La réforme de la SNCF serait le début de la désagrégation de l’État

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Beaucoup, en particulier à droite, n’ont pas saisi le danger que représenterait pour notre pays un éventuel succès de Macron dans la réforme du statut des cheminots.
Si ce statut saute, c’est, dans la brèche ainsi ouverte, le statut de la fonction publique elle-même qui serait remis en cause.

Les libéraux s’en réjouiront. Ils n’ont pas saisi que cet effacement des statuts sera la porte ouverte à un recrutement massif de contractuels dont on peut d’ores et déjà prévoir les critères, au vu de l’état d’esprit qui règne dans les hautes sphères de l’État : priorité à la diversité, discrimination positive, haro sur les « mâles blancs » !

L’État français, l’État républicain, avec ses forces et ses faiblesses - et les faiblesses tiennent bien plus aux reformes hasardeuses qu’on lui a infligées depuis trente ans qu’à un vice congénital -, représente le dernier bastion d’une certaine France. Recrutés parmi les nationaux, au travers de concours qui n’ont longtemps pas laissé place à la faveur, les fonctionnaires de l’État assurent la pérennité nationale à travers les générations.

On dénigre, aujourd’hui, beaucoup le corporatisme mais c’est lui qui a fait la force de la France. Les Ponts et Chaussées ont équipé le territoire, les Mines accompagné le développement industriel, le Génie rural celui de l’agriculture ; instituteurs, postiers, gendarmes avaient d’abord le souci de faire du bon travail jusqu’à ce que des réformes destructrices ne démoralisent ces professions.

La doctrine dominante, d’inspiration anglo-saxonne, veut remplacer l’esprit de corps par un système de primes de type « pavlovien » : quelle régression que de passer d’un agent de l’État fier d’appartenir à un corps et d’être reconnu par ses pairs à un employé anonyme courant après les primes, lesquelles sont déjà, là où le système a été mis en œuvre, distribuées dans l’opacité et l’arbitraire !

Au Royaume-Uni, une gestion entièrement libéralisée est loin de faire l’unanimité : hausse incontrôlée du prix des billets, trains supprimés et réduction du personnel conduisent près de deux Britanniques sur trois à souhaiter une renationalisation complète, comme le rapportait un article de La Tribune en janvier 2017. Un rapport récent du Parlement met en cause les effets délétères, tant pour le personnel que pour les voyageurs, de la gestion, selon ces nouveaux principes, d’une filiale de la SNCF outre-Manche.

La réforme de la SNCF, comme celle qu’on veut appliquer à l’État, est la mise en œuvre des principes dogmatiques de libre concurrence qui inspirent les directives de Bruxelles, lesquelles ne tiennent aucun compte de la spécificité des pays. Peut-être même ont-elles l’ambition sournoise de détruire celle de la France, d’araser la spécificité de notre pays – pour, quelque part, l’affaiblir.

Spécificité particulièrement remarquable de notre pays : un monde rural vivant, ordonné et diversifié que des forces obscures s’attachent à normaliser, lui aussi : l’extension de la logique libérale à la SNCF conduira, n’en doutons pas, à un délaissement supplémentaire des territoires.

Face à ce libéralisme dogmatique, beaucoup d’économistes pensent que la libre concurrence intégrale n’est pas adaptée et que, dès lors qu’il n’est pas question de dédoubler les réseaux, une gestion intégrée est préférable.

Beaucoup, à droite, se targuent aujourd’hui de se dire « conservateurs » : eh bien, qu’ils le soient jusqu’au bout, qu’ils se soucient donc de conserver cette grande réussite qu’ont été nos « chemins de fer français » !

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