Règlementer les réseaux sociaux pour ne pas influencer les élections ?

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La Roumanie a affirmé, le mercredi 27 mars, par la voix du porte-parole du Parti social-démocrate, Lucian Romașcanu, qu'elle allait « fermer ou réglementer » TikTok, lit de contenus « d’extrême droite » et eurosceptiques et qui connaît un franc succès chez les 18-35 ans. « Il est urgent de réglementer cette application, surtout durant cette année électorale, car elle est devenue une plate-forme populaire qui diffuse des messages extrémistes auprès des jeunes », s'inquiète l’eurodéputé libéral Rareş Bogdan.

Pourtant, « il y a beaucoup d'idées fausses et de rumeurs, sur TikTok [...] Nous avons supprimé toute information nuisible, toute désinformation ou tout comportement contraire à nos règles », selon Jakub Olek, directeur de la politique publique et des relations gouvernementales de TikTok.

C’est seulement la veille, le 26 mars 2024, que la Commission européenne avait appelé les plates-formes comme Facebook, X, Google, YouTube, à prendre des mesures permettant de contrer les risques de désinformation pendant la période électorale des européennes.

Celles ayant plus de 45 millions d’utilisateurs en Europe sont soumises au DSA (Digital Services Act), règlement européen sur les services numériques, appliqué à l'ensemble des plates-formes depuis le 17 février 2024. PDG d’une société de traitement des données numériques, Eriomem, et numéro 2 de la liste du Parti pirate aux européennes, Pierre Beyssac confie à BV : « Ces plates-formes sont tenues de respecter certaines obligations liées au pluralisme et aux recours des utilisateurs. Dans le même temps, ce règlement oblige les États à passer par la Justice pour bloquer l'accès à un tel site sur leur territoire national. Il ne leur est pas possible de fermer une de ces plates-formes. »

Selon lui, TikTok, contrairement à Facebook, Instagram, et X, dit se situer en dessous du seuil des 45 millions d’utilisateurs. Il ne serait donc pas soumis au DSA, ce qui lui enlève à la fois des obligations et des protections légales. « Cela confère à la Roumanie la possibilité potentielle de restreindre, sans décision de justice, ou d'en bloquer l'accès, sans contrevenir au DSA », explique-t-il.

L’enjeu de la restriction des grands réseaux sociaux

Au niveau mondial, ce ne sont pas moins de 76 pays concernés par des élections, en cette année 2024. L’enjeu de contrôler l’information en luttant contre la « désinformation » ou contre la « mésinformation » est donc de taille. Cette lutte constitue même, à court terme, la priorité numéro 1 du très médiatique et influent Forum économique mondial de Davos, dans son rapport annuel de janvier 2024.

À l’heure où les réseaux sociaux constituent un nouveau contre-pouvoir en permettant de dévoiler des informations tues ou peu relayées par les médias, les pays européens et la Commission européenne voient leur mainmise sur l’information et a fortiori leur pouvoir menacés.

Restreindre les libertés

Selon Jean-Paul Garraud, eurodéputé RN contacté par BV, la montée du souverainisme et de la contestation de régimes actuels alarme la Commission européenne : « Sous couvert de bons sentiments, de préservation des valeurs de l’UE, elle veut restreindre les libertés, ajoute-t-il. Bien sûr qu’il faut contenir la liberté d’expression en luttant contre les contenus illégaux, qui sont définis par la loi, mais aujourd’hui, nous passons à autre chose ! On parle de contenus légaux ! Où se situe la frontière de ce qui est admissible ? »

En outre, l'élu déplore que la lutte contre les contenus indésirables aille toujours dans le même sens : l’européisme. Que deviendrait donc le pluralisme, sur ces plates-formes ? Il s’inquiète encore que le bannissement de l’expression politique amène les plates-formes à purger ce qui a trait à la politique et entame donc la liberté d’expression. « Notre groupe va rester très vigilant à ce que la liberté d’expression ne soit pas violée », conclut-il.

Il n’y a qu’à espérer que l’Arcom, en charge d’appliquer les recommandations du DSA en France, soit aussi vigilante quant aux fermetures abusives de comptes ou chaînes en ligne, pour une bonne tenue de la vie démocratique en cette année charnière de 2024.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

16 commentaires

  1. La liberté d’expression contrôlée par l’Europe avec déjà l’ARCOM pour les chaînes télévisées l’étau se resserre sur cette question de liberté d’expression plus on avance plus les progressistes veulent réglementer pour faire passer ses idées. Bientôt le droit de vote va disparaitre avec ces censeurs. On n’est pas loin de la dictature de la pensée

    •  » Bientôt le droit de vote va disparaitre avec ces censeurs. » Etes-vous sûr que ce n ‘est pas déjà fait? Renseignez-vous auprès de Mac Kinsey et notamment de son agence de Houston (Texas).

  2. La liberté d’expression n’est recevable que si elle reste dans les limites imposées par la « bienpensance »

  3. Avec cette Europe, quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, on a raison de penser ce qu’on pense… Car penser, c’est bientôt tout ce qu’il nous sera permis… et encore…

  4. L’extrême-droite est bien moins dangereuse pour la démocratie que l’extrême-gauche. Staline, Hitler et Mao, dictateurs de gauche, ont généré plus de morts que tous les dictateurs de droite réunis.

  5. 1984. Ce roman n’a jamais été aussi prophétique qu’à notre époque. Le prêt-à-penser pour tout le monde.

  6. Il faut bien que notre régime politique au pouvoir exerce ses mesures liberticides d’ultra droite pour favoriser l’élite au détriment du peuple… Tout cela est tragiquement cohérent.

  7. Ce sont les mêmes qui clament que Poutine est un dictateur. Je rigole!
    L’Union européenne à bien fermé la chaîne RT;

  8. Ce qui fera voter les gens pour l’extrême droite c’est ce qu’il se passe dans la rue. Bientôt les oeillères obligatoires ?

  9. L’Europe veut instaurer la vérité officielle, comme par exemple que le vaccin anti Covid n’est pas dangereux, raison pour laquelle un état américain vien de l’interdire au fait que c’est une arme de guerre, l’ex président d’Atos Thierry Breton est le Censeur en chef de cette europe, il fait mieux que Poutine.

    • Il s’avère donc que les deux (le virus de chauve-souris et le faux-vaccin – peut-être même le test PCR) étaient des armes biologiques : On eût apprécié que les militaires ou les toubibs « au parfum » , ou du moins au nez creux, nous en avertissent à temps, au lieu de commencer par s’en protéger tout en continuant à encaisser les  » pépètes »…

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