Autour de Borne, ces ministres fantômes que personne ne connaît

borne

L’exercice est cruel et on n’aimerait pas que le gouvernement fouille dans nos articles pour savoir quels sont ceux qui ont orienté définitivement le destin du pays. Mais il est nécessaire de se demander, avant le début d’une nouvelle année sous le mandat d’Emmanuel Macron, si tous ses ministres ont bien marqué la France de leur empreinte. L’exercice réserve des surprises. Nous avons choisi, pour appuyer notre démonstration, des critères en « béton ». Combien ces ministres ont-ils suscité d’articles dans deux médias de référence, tous deux engagés mais impartiaux et complémentaires : BV et Le Monde. L’un de centre droit, l’autre d’extrême gauche.

Des petits nouveaux très discrets

Occupons-nous d’abord des discrets qui ont des excuses. Par exemple Bérengère Couillard. Qui sait encore que cette femme de qualité occupe la fonction de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, depuis juillet 2023 ? Généreux comme à son habitude, BV ne l’a pas citée en titre mais l'a mentionnée trois fois, dans un article daté du 13 juillet 2023, dans une tribune signée de la députée RN Edwige Diaz (merci à elle) en mars 2019 et dans un papier du 28 décembre. En 2019, notre ministre n’était encore que députée LREM. Le Monde fait à peine mieux : lorsqu’on recherche Bérengère Couillard dans le moteur de recherche du quotidien du soir, trois titres, seulement, citent son nom. C’est peu, pour cette égalité entre les femmes et les hommes promue « grande cause du quinquennat » et pour un ministère dont le budget atteint 57,7 millions d’euros en 2023, en hausse de 95 % depuis 2017.

Le nommé Philippe Vigier, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, chargé des Outre-mer, a droit à une présence dans trois titres d’articles du Monde et dans un titre de BV. Voilà un homme qui a l’élégance de ne pas s’imposer dans les conversations à l’heure du dîner. Mais lui aussi a des excuses : il est en fonction depuis moins de six mois. Comme Patrice Vergriete, maire de Dunkerque devenu ministre délégué auprès du ministre de la Transition énergétique et de la Cohésion des territoires, chargé du Logement, également en juillet dernier. Vergriete a eu droit à cinq titres du Monde (l’un d’eux en fait même le « baron noir » du gouvernement) et deux citations à l’intérieur d’articles de BV. La discrétion est une vertu aristocratique.

Finissons ce tour des spectres gouvernementaux récemment nommés avec Fadila Khattabi, ministre délégué auprès du ministre des Solidarités et des Familles, chargée des Personnes handicapées, depuis juillet dernier. Deux titres du Monde lui furent consacrés et il faut bien reconnaitre que BV n’a pas fait mieux pour l’aura médiatique de notre ministre : elle est citée dans cinq articles, mais jamais en titre.

D’autres sont en place depuis plus longtemps. Dominique Faure, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité (cette ruralité qui lutte pour sa survie en retournant les panneaux des villages), depuis novembre 2022, est citée nommément dans trois titres du Monde. Honte à BV qui ne l’a citée dans aucun titre… Heureusement, nos lecteurs, toujours bienveillants, n’ont pour l'instant pas songé à nous le reprocher.

Les discrets collaborateurs de la discrète Catherine Colonna

Certains font mieux encore, notamment au ministère des Affaires étrangères de la très discrète Catherine Colonna. Olivier Becht, par exemple, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, depuis juillet 2022, ne fait l’objet d’aucun titre du Monde et n’a pas, non plus, intéressé BV. Nommée en mai 2022, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, n’a pas écrasé l’actualité. Le Monde la cite cinq fois en titre, mais quatre de ces titres sont liés à une affaire de violences classée sans suite. BV la cite dans trois articles, mais jamais en titre. Elle aussi membre du gouvernement (on apprend toujours des choses dans BV) depuis juillet 2022, Patricia Mirallès est citée dans des articles du Monde et de BV, mais jamais en titre. Elle occupe pourtant les éminentes fonctions de secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire. Ce qui, apparemment, ne lui a pas suffi pour vaincre l’oubli.

L'effacement quasi monastique du Premier ministre a peut-être fait tache d'huile. C'est en tout cas un avantage majeur pour Emmanuel Macron : le Président pourra fort bien communiquer sur un vaste remaniement. S’il touche ses nombreux ministres fantômes, aucun Français ne s’en apercevra…

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Les Français s’apercevraient peut être en revanche d’une imitation de M. Milei de supprimer la moitié de ces ministères dont la longueur du titre est inversement proportionnelle à leur utilité. Aucune chance malheureusement que cela se produise.

