Rentrée politique de la droite nationale : deux salles, deux ambiances
3 minutes de lecture
C'était, ce dimanche 10 septembre, la rentrée de « l'extrême droite », comme dit France Info. La rentrée des fachos, quoi, la rentrée de la haine. Un dimanche nauséabond, sous un ciel brun, etc. On lira Libé, lundi, pour découvrir de nouvelles métaphores fécales. Bref, Marine Le Pen prenait la parole à Hénin-Beaumont, sur ses terres, tandis qu'Éric Zemmour s'exprimait à Gréoux-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence. À neuf mois des élections européennes, c'était l'occasion pour la droite dite nationale (ou populiste, ça dépend) de préciser son discours et, notamment, de se singulariser en montrant, dans chaque camp, ce qui constituait les ADN respectifs de Reconquête et du Rassemblement national.
Marine Le Pen a donné des chiffres. Elle s'est attaquée (le choix était vaste) aux domaines dans lesquels le gouvernement a échoué, notamment celui de l'Éducation nationale, montrant bien à quel point le caractère anecdotique et faussement sévère de l'interdiction de l'abaya masquait mal la décadence totale du système éducatif, avec « un subtil mélange de marketing et de malhonnêteté », recette qu'elle estime être celui du cocktail macronien. Elle a ensuite listé la démission macronienne dans le domaine de la délinquance étrangère et des flux migratoires. Du sérieux, du solide.
Du côté d'Éric Zemmour, il s'agissait de préciser le positionnement du parti qui se revendique comme le plus nombreux de France, qui a jusque-là peiné à convaincre dans les urnes. Avant de céder la parole à Marion Maréchal, l'ancien candidat à l'élection présidentielle avait apparemment tenu à bien expliquer ce qui le séparait du RN et des Républicains : « anti-woke, anti-immigration et économiquement de droite », a-t-il conclu en guise de résumé. Le RN coche les deux premières cases, LR coche la troisième : Reconquête, en outsider, entend réconcilier identité nationale et libéralisme économique, et en finir aussi bien avec l'enseignement LGBT, l'antiracisme comme religion d'État, qu'avec l'État tentaculaire, l'argent magique et l'assistanat.
De la grandeur, de la pugnacité. Deux salles, deux ambiances, comme on dit dans les discothèques. Du moins Le Pen et Zemmour se retrouvent-ils sur les désastreux accords énergétiques européens, qui appauvrissent EDF et plus généralement la France. Bataille de fond dans le domaine économique, bataille de style, aussi : Marine Le Pen a été précise, quoique véhémente, livrant un discours orienté sur le pouvoir d’achat, la précarité et la pauvreté. Éric Zemmour a été plus littéraire, rhétoriquement plus aiguisé, indéniablement agressif, et s’adressait plus à la France qui préfère « acheter une maison individuelle à ses frais ».
On peut se désoler de l’affrontement fratricide de la droite nationale. On peut aussi se féliciter que cette émulation fasse surgir de tragiques vérités (le Grand Remplacement), hier mises sous le boisseau, ou de jeunes talents très prometteurs, comme Marion Maréchal ou Jordan Bardella. À ce propos, où était-il, ce dimanche, Jordan Bardella, qui va conduire la liste RN aux élections européennes ? Il sera sans doute à Beaucaire, samedi prochain.
Un mot pour conclure sur ces « deux salles, deux ambiances » : les élections européennes sont à un tour. Il n’y a pas de « vote utile » dans ce scrutin. Ce sont, en quelque sorte, si l’on veut, des « élections plaisir ». Le 9 juin 2024 permettra à tous les électeurs de droite de faire leur choix en conscience et de se dresser contre le déclin, qui semble très difficilement réversible, de notre pays, si grand et si beau. « Le désespoir en politique est une sottise absolue », disait un célèbre royaliste provençal. Bravo à ces deux chefs de parti qui ont su s’effacer devant une génération pleine de feu. Et que le meilleur gagne !
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
55 commentaires
Il est clair que la sauvegarde de notre pays ne pourra avoir une chance de succès que par le biais d’une union des véritables forces patriotes de droite . Une alliance de Marion Maréchal et de Jordan Bardella , dans la mesure où ce dernier se libérerait des » jupons » de Marine Le Pen , signerait le départ d’une opération particulièrement positive .