Renaissance découvre que la France s’ensauvage 

Capture d’écran (1894)

On peut toujours accuser les gens de populisme lorsqu’ils dénoncent l’ensauvagement d’une société que plus rien ne retient et contester l’augmentation des crimes sans mobile perpétués pour un regard de travers, une cigarette, un mauvais trip… Mais quand on est menacé directement, comme mesdames Aurore Bergé (députée Renaissance des Yvelines), Astrid Panosyan-Bouvet (députée Renaissance de Paris), Marie Lebec (députée Renaissance des Yvelines) et Yaël Braun-Pivet (présidente de l'Assemblée nationale), difficile de nier l’évidence.

C’est Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, qui, la première, a révélé, le 24 mars, sur Twitter, avoir reçu une lettre portant des menaces de mort contre son nourrisson de quatre mois : « Il est si petit, son rejeton, il pourra pas s'enfuir. Feu, batte de baseball, barre de fer… » Et l’individu de prévenir : « Prenez garde tous les jours et surtout la nuit. »

Puis c’est une autre députée Renaissance, Marie Lebec, qui a eu droit à la prose délicate (les lettres sont manuscrites et l’écriture identique) : « Avec ta sale gueule de pourriture Renaissance, on va te faire la peau. »

Visée également, Astrid-Panosyan-Bouvet, destinataire elle aussi d’un courrier non seulement ordurier – elle y est traitée de « saloperie de femelle » –, mais d’une cruauté totale puisqu’y est évoqué son époux décédé fin 2021 : « Ton connard de mari, ouf, c’est fait. Un boulot en moins à réaliser. »

Enfin, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, invitée, dimanche, du « Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI », a lu un extrait de la lettre qu’elle a elle-même reçue : « Ça commence très aimablement par "salut la grosse truie juive. On n'a plus de zyklon hélas mais des barres de fer pour éliminer cette saloperie de Jude" » », lit-elle.

Devant un tel déferlement de haine, de propos orduriers, misogynes, antisémites… bref, un florilège de ce qui se répand aujourd’hui en toute impunité, tant sur les réseaux sociaux que dans les rues, force est de reconnaître que la société est en pleine dérive. Et d’admettre peut-être que le laxisme judiciaire, l’angélisme bien-pensant et les accusations récurrentes de fascisme dès qu’une voix ose parler d’autorité ont fait le lit de cette violence.

La présidente de l'Assemblée nationale a pointé la responsabilité de La France insoumise dans un contexte d’explosion sociale anti-réforme des retraites. Il est vrai que le parti de Mélenchon trouve en général des excuses à la violence, rejoint en cela par certains commentateurs. Ainsi, le sociologue Michel Kokoreff, enseignant à Paris 8, invité de la matinale de France Info, ce lundi. Il voit dans les manifestations actuelles « une jeunesse engagée en première ligne. Dès 16/25 ans, plutôt dans le cortège de tête et les actions offensives, des gens de petite classe moyenne même si elles sont déclassées. Ni la grande bourgeoisie ni le grand prolétariat. » Il réfute de ce fait l’expression de Darmanin parlant de « black-bourges » et explique qu’on trouve aujourd’hui dans les rangs « un bébé-block : des 14/16 ans ». À Sainte-Soline il a vu « des gens plutôt issus de classes moyennes urbaines, venus de toute la France mais ne vivant pas forcément en métropole » (sic).

Quant à la violence, elle est due à « une sorte de militarisation du maintien de l’ordre » qui « conduit à une sorte d’escalade réciproque, sauf que les forces de l’ordre sont suréquipées (sic) et ça se traduit par un bilan qui est très lourd, alors que les manifestants, y compris ceux qui se préparent au combat, sont beaucoup moins équipés (resic) ». Et il reconnaît que les boules de pétanque, les haches, les battes de baseball et les bidons d’essence, « ce n’est pas forcément une bonne tactique ». Mais il ajoute : « Quand même, balancer des grenades offensives dans une foule, c’est extrêmement dangereux, c’est contraire à la déontologie du maintien de l’ordre. » La France s'ensauvage à grande vitesse, mais c'est de la faute... des gendarmes ! Encore un effort...

 

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Tant que les casseurs politiques seront la ..laFrance connaîtra violences ,dégâts et problèmes …seul le départ de «  monsieur JE «  calmerait la population .

