Réforme des études de médecine : une génération sacrifiée chez les carabins
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L'incompétence du gouvernement se niche partout, y compris dans la réforme des études médicales. On promettait monts et merveilles aux étudiants se destinant à la médecine : plus de numerus clausus mais un numerus apertus, des voies d'accès diversifiées, fin d'une sélection drastique, possibilité de réorientation, ouverture des places en concertation avec les ARS locales pour lutter contre les déserts médicaux… Mais la réalité est tout autre, notamment en province, où les étudiants essuient les plâtres de la réforme.
Pour diversifier les profils, on a remplacé la première année commune aux études de santé (PACES) par deux types de parcours : un parcours « accès santé » spécifique (PASS), avec une mineure dans une autre discipline, et une licence avec une option « accès santé » (L.AS). Ces deux voies permettent d'accéder, par des concours différents, à des places en médecine, dentaire, pharmacie, maïeutique, kinésithérapie, avec, en sus, un grand oral – pour faciliter, au-delà des épreuves écrites évaluées objectivement, un recrutement diversifié.
En cas d'échec au concours du PASS, avec 10 de moyenne, on peut entrer en 2e année de licence de sa discipline complémentaire et, si on le souhaite, retenter le concours de médecine. C'est-y pas un progrès ? Jugez-en plutôt. Dans l’ancien système, tout le monde passait le même concours, ce qui est plus équitable ; on avait le droit de redoubler ou, avec 10 de moyenne, de s’inscrire en deuxième année de licence scientifique. Cette réforme ne change donc rien, sinon qu'elle permet, en cas d'échec, de se réorienter dans la discipline optionnelle choisie – à supposer qu'on l'ait choisie, car il y a eu des couacs.
Mais ce n'est pas tout ! Cette année, il faut gérer les doublants de PACES, qui s'étaient mobilisés : on leur a promis autant de places qu'auparavant, au détriment des première année du nouveau système, qui n'ont guère le temps de manifester. Bref, dans l’ancien système, les doublants bénéficiaient de la majorité des places, ce sera encore le cas cette année. Le nouveau système donne théoriquement la majorité des places aux primants, sauf pour ceux de cette année, qui devront se contenter de la portion congrue, malgré les garanties apportées dans l'exposé des motifs de la loi du 24 juillet 2019. Faute d'avoir prévu la transition, on sacrifie une partie des nouveaux étudiants, fussent-ils excellents.
L'an dernier, on a expérimenté cette réforme dans les facultés parisiennes en leur attribuant 30 % à 40 % de places supplémentaires pour gérer les deux systèmes en concurrence. Mais, cette année, la réforme est généralisée, sans augmentation des quotas, notamment en province. De plus, les universités décident du nombre de places offertes au concours en concertation avec les fameuses ARS, pour lutter contre les déserts médicaux. Belle intention ! Mais, par un curieux hasard, le nombre augmente à Paris, avec +40 %, et stagne en province, où l'augmentation peut être de… 0 %. Les provinciaux ne sont pas gâtés. Manque de moyens, explique-t-on en haut lieu, circulez, y a rien à voir !
Eh bien, si ! Alors que Macron fait la danse du ventre pour séduire à tout vent, cette affaire révèle, une fois de plus, l'impéritie du gouvernement, incapable de réformer sans provoquer de nouvelles injustices. La nouvelle génération de carabins paie les pots cassés d'une réforme tapageuse, mal préparée et précipitée. Sans doute Macron, à son habitude, leur répondra-t-il qu'il leur suffit de traverser la rue pour résoudre leur problème.
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