Rencontres méditerranéennes : la fille aînée de l’Eglise délaissée par son pape
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Cela fait un an que tout le monde en parle, le diocèse de Marseille ne pense plus qu’à ça et les catholiques trépignent d’impatience (certains en tout cas). La raison : le pape François vient à Marseille. Il sera présent dans la cité phocéenne les 22 et 23 septembre prochains à l’occasion des Rencontres méditerranéennes, une manifestation réunissant, autour d'événements en tous genres, les évêques des cinq rives de la Méditerranée. La dernière visite d’un pape dans notre pays remonte à 2008 lorsque Benoît XVI était venu à Paris et à Lourdes (le pape François s’était rendu à Strasbourg en 2014 mais uniquement dans le cadre d’une visite au Parlement européen). Cela faisait donc quinze ans que les catholiques français attendaient la visite d’un souverain pontife et officiellement, ils vont encore devoir patienter car contrairement aux apparences, le pape François ne vient pas en France dans quelques jours. Alors qu’il l’avait déjà dit dans l’année, il a cru bon le répéter au mois d’août dernier : « Je vais à Marseille, pas en France. »
Marseille n'est pas la France ?
Comment faut-il interpréter cette phrase ? Au sens premier, cela voudrait dire que Marseille n’est pas tout à fait une ville française (comme les autres). Ce n’est pas totalement faux. Dans la rue, n’en déplaise aux habitants de ces villes, il est possible d’entendre des phrases comme : « C’est Beyrouth ici » ou « On se croirait à Bab El Oued » quand ce n’est pas un « Ici, on voyage pour pas cher » qui est lancé. Tout ceci faisant référence à l’aspect très cosmopolite et multiculturel de la deuxième ville de France. Mais, que les Marseillais s’en amusent ou le déplorent est une chose, que le pape François le suggère en est une autre. Bien évidemment, ce n’est pas le message qu’il souhaitait faire passer. Ce que le Saint-Père voulait préciser, c'est que ce voyage n’était pas un voyage d’Etat. Ce qui a motivé son déplacement n’est en aucun cas la situation marseillaise ou française mais celle de la Méditerranée et des migrants qui la traversent chaque jour par dizaines, centaines, voire milliers pour rejoindre les rives de l’Europe : « La Méditerranée est un cimetière. Mais ce n'est pas le plus grand : le plus grand cimetière se trouve dans le Nord de l'Afrique. C'est terrible. Voilà pourquoi je vais à Marseille. » Tout le monde l’aura compris, le pape se rend dans la deuxième ville de France pour aborder la question migratoire (son sujet de prédilection) et pour cela, la cité phocéenne est une scène formidable !
Chef d'Etat ou évêque de Rome ?
Pour autant, même s’ils entendent la position du pape, les catholiques aimeraient savoir pourquoi le Saint-Père ne vient pas en France. Il lui a d’ailleurs été demandé s’il avait « quelque chose contre la France ». La réponse a été sans appel : « Non ! ». Puis, une précision a été apportée : « Là-dessus, c'est une politique. Je visite les petits pays européens, les grands (Espagne, France, Angleterre...) je les laisse pour après, pour la fin. Je veux commencer par les petits. » La fin ? Etonnant ! Normalement, c’est à son décès que le pontificat d’un pape s’arrête et jusqu’à preuve du contraire, c’est une date qu’il est difficile de prévoir… mais admettons ! Ce qui interpelle le plus dans cette phrase est que le pape parle de politique. Est-ce que cela sous-entend qu’il place son rôle de chef d’Etat avant celui d’évêque de Rome ? La question reste entière. Bien sûr, avant lui, d’autres papes comme Jean-Paul II ont eu un rôle politique mais l’histoire montre qu’ils n’ont jamais perdu de vue leur première mission, celle de chef de l’Eglise catholique. A ce titre, ils se rendaient quasi-systématiquement en France, la fille aînée de l’Eglise. Le pape François, lui, considère la France comme n’importe quel autre pays européen. Une nation dite riche qui ne mérite pas son attention. Merci Saint-Père !
22 commentaires
il ne s’intéresse qu’aux « pauvres », plus exactement aux « émigrés », laissant de côté tous les catholiques en oubliant que ce sont les plus nombreux. de ce fait, beaucoup dont moi, détestent ce pape qui a oublié la plus grande partie de son troupeau.