Refus de se faire vacciner en Espagne : enregistrés mais pas fichés…
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Tiens donc, en Espagne, le vaccin n’est pas obligatoire mais les noms des personnes qui refuseront de se faire vacciner seront consignés sur un registre ! Si on n’est pas dans un pays socialiste ou, tout du moins, gouverné par des socialistes, on est où, là, faisais-je remarquer à un proche, ce matin ? Socialiste ? Le mot est faible, me répond cette personne. Notez que l’on parle de registre, pas de fichier. Nuance. Fichier : pas bien. Registre : bien.
On parlera d’un registre des mariages, du commerce, de condoléances. Le registre a quelque chose de parcheminé, de notable, disons-le, de presque noble. Joseph et Marie allèrent à Bethléem pour se faire enregistrer, pas pour se faire ficher. Le fichier, lui, sent sa basse police, la fiche sur laquelle on a laissé sa trace de sandwich en la remplissant sous la lampe glauque fournie par l’administration. Vous me direz qu’il s’agit peut-être d’une mauvaise traduction reprise en chœur par tous nos médias français : registro = registre. Un faux ami qui, au fond, ne nous voudrait que du bien. Il semble que non : registro, en espagnol, cela veut bien dire « registre ». Notez, aussi, qu’on peut traduire, en espagnol, le mot « fichier » par registro… Mais bon, va pour le registre sur lequel on va ficher ou, dit autrement, le fichier sur lequel on va enregistrer les Espagnols qui ne voudront pas se faire vacciner.
Passées ces considérations sémantiques, nous vient alors une question : pourquoi faire ce registre ? Un gouvernement ne fait rien, en principe, sans avoir une idée derrière la tête. Un fichier - pardon, un registre - doit avoir une utilité, en dehors de toute considération morale et question de respect des libertés fondamentales. Je fais le tour des journaux français et je ne vois aucune explication. On nous parle du comment mais pas du pourquoi.
Certes, on nous rassure : le document ne sera pas rendu public. Monsignor est trop bon ! Donc, pas question de fiche la honte aux non-vaccinés en placardant sur la place du village la liste maudite sous le regard sévère de l'alcade. Les « bonnes travailleuses, sans parlotes, mi-Andalouses, mi-onduleuses » de Brel doivent bien savoir, maintenant, que « Franco est tout à fait mort » en Espagne, si elles ne sont pas elles-mêmes mortes !
Certes, le document ne sera pas rendu public mais sera partagé avec d’autres pays européens. Lesquels, d’ailleurs ? Et, là aussi, pour quoi faire ? On ne cesse de nous parler de pédagogie, vu qu'on nous prend pour des enfants. La base d’une pédagogie moderne et participative ne repose-t-elle pas sur cette question fondamentale : pourquoi ? Pourquoi ci, pourquoi ça, pourquoi moi ? Les journaux ibériques nous donnent un début d’explication : selon un document du ministère de la Santé, « il est jugé important de consigner les cas de refus de vaccination dans le registre des vaccinations, afin de connaître les raisons possibles de réticence dans différents groupes de population ». C’est-à-dire ? Pourquoi, pour quoi faire ?
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