Remaniement : au pied du sapin, François Bayrou à Matignon ?

Capture d'écran
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La Macronie a beau avoir une certaine habitude des claques, celle-ci a tout de même une certaine saveur. La loi Immigration, votée juste avant le début des vacances, concentre tout ce qui fait la singularité de ce pouvoir d’extrême centre, à la fois autoritaire et sans colonne vertébrale, violent et doucereux. Il y a eu, pêle-mêle, des mensonges, des promesses faites par Darmanin à certains élus, des alliances « carpo-lapinesques » entre LFI et le RN pour mettre la majorité relative dans l’embarras, puis le vote d’une loi soutenue par Macron « et en même temps » bientôt dévitalisée, à sa demande, par un Conseil constitutionnel aux ordres. Le plus symbolique, dans cette affaire, est évidemment le mépris du peuple : 70 % des Français veulent cette loi, mais 32 départements, une foule d’artistes et un grand nombre de parlementaires refuseront son application, alors même qu’elle est beaucoup trop timide.

Un « renouvellement » : c'est-à-dire ?

Dans ce tohu-bohu, voici Noël ! C’est l’heure des listes et des cadeaux. Les enfants demandent parfois beaucoup pour espérer obtenir un peu. C’est le cas de François Bayrou, grand enfant de 72 ans, qui accordait ce dimanche un entretien au JDD. Pour lui, qui défend comme toujours une position médiane, le vote de cette loi doit être suivi d’un « renouvellement ». Pour le président du MoDem, « le pluralisme est la loi de l’avenir. Mais il faut en réapprendre la pratique. Grâce à nos institutions, le pluralisme ne conduit plus au désordre. C’est pour cela que la Ve République a été créée par le général de Gaulle. C’est au Président, élu au suffrage universel, de prendre en compte les différentes sensibilités, et à son chef de gouvernement de chercher le consensus le plus large sur les lois qu’ils portent. »

Et si le dinosaure du centre mou se rêvait en Cincinnatus ?

On comprend ce qu’il veut dire : remaniement à la rentrée, avec un gouvernement d’union nationale ? Ce n’est pas nécessairement idiot, si l’on se place d’un point de vue macroniste. Le RN, la NUPES et... les LR n’ont-ils pas réalisé, à leur manière, une union nationale de ceux qui n’étaient pas contents de la loi Immigration (première mouture) ? Allons un peu plus loin - François Bayrou nous y invite. Qui pourrait bien être le Premier ministre de ce gouvernement de la dernière chance ? Le journal n’ose pas poser directement la question, et Bayrou n’ose pas directement formuler sa proposition. Faisons-le pour eux : et si le dinosaure du centre mou se rêvait en Cincinnatus ? Et si on allait le chercher, dans son petit parti dont les comités centraux tiennent dans une cabine téléphonique comme il y en avait encore jadis dans nos villages qu'on aime tant, pour sauver « la République », ce mot qui a « grand-remplacé » celui de France dans les discours officiels ?

L'homme qui a toujours rêvé d'être Président

François Bayrou a toujours guigné le pouvoir. Il a toujours voulu être Président, mais le soir approche et les ombres s’allongent pour le Don Quichotte palois. Alors, pourquoi pas Premier ministre… comme dans Soumission de Houellebecq, d’ailleurs ? Il faut relire cet excellent livre, qui narre un pays au bord de la guerre civile, conquis par l’élection, en 2022, d’un énarque musulman face à Marine Le Pen. Ce serait drôle que cela arrive en 2024, Houellebecq le prophète ne se serait qu’un peu trompé : de deux ans et de chef de l’État. Pour le reste (islamisme, invasion migratoire, justice partiale, médias discrets sur les affrontements, grande trouille), tout était déjà là. Tout était déjà juste.

Bayrou à Matignon, dérisoire cadeau de Noël d’un pays qui peine à retrouver l’espérance ? Voire… Il faut dire qu’en politique comme à l’approche de Noël, il y a ceux qui sont faits pour accrocher les étoiles et ceux dont la vie se passe à avoir les boules. Le destin du Béarnais est à la croisée des chemins.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

66 commentaires

  1. François Bayrou, le dernier vizir idéal pour une fin de règne et de civilisation. Il pourra dire à son maître « Ave Caesar morituri te salutant « 

  2. Il ne manquait plus que lui à la panoplie macroniste et le tableau est complet , ce monsieur qui est effectivement dans le droit fil de la pensée du chef de l ‘Etat , un coup je penche à gauche un coup je bascule à droite . Du en même temps , un coup d’éclat pour la ville de Pau si ce monsieur arrive à la tête du gouvernement , mais pas de « pot » pour tous les autres français.

  3. L’animal politique qu’il est pense déjà à lui pour le poste , lui qui n’a pas de colonne vertébrale politique , qui a godillé en permanence en fonction de ses intérêts . On peut dire que celui-ci n’a pas beaucoup servi la France mais s’est bien servi d’elle et il n’est pas le seul .

  4. C’est très curieux, dès qu’un vent de mécontentement souffle sur un gouvernement, certains noms ressurgissent. Bien sûr pas les meilleurs, ceux là, ils sont écartés et tenus bien éloigné.

  5. Bayrou ? un de ceux qui ont toujours mis des bâtons dans les roues de la droite et responsable de l’état de la France.

  6. Bayrou… Il a été applaudi pour une seule chose : la taloche donnée à un petit effronté qui tentait de lui faire les poches. Très saine réaction. À présent, je serais curieuse de savoir ce qu’il a fait de positif pour la France à son poste de haut commissaire au Plan.
    Bon, à part ça, il se dit que Bruno Lemaire lorgne avec gourmandise du côté de Matignon. Décidément, on n’est pas gâtés.

  7. On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème.
    Albert Einstein Bayrou le pouvoir de nuisance des minorités

  8. Bayrou à Matignon. On savait que macron avait des idées farfelues, mais là, l’apothéose est à son comble. Merci de cet éclat de rire de fin d’année.

  9. Contrairement à Bayrou, Cincinatus vivait dans la simplicité et la culture de sa petite terre. Avec les casseroles judiciaires que traîne Bayrou il ne peut décemment accéder à Matignon, mais certes sous Macron 1° la décence est une incongruité, au mieux une figure de style. Si Macron aime son pays il doit démissionner, mais voilà, Macron aime-t-il la France ?

  10. Non un pays ne se dirige, pas par le consensus, il se dirige par l’art de convaincre par l’explicitation d’une stratégie claire, non fluctuante au gré des vents contraires le tout dans l’intérêt premier du pays et de son peuple. Ménager la chèvre et le chou n’a jamais été une politique. La force de caractère et la grandeur des idées, si possible « en même temps ».

    • Absolument, pour faire une bonne cuisine, il faut un bon chef, de bonnes recettes et surtout de bons produits.
      La France n’ a pas cela aujourd’hui.

  11. Il n’en manquait qu’un et le voilà qui surgit de sa boite!!!!!!!Il va falloir faire nos baluchon…..Membre actif de cette caste de politicards qui on mis la France à genoux!!!!

  12. J’ai l’impression que si on creusait l’affaire de cet avion de Vatry avec ses 320 indiens à bord, on trouverait les esclavagistes modernes en France ! Je me trompe ?

    • Un test de résolution des métiers dît en tension peut être et dans le même temps curieusement l’abandon des enquêtes

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