Réparer les EHPAD ou la société ?
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On glose beaucoup de la situation des résidents en EHPAD. Comme on pourrait le faire de maints services hospitaliers. Qu'on me permette trois remarques : celle de la désagrégation des familles, de la déchéance éducative et civilisationnelle et des niveaux de rémunération.
La présence de trop nombreux pensionnaires en maison de retraite est indubitablement due à la destruction des familles et à l'égoïsme qui en vient parfois. Il faut avoir à l'esprit qu'avant de parler de familles recomposées, on doit parler de familles décomposées. Avec tous les effets induits. Sur le psychisme des enfants, sur les difficultés de logement qu'entraînent ces séparations. Et... sur le retournement sur soi-même qui naît des douleurs subies. Nos vieux, dès lors, sont écartés de nos premiers cercles. Écartés de nos vies. Confinés pour notre confort et l'évitement de tout embarras dans quelque établissement dans lequel nous les plaçons - quel terme ! - en usant de mille et une fausses excuses...
Hélas, dans ces hospices, ces établissements de retraite ou de soins, on embauche trop fréquemment un personnel à la fois sous-payé et mal civilisé. Quelle honte pour notre société de l'individualisme qu'une une infirmière soit - et reste -, si mal rémunérée depuis des décennies. Sans même qu'il soit besoin de parler des aides-soignantes.
Et quelle honte (bis) que ce personnel qui, vient souvent de sociétés traditionnelles où l'on prend soin des aînés se laisse aller ou se voit comme obligé et poussé à se comporter sans la moindre humanité.
La société se désagrège ? Non ! On a désagrégé la société ! Le capitalisme, l'antichristianisme sociétal, l'Éducation nationale, une société politique centrée sur elle-même, une Église bien lâche... Tout cela concourut à ce que nous vivons. Concourut à ne plus éduquer la jeunesse et les nouveaux arrivants de notre pays à l'humanité d'un saint Vincent de Paul, d'un Guy Gilbert ou d'un père au lard - le père Werenfried -, d'une Jeanne Jugan ou d'un Don Bosco. Au lieu de cela nous avons laissé s'installer le primat de la jouissance et de la consommation. Nous avons instruit nos petits de mille savoirs économiques ou mathématiques en oubliant un essentiel : l'homme est un être relationnel, la société n'est pas un agrégat de personnes sises les unes près des autres et qui s'ignorent. Elle est celui dans lequel ils se connaissent et ont conscience de l'existence de l'autre.
Il aurait fallu que nos trois belles devises ne soient pas de simples concepts mis les uns à côté des autres, mais compris comme reliés l'un à l'autre.
Sinon, « La liberté détruit l'égalité sociale — c'est même là un des rôles de la liberté —, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d'ordre spirituel » (Alexandre Soljenitsyne).
Il est plus que temps que des philosophes influent sur notre monde éducatif, lequel ne saurait se limiter à l’instruction, et que des politiques nouveaux traitent de la nécessaire assimilation, laquelle est autre que l’intégration.
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25 commentaires
Tout d’abord, 95 pour cent des pensionnaires ne peuvent vivre que là . L’immense majorité tourne autour de quatre vingt dix ans .Mal voyants, en chariot ….difficultés pour s’alimenter, respirer parfois …Il est vrai que les soignants sont en sous effectif .Majoritairement, ils sont attentifs,il est vrai aussi que quelques garces opèrent . Vrai aussi que les visites sont un peu maigres …..l’inadmissible pour moi, e sont les EHPAD privées .
Quel bel article ! Que de vérités ! Merci Mr Du Boullay
Propos durs, amers, mais justes. L’optimiste incorrigible que je suis voit pourtant le salut dans la réflexion. Oui, notre société est un conglomérat d’individus, mais aptes malgré tout à comprendre et corriger leurs erreurs; oui, notre Eglise est lâche, mais son corps est constitué de fidèles enclins à entendre en prière universelle « pour les pauvres, les démunis, les malades, etc… » et qui , quête passée et parvis franchi, retournent au confort de leur propres vies.
A propos de la gestion du Covid en Ehpad, il faudra bien que Justice fasse toute la Lumière. Je n’ai personne de ma famille en Ehpad, mais ce que j’ai appris au cours de ces 2 dernières années est un véritable scandale politique, avec Macron, Castex, Véran, qui se cachent derrière Mac Kinsey (un étranger)…Avant de Juger Sarkozy, Géant, il faudra commencer par cette Politique du Covid !!!
