Rendre l’entrée de Notre-Dame payante : La fausse bonne idée ?
Dans un entretien accordé au Figaro, le ministre de la Culture Rachida Dati émet l’idée de rendre payante l’entrée de Notre-Dame de Paris, dont la réouverture adviendra le 8 décembre, afin de financer par ce biais la restauration des églises en danger en France : « Faire payer l'entrée de Notre-Dame sauverait toutes les églises de France. » Cette proposition ne fait pas l’unanimité. Elle serait même contraire à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. En effet, l’article 17 de cette loi indique clairement que « la visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques ; elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance ». Rendre payante l’entrée à un lieu de culte contrevient à cette règle.
Illégal et illégitime
Dans une publication sur son réseau social X, Maître Henri de Beauregard analyse les multiples raisons pour lesquelles le projet du ministre de la Culture est choquant. Au-delà du plan strictement légal de l’accès libre aux lieux de culte, les mots de Rachida Dati contreviennent à l’essence même des églises. Historiquement, les églises doivent être ouvertes à tous. Il s’agit, en effet, des derniers endroits gratuits où tous peuvent profiter d’une exposition d’art varié, architecture, statues, tableaux. Au Moyen Âge, les églises, les cathédrales, étaient considérées comme des Bibles illustrées, afin de mettre à la portée des illettrés
De plus, avant d’être un lieu de visite, une église est un lieu de culte où les fidèles catholiques se rendent pour se recueillir, assister à la messe… Exiger une contribution financière aux visiteurs sans distinction, c’est considérer une église comme un musée, quitte à pénaliser les croyants qui viennent exercer leur culte.
Maître de Beauregard met en lumière le plan culturel des églises. L’architecture typique de chaque région, les saints locaux mis en valeur dans chaque petite chapelle sont un condensé de l’histoire des régions de France, ces lieux sont des témoins des particularités régionales qui ont façonné la France. Rendre payant un accès privilégié aux racines françaises semble inenvisageable.
L’État et les communes ont les moyens
Plus concrètement, Henri de Beauregard dénonce l’aspect économique de l’affaire. Selon lui, nul besoin de chercher de l’argent à l’entrée de Notre-Dame de Paris pour l’entretien des églises de France. Il explique que « l’État et les communes ont les moyens d’assumer ce patrimoine. C’est une affaire d’arbitrage politique. Les monuments historiques, c’est 3 % du budget de la culture quand la transmission devrait être sa première obligation. » Il avance un deuxième argument économique : le tourisme que génère ces églises, qui parfois apportent plus d’argent aux villes où elles se trouvent qu’elles ne leur coûtent.
De plus, il n’est aucune garantie que les fonds collectés aux portes de Notre-Dame de Paris seront, de fait, alloués à l’entretien des églises en danger. Dans leurs communiqués respectifs, la cathédrale de Paris et Monseigneur Rey ont réaffirmé la position inchangée de l'Église de France sur la gratuité de l'accès aux lieux de culte. Certaines personnalités ont tout de même accordé leur soutien au ministre de la Culture : Valérie Pécresse, Bruno Retailleau… L'historien et fervent défenseur du patrimoine français Stéphane Bern souscrit à l’idée de Rachida Dati. Lui-même en avait déjà proposé la mise en place en 2017. La Conférence des évêques de France avait rejeté le projet, en raison justement de la loi de 1905.
Thématiques :
Notre-Dame de ParisPour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
102 commentaires
Je m’oppose à devoir payer 5. Euros pour rentrer au sein de la Cathédrale Notre Dame de Paris ! Si non pourquoi je participerais à la quête du culte ! Rentrer dans une église n’est pas un acte gratuit, soit on vient pour prier, pour se recueillir, où pour visiter ! On peux aussi rentrer dans pour faire les trois actions simultané ! On ne vas à la messe pour être spectateur d’un spectacle ! On vient à la messe pour participer et pour en être les acteur ! Si non à quoi bon aller à la messe ? Autant rester chez soit à la maison ! Hervé de Néoules !
J’ai payé 21 € (sans regret) pour visiter la Sagrada à Barcelone, la cathédrale St Paul à Londres est payante mais pour ne point heurter les convictions de certains il serait plus judicieux de taxer les médias audios,visuels, les administrations,etc… de 5€ chaque mot d’anglais qui ont l’équivalent français. Noble tache pour le ministre de la culture dont le premier soucis devrait être de protéger la langue française et de ce fait approvisionner son budget sans ponctionner celui de l’état, M le 1er ministre lui en serait reconnaissant.
Voilà un débat bien mal posé. ND attire des millions de curieux chaque année : renoncer à une telle manne est idiot.
Quant aux croyants il désirent un accès exclusif aux offices et à un espace de prière.
Je suis un catholique plutôt traditionnel,cette proposition ne me choque absolument pas à la condition que le culte demeure libre et gratuit ,et que les fidèles puissent venir prier librement dans les églises.
L’idéal serait que l’Etat et les municipalités respectent la loi de 1905,mais nous savons que des communes ne peuvent plus entretenir leurs églises,certaines municipalités font des choix d’investissements financiers autres,de manière délibérée .
Nous ne pouvons refaire une guerre religieuse ,le temps presse pour sauvegarder notre patrimoine religieux .
Question : comment faire le tri à l’entrée entre fidèles qui vont prier ou assister à une messe accès gratuit , et les touristes qui doivent payer ?
Par des entrées séparées comme cela se pratique déjà dans divers pays européens .
A Notre-Dame de Paris l’accès aux tours et au trésor est. payant
Dans tous les pays que j’ai eu la chance de visiter (au total 25), j’ai toujours tout payé. Les entrées aux musées, aux églises, aux sites divers, des taxes dans les hôtels avec une tarification spéciale touriste, des chambres au double du prix habituellement pratiqué . Dans certains pays, il y a même des prix de transports différents que vous soyez touristes ou pas (train, tram, taxis etc). Les restaurants proposent des menus avec tarification différente selon votre profil. On a l’impression d’avoir la main dans la portefeuille toute la journée. Alors 5 euros, c’est un minimum. Reste à voir comment faire pour conserver la gratuité pour les paroissiens qui contribuent largement toute l’année.