Réforme fiscale américaine : Trump avance d’un cran, temporairement

U.S. Republican presidential candidate Trump makes a point as he formally announces his campaign for the 2016 Republican presidential nomination at Trump Tower in New York

Trump, ne contrôlant pas l’appareil d’État, a jusqu'ici réussi à survivre avec l’appui de plus de 60 millions d’Américains, doublé du soutien inconditionnel de 80 % des membres de base du parti républicain et d’une poignée de parlementaires qui jouent le jeu avec lui. Il a, chemin faisant, découvert que la situation est bien plus grave qu’il ne paraît.

Non seulement le pays est structurellement ingouvernable (sa Constitution ne peut plus suivre face aux défis d’aujourd’hui, avec cent sénateurs qui se comportent comme cent rois, empiétant sans cesse sur les prérogatives présidentielles sans diligemment faire leur travail législatif), mais il est légalement contrôlé (financement électoral oblige) par une oligarchie puissante qui ne dévie pas de sa course : le mondialisme.

Autant dire que les questions fiscales, donc budgétaires, relèvent de la billevesée, puisque 85 % du budget est considéré par l’establishment comme immuable. La classe politique, achetant ainsi ses votes et ses donateurs, sert conjointement Dieu et le Diable en endettant le pays. On ne peut, en effet, alimenter des programmes sociaux détournés de leurs buts et mal gérés tout en finançant le complexe militaro-industriel qui, tel Moloch, avale à lui tout seul un budget militaire équivalent à celui de tous les autres pays de la planète.

Obama avait engendré autant de dette à lui tout seul que les quarante-trois présidents américains qui l’avaient précédé. Élu, Trump partait du principe que la dette, qui asphyxie la souveraineté, représentait le plus grand risque pour la sécurité nationale des États-Unis, les plaçant sous la dépendance de la Chine ou du Moyen-Orient.

D’où son programme économique « populiste », pro-croissance, visant à réindustrialiser le pays, à rapatrier le capital fiscalement fugitif, à diminuer l’impôt des classes moyennes (dont les revenus ont stagné ou baissé depuis la fin des années 80, cependant que ceux des « riches » sont montés au firmament), avec pour corollaire la naissance d’un « nouveau » Nouvel Ordre mondial, fondé désormais sur l’interaction d’espaces économiques politiquement structurants.

Il va de soi que le coup d’État rampant auquel Trump fait face a gelé la situation. La réforme avortée d’Obamacare devait libérer 1.400 milliards sur dix ans, afin de financer le « coût » des baisses d’impôts. Ces mêmes 1.400 milliards qui représentent le déficit programmé du récent plan fiscal de la Chambre des représentants. Laquelle, en l’absence de cette réserve, a simplement déshabillé Pierre pour habiller Paul. Si les impôts nets sur les entreprises baissent, comme ceux des particuliers, et si les droits de succession diminuent sensiblement (leur abolition est prévue pour 2023), les contribuables ne pourront plus déduire leurs impôts locaux de leur déclaration fédérale. Autrement dit, le contribuable « classe moyenne » y gagnera dans les États et villes à faible charge fiscale, mais il y perdra les États fiscalement assommants (Californie, New Jersey, New York, etc.). Des États qui votent démocrate…

Il s’agit donc d’un budget partisan, machiavélique, loin du rêve bipartisan initial de Trump. Un budget qui protège Wall Street d’abord, les PME ensuite, et les classes moyennes peut-être (leurs déductions fiscales sont temporaires, tandis que celles de Wall Street et des entreprises sont permanentes). Un budget Goldman Sachs, en somme. Reste, maintenant, le prochain passage au Sénat, ennemi du « populisme ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:39.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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