  2. Un autre classement pourrait interesser les citoyens du pays à partir du RATIO : « COUT/REALISATIONS » susceptible de mettre en évidence la productivité de chacun de ces ministères ‘fantôches’ ..???
    Qui serait insensible aux vertus de l’arithmétique ???

  3. Des ministres qui ne servent à rien et qui servent à tout, Pierre DAC avait jadis inventé le  » BIGLOTRON  » qui ne servait à rien et aussi à tout, MACRON applique la recette par contre il ne nous fait pas rire !

    • On se croirait sous le règne de Louis XIV avec tous les laquais autour de lui pour contenter ses moindres désirs et être gratifiés en retour. Ce fût le commencement d’une tragédie qui couta les têtes de pas mal de monde. Se remplir les poches et le ventre quand le peuple crève faim a toujours mal fini.

  4. Jamais on a tant eut de ministres pour des ministères qui ne correspondent à rien , MAIS , il faut bien faire plaisir aux petits copains.

  5. Fantômes sauf pour les finances du pays ! c’est de plus en plus la république des copains et des coquins … il reste quelques années à sa majesté pour récompenser ceux qui ne l’ont pas encore été ou pas assez … et les Français ne bougent toujours pas !

  6. D’accord il aurait pu réduire le nombre. Mais pour ce qui est de la qualité, il est bien obligé de prendre ce qu’il trouve autour de lui, quitte à faire les fonds de paniers. Il faut bien admettre que ceux qui sont cités le plus souvent le sont davantage pour leurs boulettes que pour leur efficacité.

  7. Avec le en même temps, il faut bien racoler à gauche, à droite au centre et au milieu de nulle part, alors on multiplie les ministre délégués auprès d’un ministre plus médiatique. c’est l’œuvre de Jupiter d’assurer la cohésion apparente de son gouvernement, aussi disparate que créateur de textes et fariboles en tous genres. Faut qu’on cause pour exister ma brave dame. Mais tout ce beau monde coûte une blende (comme dirait…) et finalement ne sert pas le dynamisme souhaité pour le pays. Alors monsieur le Président, présidez et choisissez peu de ministres mais des bons, de ceux en capacité de vous faire de l’ombre. C’est à la aussi qu’on reconnaît les vrais chefs.

  8. Quand on évoque le gouvernement, on ne peut citer que 4 ou 5 ministres. Les autres ne servent à rien. Une bonne source d’économie.

  9. On ne connaît même pas les 3/4 des ministres de ce gouvernement . Mais la soupe est bonne et ils se gavent vu leur nombre . Nous sommes dirigés depuis 50 ans par une majorité de fonctionnaires , une caste qui n’a jamais bossé dans le privé , qui ne vit que de nos impôts et sont donc des parasites

  10. Qu’ils soient 42 ne me gêne pas outre mesure, mais cela signifie une multiplication des conseillers, des attachés des fonctionnaires pour faire, justement, fonctionner ces ministères qui ne servent à rien si ce n’est à placer des amis, faire diminuer le nombre de chômeurs, il serait temps d’en revenir à des ministères régaliens et laisser les régions se débrouiller tout en supprimant quelques échelons inutiles, les intercommunales, les métropoles, les cantons, et j’en oublie.

    • C’est vrai qu’on n’a pas besoin de plus de dix « grands ministres », le reste ne devrait pas dépasser le stade de sous-secrétaires auprès desdits ministres. Mais c’est vrai qu’il y a des chauffeurs et des voitures à amortir… Quant au mille-feuilles administratif, pitié pour les cantons, qui correspondaient souvent à des « pays » avant les réformes charcutières. La commune (ville), les communauté de communes (pour celles qui sont nées à la suite d’une votation et non d’une décision technocratique), le « pays », la région : le premier étage à faire sauter c’est le département, lieu par excellence où pantouflent les inutiles, les copains, les communicants…

      • J’ai connu la France pourvue d’un ETAT, de DEPARTEMENTS et de COMMUNES, point. C’est sûr que cette France-là fonctionnait bien mieux que celle de maintenant. Charcutée de multiples échelons d’indécisions, celà permet de caser et gaver de rémunérations indécentes une bande d’incapables. Rigolez pas, c’est avec votre pognon !!

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