Pour restaurer et réconcilier la Russie, Poutine fait accepter d’expier le soviétisme !
La chute du mur de Berlin (9 novembre 1989) a consacré l’échec idéologique et socio-économique du marxisme.
Face à un Occident médusé et à l’hostilité de la rien-pensance universitaire, intellectuelle et médiatique de gôche – il fallait voir ses déclarations, traumatisée par « ce drame sans précédent » -, de Berlin à Prague, de Varsovie à Budapest, de Kiev à Moscou courait alors cette plaisanterie devenue culte : "Le mur est à l’est, les communistes sont à l'ouest…"
En bientôt trente ans, les pays de l’Est se sont remodelés et ont connu un nouvel essor économique et social, cherchant à rattraper les dévoiements de décennies de dictature et de planification marxiste.
La Russie de Poutine n’a pas été en reste et s’est attelée à dénoncer les exactions et les massacres de ceux qui voulurent, à l’image des Jacobins de France, "régénérer la Russie à leur manière".
Cela s’est traduit lors de la période révolutionnaire, pour la seule Russie, par plus de treize millions de morts, « épurés » par les apparatchiks de Lénine, Trostski et ensuite Staline…
(Selon l’ONG Memorial, jusqu’à 39 millions de personnes ont pu être victimes de répression politique durant les soixante-dix ans l’ère soviétique !)
Depuis vingt ans, tous les monuments russes majeurs – notamment religieux - détruits par le fascisme rouge ont été restaurés, voire reconstruits.
La famille impériale, odieusement massacrée, a été réhabilitée et canonisée par l’Église orthodoxe, restaurée dans ses prérogatives.
L’URSS a disparu et la Russie ressuscite.
La phrase célèbre d’Alexandre Nevski (en conclusion du film d’Eisentein) prend aujourd’hui une nouvelle résonance tout aussi prophétique qu’à l’époque du tournage pour la propagande stalinienne : "Et sachez bien que la Russie existe !"
On pourrait même dire "Sachez bien qu’elle revit", malgré les nostalgiques des soixante-dix ans de la terreur rouge qui manifestent encore, et de façon virulente, leur hostilité au régime actuel.
À l’occasion du centenaire de la révolution bolchevique, Poutine est allé plus loin : aucune commémoration officielle n’est prévue.
Il vient d’inaugurer, ce 30 octobre, le "mur du chagrin", monument à la mémoire des victimes du soviétisme !
Cette date est celle de la "Journée du souvenir des victimes des répressions politiques", instaurée dès 1991.
Situé au croisement de la perspective Sakharov (tout un symbole) et de l’anneau des Jardins, dans le centre de Moscou, ce gigantesque monument de bronze, long de 30 m et haut de 6 m, est percé de plusieurs arches permettant de passer d’une face à l’autre.
Il montre un ensemble d’environ cinq cents silhouettes confondues, émergeant les unes dans les autres, figurant les âmes anonymes de ces millions de morts déclarés "ennemis du peuple" déportés, torturés et massacrés sur ordre des apparatchiks, de Lénine à Staline, dans les divers goulags. Des encadrés portant la mention "Souviens-toi" rédigés en diverses langues parsèment l’ouvrage.
Le patriarche Cyrille était présent lors de la cérémonie d’inauguration, aux côtés de Vladimir Poutine et de nombreuses personnalités politiques et culturelles, entourées d’une foule immense de Moscovites.
Réconcilier les Russes en renvoyant le soviétisme, sa révolution et ses exactions aux poubelles de l’Histoire et en exaltant les valeurs traditionnelles, historiques, culturelles et religieuses de la Russie millénaire - face aux nostalgiques qui voulaient "faire du passé table rase" - était un pari risqué que Poutine est en train de gagner.
France 3, dans son journal, préférera évoquer la maison de Lénine à Paris, 4, rue Marie-Rose, musée (!) fermé depuis 2007, en déplorant que la plaque commémorative en ait été retirée…
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