[Reportage] Enterrement de Benoît XVI : une cérémonie sobre, une homélie a minima

© Constance du Coudert
© Constance du Coudert

Une cérémonie plutôt courte, extrêmement sobre. Cela correspondait-il aux vœux de Benoît XVI ou bien à une volonté de ne pas donner trop d’éclat à la messe pour le repos de l’âme de ce professeur de théologie, évêque puis cardinal et préfet, pendant vingt ans, de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ami de Jean-Paul II puis pape ?

En tout état de cause, la foule d'environ 50.000 personnes était recueillie mais moins nombreuse que ce qu’avaient laissé imaginer les 200.000 personnes venues se recueillir devant la dépouille. L’image d’un pape solide mais discret semblait avoir imprégné les cœurs. Le froid mordant et une chape de brouillard tenace s’accordaient aux circonstances.

© Constance du Coudert

Au premier rang, Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoît XVI. Il y a quelques jours, le prélat s’exprimait en homme de foi, très ému, sur Vatican News : « Humainement, je souffre beaucoup… mais spirituellement, je vais très bien. » Il raconte : « Les derniers mots du pape Benoît XVI, c’est une infirmière de garde qui les a entendus : "Seigneur, je t’aime !" »

Pas moins de 130 cardinaux, 400 évêques, beaucoup de patriarches orientaux et 3.700 prêtres étaient aussi présents.

En face, au premier rang devant l’autel, la présidente du Conseil des ministres d'Italie Giorgia Meloni ainsi que son prédécesseur Mario Draghi et Sergio Mattarella, le président de la République italienne. De nombreux membres du gouvernement italien étaient là : les ministres des Affaires étrangères, de la Justice, de la Culture, de l’Agriculture, de l’Université. Le président du Sénat Lorenzo Fontana (Ligue) également.

Une présence des institutions italiennes chargée de sens : Benoît XVI était un fervent défenseur des racines chrétiennes de l’Europe. Sur Twitter, Giorgia Meloni explique qu’elle « se trouve aujourd’hui à Saint-Pierre pour saluer une dernière fois Benoît XVI, pape émérite. Lumineux théologien qui nous laisse un héritage fait de foi, de confiance et d’espérance. C’est notre devoir de le conserver et de l’honorer toujours et de poursuivre ses précieux enseignements. »


Sont également présents le chancelier et le président allemands, les présidents polonais et lituanien, le roi et la reine des Belges et beaucoup d’autres. Fait notable, Joe Biden est absent, selon le souhait qu’avait expressément formulé Benoît XVI de son vivant.

© Constance du Coudert

Dans la foule

Dès 7 heures du matin, une fanfare bavaroise en costume traditionnel venue tout exprès de la patrie du pape Ratzinger jouait le long de la colonnade qui enserre la place Saint-Pierre où l'on croise beaucoup d’Italiens, d’Allemands, mais aussi des Espagnols, des Américains, des Français. Parmi ceux-ci, nous avons rencontré un groupe de lycéens de Lyon, accompagné d’un prêtre, arrivé le matin même. « Pour moi, Benoît XVI était le pape de la foi », nous confie l’un d’eux. « Un exemple d’obstination chrétienne, lui qui a été enrôlé dans les jeunesses hitlériennes et qui a su leur résister. »


Une famille est venue de région parisienne pour 24 heures. Ils racontent que « Benoit XVI, c’était comme quelqu’un de notre famille. Nous ne pouvions pas ne pas venir. »


Plus loin, Aude nous dit avoir voulu par sa présence « témoigner de sa gratitude et de son admiration envers ce pape » qui « a mis son intelligence au service de l’Église » et qui était, dit-elle, « d’une humilité bouleversante. Ce qui était frappant, chez lui, poursuit-elle, c’est son amour de la vérité, son exigence de la vérité. On sentait, en le lisant, à quel point la vérité doit nous guider, nous attirer à elle. Benoît XVI, par ses travaux notamment, est une lumière dans le relativisme contemporain. »

Le pape François

Le pape François, qui est apparu plutôt fatigué, n’a pas souhaité dans son homélie rendre hommage au professeur, à l’intellectuel, au théologien qui entendait restaurer publiquement les liens intrinsèques de la foi et de la raison, ni au pape. Son homélie, très - trop ? - courte était uniquement centrée sur le rôle du pasteur. Curieusement, le pape défunt n’est cité qu’une seule fois, à la toute fin de son homélie : « Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours ! »

© Constance du Coudert

Un parti pris d’extrême sobriété qui en a sans doute dérouté plus d’un. Sur Twitter, l’écrivain américain Rod Dreher exprime son indignation : « Je n’arrive pas à croire ce que j’ai entendu. Pas un mot sur l’immense legs de Benoît XVI ! »

À la fin de la messe, lorsque le cercueil quitte la place Saint-Pierre pour rejoindre les grottes vaticanes où se trouve la nécropole des papes, une longue salve d’applaudissements retentit, tandis que quelques voix crient « santo subito » (« saint immédiatement »).

Au Vatican, les drapeaux n’ont pas été mis en berne, au contraire du territoire italien et des sièges des institutions italiennes, par respect pour le pape émérite. Les activités ont repris très vite, il n’y a pas de période de deuil prévue au Vatican au motif que le défunt n’était pas un pape régnant.

S’ouvre désormais pour le pape François une nouvelle phase de son pontificat que d’aucuns, en Italie, prédisent pleine de turbulences. En témoigne l’entretien accordé par Mgr Gänswein au Tagespost et sorti dans la presse à peine quelques heures après la mort de Benoît XVI.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Le dernier Pape de la Vraie Chrétienté….Le nouveau est vers le Wokisme, ou tout au moins ne s’en offusque pas ! Macron le tutoie et lui sert la main…..C’est ainsi que l’on agit dans certaines Obédiences !

