Rendez-vous avec le sublime : la galerie Borghèse au musée Jacquemart-André

La prestigieuse galerie Borghèse à l'honneur au musée Jacquemart André pour sa réouverture
photo du tableau de Le garçon à la corbeille de fruits

Ce 5 septembre, on se bouscule au portillon du musée Jacquemart-André, boulevard Haussmann à Paris, pour le vernissage d’une des plus prestigieuses collections d’œuvres d’art au monde. Elle est italienne et va de la Renaissance à la période baroque : la galerie Borghèse.

Fermé pour travaux depuis plus d’un an, cet hôtel particulier compte la plus belle collection d’œuvres d’art privée de Paris, constituée au XIXe siècle par les époux Nélie Jacquemart et son époux Édouard André. Le musée a noué, jusqu’au 30 janvier, un partenariat inédit avec la galerie Borghèse dont les œuvres sont conservées dans une villa romaine.

Le meilleur de l’Italie en exclusivité

Pour ouvrir le bal, quarante chefs-d'œuvre de peinture ont été sélectionnés. Si la galerie a l’habitude de prêter un tableau à différents musées, « un tel prêt dans un musée est absolument exceptionnel », confie Pierre Curie, conservateur du musée, à BV.

Les maîtres de l’art italien sont à l’honneur, avec Le Caravage et Botticelli, Raphaël et Titien, ou Bernin, Véronèse, Antonello da Messina, mais aussi des peintres nordiques ayant séjourné en Italie, comme Rubens et Van Honthorst, et des peintres italiens moins illustres, tels que Carrache, Reni, Le Cavalier d’Arpin et Bassano. Parmi les plus notables, on retiendra Le Garçon à la corbeille de fruits du Caravage, La Femme à la licorne de Raphaël, Sibyl de Domenichino, Autoportrait à l'âge mur de Bernini, La Madone et l’Enfant entre saint Ignace d’Antioche et Onophrius de Lotto, Vénus bandant les yeux de Cupidon de Titien. « Nous espérons qu’ils ne seront pas aspergés de soupe à la tomate », soupire le conservateur un peu amusé.

L’esprit Borghèse

La villa Borghèse, musée avant l’heure, a été fondée dans la Ville éternelle en 1606-1607 par le cardinal Scipion Borghèse, neveu du pape Paul V. Il est l’un des pionniers et l’un des plus éminents collectionneurs et mécènes de l’histoire de l’art. Il s’attachait surtout à la qualité artistique et à la richesse symbolique des œuvres, cherchant celles qui captivent le cœur plutôt que l’intellect. C’est ce qui ressort encore aujourd’hui. Il a permis de sortir des œuvres religieuses du cadre sacré, qu’il a rassemblées dans la villa Borghèse par tous les moyens possibles, lui qui avait une très forte influence sur les territoires de l’Église. Il négociait les tableaux, et on les lui offrait quand il ne les volait pas ! C’est le cas d’une centaine d’œuvres de la collection du Cavalier d’Arpin, avec la bénédiction du pape ! La galerie est « un palimpseste historique d’arrivée et de sortie », nous dit Pierre Curie, même si pendant près de 200 ans, aucune œuvre ne sortit de la collection ! « Les œuvres de la galerie Borghèse sont des œuvres religieuses pour moitié, mais sont appréciées d’abord pour leur valeur historique » et artistique, nous explique le conservateur. Le reste provient de la mythologie gréco-latine.

Elle se distingue aussi par son éclectisme : l’on trouve du florentin, du vénitien, mais aussi du lombard, du bolognais et du napolitain. Enfin, les œuvres se donnent la réplique sur le plan technique et temporel en vertu du principe de Paragone. C’est ainsi que l’antique répond au moderne, la peinture à la sculpture, qui est quasiment absente de cette exposition.

Un cadre des plus fabuleux

Dans le sillage de la villa Borghèse, l’hôtel particulier compte aussi des espaces de toute beauté, conservés dans leur jus, donnant à voir des peintures, des sculptures, des tapisseries, des objets d'art et du mobilier pas seulement italien, mais des plus raffinés, allant de la Renaissance au baroque en passant par les arts primitifs.

L’exposition est une « machine à voyager dans le temps », selon les mots de la directrice de la galerie, Francesca Cappelletti. Entre « le clair-obscur de Caravage, les palettes harmonieuses de Raphaël, les couleurs audacieuses du Titien », le style coloré et fantaisiste de Van Honthorst au style de Rubens qui en est la synthèse, c’est un tableau complet de l’histoire de l’art qui s’offre aux visiteurs.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:25.
Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Les Parisiens ont beaucoup de chance car voir toutes les belles expositions initiées dans la capitale s’avère difficile, voire inaccessible quand on est en province ! Quant au vandalisme, je suis d’autant plus surprise qu’il soit possible. En effet, ayant visité Le Louvre en 2015, la fouille à l’entrée y était systématique et très poussée, y compris pour « l’alimentaire »… Donc, que des bouteilles de jus de tomate puissent passer m’étonne beaucoup.

  2. Les tableaux aspergés de soupe dans les musées le sont parce que l’on veut bien qu’ils le soient. Pour preuve les évidentes vidéos de ces abrutis que « personne » n’arrête dans leur action. Ils auraient donc tord de s’en priver.

  3. L’histoire de l’art , l’époque ou les artistes avaient un vrai talent , des oeuvres qui ont et traverseront les siècles encore longtemps .

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