  2. Il n’y a pas de répression sur la violence dans la rue alors ne nous étonnons pas !

  3. Ces dames devraient se tourner vers Monsieur Dupont-Moretti qui devrait les rassurer : ce n’est pas de l’insécurité mais juste un « sentiment » d’insécurité. Quand il s’agit des autres, tout passe mais quand ça devient personnel ……………. C’est différent ! Il est grand temps que ces dames réalisent que c’est l’immobilisme du gouvernement et l’indulgence de la justice qui sont les grands responsables de cet environnement nauséabond dans lequel nous sommes forcés de vivre. Oui c’est inacceptable et alors qu’est-ce qu’elles vont faire, les mots ça ne suffit plus. Elles sont aux manettes, qu’elles agissent !

  4. Lorsque les menaces visent le Rassemblement National, la presse, les députés trouvent ça normal.
    Mais lorsque ça touche quelqu’un d’autre : « Mince alors, pourquoi moi ? C’est insupportable »

  5. Désolé pour le sociologue, mais les forces de l’ordre n’ont plus droit aux grenades offensives depuis la mort de Rémi Fraisse.

  6. Allons, allons, il n’y a pas d’ensauvagement en France, c’est un sentiment d’ensauvagement.

  7. Ces dames de la Renaissance découvrent l’ensauvagement quand elles sont elles-mêmes touchées, et encore n’ont elles pas été agressées physiquement comme le sont de nombreux Français chaque jour. Pourtant, même sans l’avoir été soi-même, il suffit d’être un minimum ouvert au monde extérieur pour savoir ce qu’il en est. Voilà qui en dit long sur la déconnexion de ces élues.

  8. Quand des commerces sont saccagés par les black blocs, tout le beau monde évoque la liberté de manifester, ou le sentiment d’insécurité, mais quand on balance un pavé dans une permanence politique, on parle d’une violence insupportable. La différence entre les deux, c’est que le commerçant va en crever et tout perdre, les politiques ne perdent rien et bénéficient d’une protection policière individuelle payée entre autres … par le commerçant ! C’est désormais le quotidien des Français que d’éviter les problèmes sur leur lieu de vie. Ils on appris à éviter certains quartiers, certains transports, à adapter leur tenue vestimentaire (pour les femmes surtout), à regarder ailleurs quand il s’agit de certains individus (bien connus des services de police). Beaucoup déménagent, changent de quartier, de région, parfois de pays. Cela ne choque pourtant pas nos politiques ou nos brillants intellos de gauche.

  9. Et priver des milliers de travailleurs et leur famille qui ont refusé l’expérimentation médicale ce n’est pas de la violence ?

  10. Peut être qu’avec ce genre de menaces ils se rendent enfin compte de l’état de ce pays ou les racailles sévissent depuis trop longtemps parce que les juges et les tribunaux ont été trop laxistes . Et le gouvernement porte une grande part de responsabilité de ce qui se passe dans ce pays . Assassins , voleurs , violeurs , squatteurs sont moins punis que leurs victimes , la faute à qui ?

  11. Tant que l’insécurité n’atteint que le peuple les politiques sont sourds et aveugles mais quand ils la subissent comme le citoyen ordinaire ils sont étonnés et affolés……si seulement cela devenait pour eux une priorité afin qu’ils promulguent des lois suffisamment sévères pour faire disparaître la violence .

  12. De plus en plus de militants, manifestants ont commencé à réaliser sous la présidence de Macron que la violence était devenue la seule façon d’agir efficace. Le président s’en est rendu compte et semble avoir convenu que ne plus céder du tout était un impératif d’honneur… toujours et encore parce qu’il ne réalise pas qu’une situation peut devenir réellement incontrôlable au niveau national.
    Si demain, l’approche répressive et le pourrissement fonctionnent et parviennent à éteindre le mouvement, le président aura gagné son pari. Mais si les violences se renforcent et deviennent très coûteuses pour le pays, il aura doublement perdu ; tout d’abord, il devra céder sur la réforme.
    Mais surtout, la violence aura forcé les politiciens d’aujourd’hui à réapprendre, pour plusieurs décennies, ce que la génération précédente savait déjà : il ne faut pas attendre l’explosion pour écouter la rue.

    L’option la plus sage pour Macron serait de reculer maintenant, avant que les choses n’aillent plus loin… Mais est-il capable de reculer ? Le peut-il ? car s’il recule, ses amis financiers ne seront pas contents du tout et adieu l’argent hélicoptère et bonjour la faillite de l’État.

  13. Tout cela est franchement malsain et nauséabond. Mais rien de tel pour en prendre conscience d’être directement concerné.

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