Remdésivir/Gilead : la Commission européenne cache-t-elle un énorme scandale de favoritisme ?
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La crise sanitaire en cours et ses terribles conséquences sociales et économiques sont-elles devenues l’occasion, pour quelques grands « laboratoires » pharmaceutiques, de s’enrichir de manière quasi crapuleuse aux dépens des contribuables européens ? D’importantes interrogations se posent à la Commission européenne qui se doit d’apporter des réponses aux citoyens européens que nous sommes.
Quelques dates clés.
Dès les premières semaines de l’année 2020, le laboratoire pharmaceutique Gilead Sciences commence ses études et son entrisme avec quelques relais médiatiques (Karine Lacombe, sur RMC, le 30 avril, ou Martin Blachier, sur France 5, en mai) sur l’efficacité contre le Covid-19 du remdésivir (un traitement développé à l’origine contre le virus Ebola).
Le 3 juillet, c’est le premier médicament contre le Covid-19 à recevoir une autorisation de mise sur le marché européen, alors qu’aux État-Unis, il ne suscite plus d’enthousiasme. En France, la Haute Autorité de santé française estime faible le « service médical rendu ».
Le 2 octobre, l’Agence européenne du médicament déclare qu’elle allait étudier des signalements où il y aurait des « problèmes rénaux aigus » qui seraient liés au remdésivir.
Le 7 octobre, sans informer les parlementaires européens, « un contrat-cadre de passation de marchés communs » est conclu entre Gilead et la Commission européenne pour une commande de 500.000 traitements de Veklury (nom commercial du remdésivir) pour un montant estimé à 1,035 milliard d’euros, alors que Gilead connaissait les résultats négatifs d’un essai clinique de l’OMS. Vingt pays participants auraient déjà passé commande pour une livraison dans les prochains mois. La France n’aurait pas passé de nouvelles commandes ?
Néanmoins, le 14 octobre, le ministère de la Santé a averti les médecins hospitaliers français qu’ils pouvaient utiliser le remdésivir « gratuitement ».
Le lendemain, 15 octobre, soit une semaine après la signature du contrat faramineux avec la Commission de Bruxelles, les résultats négatifs de l’étude « Solidarity » de l’OMS sont rendus publics.
Le 20 novembre, l’Organisation mondiale de la santé s’oppose alors à l’administration du remdésivir aux malades du Covid-19 hospitalisés.
En même temps, j’ai donc interpellé, par écrit, la Commission européenne pour lui poser deux questions précises :
- La Commission va-t-elle demander à son organisme anti-fraude (OLAF) d’ouvrir une investigation sur la falsification, la dissimulation, l'adultération de l’information par Gilead à l’encontre de la Commission ?
- La Commission va-t-elle demander à l’OLAF d’ouvrir une investigation sur les manquements ou conflits d’intérêts liés au remdésivir au sein des services et agences de l’Union européenne ou des autorités nationales concernées ?
Si les chiffres de l’inefficacité de ce traitement commencent à apparaître à la vue de tous, d’autres chiffres sont aussi éclairants. À la fin du mois d’octobre, Gilead a fait savoir à ses actionnaires que les ventes de remdésivir lui ont rapporté près de 900 millions de dollars au troisième trimestre 2020 ! Jackpot avant Noël !
Les décisions sur ce dossier laissent perplexe et donnent raison à Didier Raoult qui, depuis le début de cette crise sanitaire, dénonce le lobbying de certains laboratoires avec des « experts médicaux complaisants ». Il est temps, désormais, de savoir si scandale il y a et, s’il y a scandale, que des mesures judiciaires soient prises à tous les niveaux. La Commission européenne, avant de reprendre le même chemin sur la question de l’achat des vaccins, doit répondre de la façon la plus claire et la plus rapide qui soit.
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