Remaniement du gouvernement ? Un vrai-faux événement !

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« La France a peur » (Roger Gicquel, en février 1976, sur TF1, à propos du meurtre d’un enfant). « La France s’ennuie » (Pierre Viansson-Ponté, en mars 1968, dans Le Monde, quelques semaines avant le début des « événements »). Aujourd’hui, certains voudraient nous faire croire que la France retient son souffle. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’Emmanuel Macron entendrait remanier son gouvernement.

Il est un fait que le suspense atteint des proportions himalayesques. À côté, la scène de la douche, dans le Psychose d’Alfred Hitchcock (1960), c’est « l’ami Ricoré », celui « du petit déjeuner ». Aux dernières nouvelles, alors que la population se tord d’angoisse, façon crise des missiles cubains de 1962, Élisabeth Borne devrait être finalement maintenue à Matignon. La France respire enfin.

Côté chaises musicales ministérielles, le séisme annoncé devrait être d’une amplitude des plus mesurées. Parmi ceux qui se trouvent sur un siège éjectable ? Marlène Schiappa et Pap Ndiaye, respectivement secrétaire d’État chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative et ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, ne devraient pas être reconduits.

On peut comprendre, les deux faisaient tache dans le paysage. L’une pour sa gestion pour le moins hasardeuse du fonds Marianne, créé après la décapitation par un islamiste tchétchène du professeur Samuel Paty, le 16 octobre 2020, à Éragny, dans le Val-d’Oise. Sans oublier ses photos accordées au trimestriel Playboy, où l'on a pu craindre un moment qu'elle ne soit globalement vêtue que de sa seule vertu. L’autre, peut-être pour prétendre niveler la même Éducation nationale par le bas tout en plaçant ses enfants à l’École alsacienne - pas le plus égalitaire de nos établissements scolaires. Dans la charrette, un certain François Braun, paraît-il ministre de la Santé, serait prié d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

Promesse non tenue

En tout, une dizaine de maroquins seraient en jeu. Le grand chambardement ne devrait donc pas être pour demain. Du côté élyséen, à en croire Le Monde, il s’agit avant tout d’assurer la « stabilité et le travail de fond » dans « un monde où les Français veulent conserver des repères ». Des « repères » qui auraient sûrement été brouillés si Emmanuel Macron avait tenu sa promesse du 17 avril consistant à s’adresser aux Français le jour de la fête nationale. Ce qu’il n’a pas fait. Il devait avoir piscine, ce jour-là.

Il est vrai que personne ne semble non plus se bousculer pour entrer dans un gouvernement Borne bis et, tel qu’on pouvait s’y attendre, l’opposition se montre plus que circonspecte. Mathilde Panot, patronne des députés LFI à l’Assemblée : « Personne ne veut monter dans un bateau qui coule. » Cette demoiselle parle d’or, vu l’état de son mouvement. Marine Le Pen, quant à elle, estime que le président de la République a « perdu tout contact avec le peuple et condamne le pays à l’impuissance et l’immobilisme ». Du côté Renaissance, le parti présidentiel, Marc Ferracci, député des Français de l’étranger, concède : « Le souffle politique d’un remaniement est un léger zéphyr, au mieux. » Soit un petit vent impromptu, comme aurait pu railler Laurent Gerra.

Remplacer des inconnus par des anonymes

Au-delà du vrai-faux événement n’agitant que de loin le microcosme politicien, une question peut se poser de la manière la plus triviale qui soit : celle consistant à savoir pourquoi une écrasante majorité de nos compatriotes parait n’en avoir que foutre. Car, à la fin des fins, il s’agirait tout bonnement de remplacer des inconnus par des anonymes, à l’exception des deux sortant potentiels, Marlène Schiappa et Pap Ndiaye, plus connus. De là à conclure que certaines personnes gagnent à n’être point connues…

Il n’y a pas si longtemps, des hommes et des femmes parvenaient à incarner la fonction ministérielle. Tout le monde se souvient de Charles Pasqua et de Robert Badinter, de Simone Veil et d’Édith Cresson, de Nicolas Sarkozy et de Jack Lang. Mais qui se souvient de leurs successeurs ? Idem pour les Premiers ministres. On sait qui furent Lionel Jospin et François Fillon, Michel Rocard et Dominique de Villepin. Mais aujourd’hui, qui se souvient de Jean-Marc Ayrault et de Jean Castex ?

C’est à croire que la vision politique macronienne de la France, réduite à un simple conseil d’administration, ait précipité cette tendance vers de plus en plus de déshumanisation. On reconnaît vaguement leur tête mais on ne sait jamais leur nom. Logique, ils sont tous interchangeables, venant des mêmes grandes écoles et portant les mêmes costumes étriqués avec les mêmes souliers pointus. Bref, pourquoi voter pour des clones tristes ?

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Bien pires encore que les ploutocrates en place en mai 40 debouts sur le péron avec le Maréchal leur tournant le dos à raison il n’y a rien a attendre de ces incapables qui n’ont qu’un seul but faire crever la France, nous inonder d’assassins, et engraisser les malfrats. Ils n’ont de courage que le déroulement de leur carrière, leurs avantages pharaoniques et aussi et surtout traiter les patriotes de fascistes. Assez de toute cette racaille en col blanc . Il n’existe aucun intérêt à connaître les noms de ces incapables.

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