqu’il donne nécessairement sa carte grise pour passer le contrôle).
Jusque-là régnait une certaine souplesse, mais elle sera désormais bannie. Tant pis pour celui dont le compte en banque est dans le rouge et qui a un besoin crucial de sa voiture pour gagner sa maigre pitance. Il n’avait pas à être pauvre (cette catégorie de citoyens hérisse les bien-pensants : elle vote et pense mal, produit trop de CO2, crime d’une gravité extrême selon l’idéologie bobo). Haro sur lui s’il n’est pas capable d’acheter une voiture neuve (minimum 9.000 €) car c’est sans doute le but principal de cette montée en flèche des contrôles : doper les ventes chez les concessionnaires automobiles.
Combien de vies sauvera cette mesure imposée par Bruxelles en 2018 ? 4 ? 10 ? Le contrôle actuel (qui est justifié) suffisait largement à garantir la sécurité. Si j’étais cynique, je demanderais : ce renforcement drastique préservera-t-il plus d’existences qu’il ne provoquera de suicides chez des personnes privées injustement de leur gagne-pain, mais sans doute exagéré-je. Enfin, je l’espère de tout mon cœur, sinon cela serait trop triste.
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