Requiem pour une France défunte
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Hier, c'était la fête de la Musique. Le Premier ministre s'est, d'ailleurs, comparé à un chef d'orchestre, en insistant sur le fait que la diversité était aussi importante dans un gouvernement que dans une formation musicale. Il y a des instruments différents. La métaphore, banale au demeurant, témoigne du souci évident d'éviter les couacs, puisque la ligne politique du pouvoir actuel n'est faite que de communication.
Ferrand est "exfiltré" après sa brillante réélection d'arrangeur professionnel qui connaît manifestement la musique. Ses électeurs ne lui en ont pas voulu. Lorsque les médias n'en font pas un leitmotiv et n'augmentent pas le son, les arrangements sont acceptés par des oreilles tolérantes. Il animera le groupe En Marche ! de l'Assemblée. Sa pratique socialiste et son talent pour les combinaisons lui permettront de mettre ce groupe hétéroclite et novice au diapason.
Mme Goulard a, quant à elle, sonné l'extinction des feux. Sa nomination était déjà une fausse note. Ses sentiments eurolâtres et son amour particulier pour la musique allemande convenaient peu au ministère de la Défense, où le patriotisme est de mise. Comme Bayrou et Sarnez, elle est touchée par le fonctionnement de leur parti, le MoDem, et les emplois d'assistants du Parlement européen. Son départ est une bonne nouvelle pour le pays, une moins bonne pour le duo qui dirige cet orchestre de chambre.
Le maire de Pau se voyait en premier violon. Le ministre de la Justice a multiplié les canards ces derniers temps et déchaîné le journal satirique éponyme à son encontre. Pression téléphonique auprès de Radio France, retweet de soutien politique à sa fidèle complice dans une affaire relevant de la justice : Bayrou se voulait l'homme-orchestre, maire un jour, citoyen le lendemain, et accessoirement garde des Sceaux le troisième. Chantecler du soleil macronien par son chant matinal, il se croyait intouchable. Il risque de devenir le vilain petit canard de l'équipe : un comble pour un soliste certain de son génie.
La majorité confortable obtenue aux élections législatives, inversement proportionnelle au nombre des électeurs, permettra à l'exécutif de se passer des gêneurs. L'essentiel sera d'obtenir l'harmonie dans le groupe majoritaire. Le contrepoint sera fourni par le nouveau groupe formé par les Républicains "constructifs", que de mauvaises langues appellent "traîtres" ou "collaborateurs" sous prétexte qu'ils n'avaient pas inscrit ce morceau-là sur leur programme. Ils ont préféré en faire la surprise aux spectateurs, sans doute ravis. Au demeurant, nulle dissonance, mais de la complémentarité. Le rêve consiste, évidemment, dans une opposition intégrée à la majorité et jouant de concert avec elle.
Déjà, des artistes talentueux et populistes annoncent vouloir jouer dans la rue. Mélenchon a dégainé son saxo et s'apprête à mettre de l'ambiance en ville à la tête de son brass band.
Le Pen n'a pas pu constituer sa fanfare militaire, faute de combattants, mais elle aussi devra se faire entendre sur les places publiques, faute d'avoir assez de musiciens dans la salle.
Quant aux Républicains qui n'ont pas joué la symphonie des adieux, ils mettent du temps à accorder leurs instruments. Faute de partition et de chef, ils sont condamnés au brouhaha.
Où s'arrête le bruit ? Où commence la musique ? Certains vont jusqu'à préférer les explosions des bombes aux sons harmonieux des instruments de musique. D'autres se grisent des sonorités venues d'ailleurs et qui règnent désormais dans une France multiculturelle. Les aboiements du rap relèvent même, pour quelques-uns, de la poésie.
Mais quelle importance ? Il n'y a pas de culture française, mais des cultures en France. Saint-Saëns et Wagner, même combat ! Si Macron l'a dit, respect ! Les silences qui suivent ses discours appartiennent encore au Mozart de la politique, en train d'écrire un requiem pour une France défunte.
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