Réforme des retraites : les artistes se mobilisent, ils prennent des risques…

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Quel courage ils ont, ces artistes engagés ! Toujours à la pointe des combats les plus originaux, ils ne manquent pas une occasion de soutenir ce qui leur semble important. Contre la guerre, contre la mort, contre la faim dans le monde, pour la santé, pour la liberté, pour l'écologie : ils prennent des risques, quoi. Ils « se mettent en danger », comme ils le disent (sans rire) quand ils acceptent un rôle à contre-emploi.

Rendons-leur toutefois justice : certains de leurs combats sont moins consensuels. Ce sont les engagements les plus progressistes : avortement, mariage pour tous, euthanasie, régularisation des clandestins, accueil inconditionnel des « migrants », etc. Parce qu'en France, les vrais artistes sont de gauche. Ça ne se discute pas, ça ne se démontre pas : c'est un axiome. Luchini racontait qu'il se disait de gauche parce que c'était plus pratique dans sa branche pour trouver du boulot. C'est pareil dans la magistrature, l'Éducation nationale, la culture, la presse... Par élimination, les rares milieux professionnels où l'on n'est pas traqué pour ses opinions politiques doivent être de droite ?

De gauche et engagé, donc, l'artiste doit, de temps en temps, rappeler au peuple qu'il est différent de ceux qui ne sont pas artistes, qu'il leur est même supérieur et qu'il a donc le droit de lui faire passer des messages, le plus souvent sous la forme de pétitions ou de tribunes dans des journaux complaisants - de gauche, eux aussi.

Voici donc qu'un texte vient de paraître, en écriture inclusive, dans les colonnes de Libération. On va quand même très loin dans le cliché : ils sont comme ça, premier degré, les artistes. Le texte est signé de 300 personnalités du monde de la culture, qui demandent le retrait de la loi sur la réforme des retraites. Ces personnalités, parmi lesquelles on retrouve malheureusement l'actrice Audrey Fleurot, donnent leur avis sur une loi qu'ils jugent injuste, inefficace et plus dure pour les femmes et « les précaires ». Ils fustigent par ailleurs le recours au 49.3.

Ce qui est problématique, c'est que ces gens s'appuient sur leur notoriété, se croient même tout permis grâce à elle, pour donner leur avis sur des sujets politiques. On n'imagine pas une tribune de cuisiniers, de maçons, de cadres ou de profs pour parler d'autre chose que de leur travail et de leur domaine de compétence. Sans quoi, ça n'en finirait pas.

Lisez ce bijou, qui parle évidemment du climat et des inégalités sociales, de toutes et tous, de chacune et chacun. C'est incroyablement hors-sol. La France brûle et les précieuses ridicules encouragent les sans-culottes. Ces gens sont formidables.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

35 commentaires

  1. le problème c’est que le bon peuple vénère les artistes…il suffit de voir la foule se battre pour se prendre en selfie avec tel ou tel obscur figurant de non moins obscure série télé pour comprendre que les « personnalités » du showbiz se croient divinisés! partant de là ils se sentent investis du devoir d’éduquer cette masse populaire en leur ordonnant de penser et d’agir dans le camp du bien, à savoir… comme on leur dit!

  2. Depuis l’épuration de 1945, un artiste ne peut réussir que s’il est de gauche, à de rares exceptions près. Ainsi Jean Pax Mefret n’avait aucune chance et le savait. Ce battage des artistes correspond à un vide celui des intellectuels de gauche qui n’ont plus rien à dire.

  3. C’est dommage, je l’aimais bien cette actrice flamboyante, comment s’appelle t’elle déjà ?
    Une chose est sûre, je ne l’aime plus, chacun à sa place, les urnes sont faites pour s’exprimer, d’autant que parler pour ne rien dire n’intéresse personne.
    Les lois sont faites pour être modifiées en fonction de divers critères et si le 49.3 perdure de nos jours c’est que tous les gouvernements l’ont utilisé, pourquoi?
    Parce qu’il est légal que cela plaise où non.
    Cette réforme a beau être mal ficelée, elle a été votée en toute l’égalité par une majorité de 9 voix.
    Quand on vote c’est pour un programme, à défaut on s’abstient ou on vote pour un autre point final.

  4. Les artistes sont aussi des personnes qui ont le droit d’expression et qui peuvent se rallier à des causes comme tout un chacun, on le reproche assez de ne pas prendre parti et défendre des causes pour ne pas leur taper dessus quand il le font

  5. Il semble que la culture des artistes ignore la locution latine « sutor ne supra crepidam ». (cordonnier ne juge pas plus haut que la chaussure)

  6. Au moins le film « L’artiste » est muet (et en noir et blanc pour éviter toute polémique)

  7. D’une certaine façon, ce que disent des artistes dont l’avis n’intéresse personne dans un journal que personne ne lit, ça n’a absolument pas la moindre espèce d’importance. C’est juste du petit « entre-soi » qui s’enivre du vertige de son improbable influence sur le petit cercle de ses admirateurs béats et benêts.

  8. Surtout que la plupart rêve de mourir sur scène et de ne jamais prendre leur retraite. Combien sont les « artistes », journalistes, politiques et autres personnel du PAF à bosser à un age plus qu’avancé

  9. Ces 300 personnalités du monde de la culture, en fait, souhaiteraient jouer le rôle accordé à leur condisciple depuis bientôt six ans. Feront ils mieux, feront ils pire, là est la question.

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