Ma mère atteinte d’Alzheimer était en Ehpad. J’ajouterais que bien que je changeais constamment mes jours de visites pour surveiller, elle est tombée sans que, je sois informée. J’ai cru qu’elle était morte quand je l’ai trouvée dans sont lit inerte, elle ne parlait plus. Ils m’ont refusé son accompagnement pour l’irm nécessaire. Puis pour satisfaire des bénévoles très actifs, on l’a changé de chambre et d’étage ou elle était depuis deux ans. i Afin de donner sa grande chambre à l’un des leurs.
Ne nous détournons toutefois pas de certaines réalités qui font que, même avec la meilleure volonté du monde, les choses ne peuvent plus être aujourd’hui comme il y a cinquante ans en arrière.
On ne s’occupe pas de centenaires comme on le faisait de gens qui mourraient à 70 ans. La dissémination géographique des familles complique la capacité des enfants à être aux côtés de leurs parents. Le dévouement trouve ses limites dans une société qui a transformé la vieillesse en marché etc.
M du Boullay, un peu de respect pour les lecteurs: guy gilbert ? Pourquoi pas l’abbé pierre !
» Réparer les EHPAD ou la société ? »
Question à laquelle je réponds sans hésitations aucunes : Cette société qui tous les jours, un peu plus, s’en va à vau-l’eau. Pour ester poli, bien entendu.
La question est très bien posée
Laisser les vieux seuls dans leur logement mal chauffé, avec des defaillances matérielles que personne ne répare, les portes, la cuisinière, les robinets, l’électricité, avec une aide ménagère deux fois par semaine quand on en trouve! ou les mettres dans une maison où ils trouvent animation et compagnie, service médical, animations, gardes de nuit, suivi des soins? Une seule chose, cela coute cher et mange tout leur patrimoine, aidés en cela par les curateurs payés devant leur écran internet.
Hélas tout cela est juste.
En 1980, Jean Ferrat le chantait déjà : « Tu verra, tu seras bien… ».
Excellente tribune qui remet en lumière les causes profondes du problème de la dépendance. Il conviendrait aussi de mettre en place une politique résolument nataliste, au lieu de promouvoir l’avortement et de pallier le déficit de naissances par l’immigration, ainsi que d’abandonner le système de retraites par répartition qui fonctionnait à sa création avec 4 actifs pour un retraité mais qui est condamné à brève échéance vu le ratio actifs/retraités, appelé à diminuer de plus en plus.
Je suis moi aussi pour une politique nataliste mais elle risque hélas de profiter davantage aux immigrés de première, deuxième et troisième générations dont certains ne s’intègrent pas.
La loi Veil a été détournée, c’est une honte !
Ce pays est écoeurant pour tout, tout …
Cette excellente analyse prouve que ce n’est pas de comptables dont nous avons besoin pour diriger le pays, mais d’hommes de traditions attachés à notre culture. Notre grand dernier Président, Georges Pompidou en est l’exemple. De même, l’enseignement doit être également repensé.
Tout ce que vous décrivez est malheureusement exact et les deux années que nous venons de vivre ont été le coup de grâce.
Que penser d’une société qui a empêché les visites dans les EHPAD, qui a laissé mourir les vieux sans leur famille, qui nous interdit de nous embrasser ou de nous serrer la main ?
Quelle dégringolade vertigineuse !
C’est chose facile d’accuser les Ehpad alors que la facilité pour beaucoup de familles c’est de se débarrasser des vieux en les mettant dans des Ehpad et de ne s’en occuper qu’un minima. Les choses ne sont pas aussi faciles dans cette société de loisirs qui passent avant tout.
je ne pense pas que la majorité des gens » se débarrassent » de gaité de coeur de leurs ainés dans un Ephad – En revanche je pense en effet qu’ils ne sont pas » équipés » pour les garder près d’eux : ni moralement, ni sur le plan pratique !
Rien dans notre société n’est fait pour soutenir la prise en charge d’un ainé dans sa famille ( espace de vie – disponibilité – financement) –
C’est le problème central auquel il ne faut pas soustraire l’éducation dispensée depuis des décennies par des individus aux ordres de dirigeants gouvernementaux plus préoccupés par leur carrière que par leurs concitoyens.
Et qui a eu, comme, moi, au téléphone des collègues (mal civilisés pour certaines, hein!!!) pleurer parce qu’elles n’avaient pas le droit de prendre soin des personnes âgées, obligation de l’ARS (donc du ministère)…
Alors, non, ce n’est pas la société qui a empêché ces visites, mais le gouvernement, tandis que le personnel a tenté de faire au mieux malgré les contraintes, les interdits et l’agressivité (que je comprends) des familles, tout en faisant ensuite des cauchemars
Je vous rejoins à 100%, ce n’est pas notre société de moutons égoïstes qui est responsable de ce désastre, mais ses « dirigeants ». D’ailleurs ne dit on pas « tel chef telle troupe »! Qui à formé cette société? Relire l’histoire des dernières décennies n’est pas superflu.