  2. Deux choses doivent être soulignées :
    1/Biden tenu à l’écart à la demande de Benoit XVI
    2/Macron va au Qatar pour une 1/2 finale de foot et envoie Darmanin pour représenter la France quand les Présidents et Premiers Ministres des 2 autres grands Pays fondateurs de l’UE (Allemagne et Italie) étaient là.

  3. Ne lui arrivant pas à la cheville, ce François, distille une irrévérence vis-à-vis les chrétiens fidèles au dogme catholique et à sa complexité. Quant à moi, je ne veux pas l’entendre. Il est petit. C’est un pape nain qui fait beaucoup de mal au monde chrétien. Vivement qu’il soit remplacé et peu importe comment. Je n’en aurai aucun agréable souvenir de ce pape qui se mêle de tout. Par contre, j’ai beaucoup de respect pour celui qui vient de nous quitter : Benoît XVI.

  4. Le décès du regretté pape Benoît XVI et les cérémonies qui s’en suivent mettent en évidence une situation à laquelle les catholiques du monde entier devraient peut-être prêter une plus grande attention.
    Il est tout-à-fait clair, désormais, que l’Église Catholique et Romaine sous le Pontificat du pape François est mieux considérée par les mondialistes et progressistes inspirés de l’Internationale Socialiste d’une part, et par les capitalistes exclusivement « financiers » d’autre part, que ne le fut l’Église Catholique et Romaine sous le pontificat du pape Benoît XVI.
    Mais cela ne signifie pas pour autant que l’Église (comme, d’ailleurs, la société actuelle dans sa globalité), trouve finalement grâce tant auprès des premiers que des seconds, lorsque ceux-ci s’estimeront assez fort pour nous porter l’estocade finale !

  5. Que je trouve ridicule les religions et leurs frasques! Je crois en Dieu mais certainement pas aux hommes qui veulent se l’approprier.

    • Etes vous bien sûr de connaître le sens des mots que vous employez ? Allez donc parler de leurs frasques à l’ayatollah Khamenei ou au Recteur de la Grande Mosquée de Paris et revenez nous dire l’accueil que vous aurez reçu.

  6. Passée la bonté que son visage bonhomme laissait présager, le pape François met une certaine volonté, à défaut d’une volonté certaine, à diviser les catholiques, dont je fais partie.
    Ses paroles, ses écrits ne sont pas toujours en corrélation avec ses actes.

  7. Il n’est pas facile pour un catholique d’exprimer son opinion négative sur le Pape. Mais François manque de charisme et se contente de prendre des positions modernistes par opportunisme. Son quasi silence à propos de Benoît XVI est particulièrement regrettable ; il ne manifeste pas une grandeur d’âme et la bonté que l’on attend du Saint-Père.

    • Le visage maussade, fermé, sans affects du pape François contrastait avec les photos du pape Benoit XVI, souriant, plein de bonté et de douceur !

  8. C’est la première fois de ma vie qu’à une homélie de funérailles le nom du défunt n’st prononcé qu’une fois ….
    Effectivement le minima du minima .
    Les chants et le cérémonie étaient beaux …

  9. Et en même temps , le ministre de l’Intérieur français , refuse d’interdire une réunion de musulmans extrémistes en Avignon , ancienne ville des Papes.

  10. Le Pape de la Foi vécue et dite avec des mots d’une clarté rare . Son éviction a vidé les églises .

  11. Vous semblez regretter que la cérémonie ait été sobre alors que c’était le vœu je crois du défunt. Un vœu sincère , sûrement vu la qualité de ce Pape.

    J’ai été surpris de lire qu’il avait expressément demander que Biden ne vienne pas . En utilisant le lien dans l article à ce propos, je n ai pas trouvé quand et pourquoi il aurait fait cette demande expresse. Il trouvait Joe trop vieux pour faire le déplacement ?

    • Entre une cérémonie sobre, peut être (nous n’en avons pas la preuve) voulue par le défunt et le fait que son nom n’a été prononcé qu’une fois pendant l’homélie, il y a une marge, que dis je un canyon, que tous les croyants ont reçu comme une sorte de déchirure.
      En ce qui concerne biden je ne sais pas et n’ai pas cherché, mais il me paraît normal de penser que ce monsieur, qui qu’il en soit, n’y avait pas sa place au sens spirituel de la cérémonie. (notre petit président n’y avait pas sa place non plus, et je suis ravie qu’il ne se soit pas déplacé)

  12. Il est peut être temps que le pape François rejoigne Benoît XVI, je veux dire qu’il démissionne à son tour.

  13. Que vouliez vous qu’un pape aussi minable puisse dire de Benoit XVI qui était en tout point le contraire de ce que représente celui ci. Jusque dans son allure on remarque qu’il est médiocre.

      • La critique est facile mais l’art est difficile , bravo à tous les bons cathos qui se défoulent, ne vous étonnez pas que les églises se vident !!! Déjà que sur ceux qui continuent d’aller à la messe 1 sur 5 est charitable , sans compter tout le reste !!!

      • Exact pour la médiocrité ? Bravo j’admire les bons cathos qui jugent, critiquent et se pavanent , l’esprit de charité au fait vous connaissez ?

    • Bravo pour votre commentaire, vive les bons cathos comme vous !! que ce Pape ne vous convienne pas, bof!!! déjà à votre niveau pour en juger ? et de plus c’est comme en politique le même panier à crabes !!! il est vrai que Benoit et son prédécesseur paraissaient plus sincères et plus efficaces et moins politisés , mais !!!Qui pouvons nous ???

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