Que reste-t-il de Daech en Syrie ?

L’État islamique est vaincu. Il a subi des pertes considérables et de nombreux volontaires venus de pays étrangers sont repartis. Certains vers leurs pays d’origine, d’autres vers de nouveaux points de conflit : Afghanistan, Mali, Libye.

Ceux qui sont encore présents en Syrie tiennent quelques poches d’où ils parviennent à mener des raids meurtriers. La plus emblématique, et la plus restreinte, est celle de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. À l’origine, c’est un camp de réfugiés palestiniens. Lorsque ces derniers ont été chassés de leurs terres en 1948, plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge là. Au fil des décennies, il est devenu une vraie ville comptant 250.000 habitants.

Yarmouk a vu de nombreux combats, depuis 2011, entre Palestiniens, islamistes et armée syrienne. Finalement, en 2015, c’est Daech qui l’a emporté contre Al-Nosra et les islamistes palestiniens, l’armée syrienne ne tenant plus qu’une partie du camp aidée par des Palestiniens loyalistes.

Depuis, c’était le statu quo. Il a été rompu lors de l’attaque syrienne contre la Ghouta. Daech a profité du relâchement de l’armée dans son secteur pour attaquer de nouveaux quartiers, faisant plusieurs victimes et étendant son territoire.

Maintenant que la Ghouta a été vaincue, la reconquête de Yarmouk est à l’ordre du jour. Des troupes sont déployées à proximité depuis quelques jours et seront épaulées par des Palestiniens bien décidés à prendre leur revanche. Ce ne sera pas facile, tant le réseau de tunnels creusés par Daech est dense et profond. Tout en pilonnant les positions islamistes depuis le 21 avril, Damas a ouvert des négociations afin d’obtenir une évacuation qui lui éviterait de lourdes pertes.

Le deuxième territoire tenu par Daech est plus vaste et plus mouvant. Il se situe tout à fait à l’est, à la frontière avec l’Irak. C’est une zone désertique, mais le terrain y est accidenté, permettant les caches. Nous sommes à l’est de l’Euphrate, là où l’armée américaine s’est installée avec ses alliés kurdes. Cela permettait aux Américains de combattre Daech et de mettre la main sur les puits de pétrole syriens…

Mais depuis que les Turcs ont attaqués les Kurdes à Affrine, ceux-ci, mécontents du lâchage des Américains, ont, pour beaucoup, quitté la région et rejoint leurs frères dans le nord afin les aider en cas de nouvelle attaque turque. La lutte contre Daech a donc quasiment cessé, lui permettant de se réorganiser et de se déplacer à cheval sur les deux frontières. Malgré cela, les Américains interdisent toujours à l’armée syrienne de passer l’Euphrate, pour le plus grand bonheur de Daech, qui s’est même permis une attaque éclair contre la ville de Mayadine, il a quelques jours.

Quelques centaines de combattants de Daech se déplacent également dans le désert entre Palmyre et Mayadine, sans constituer un réel danger pour l’instant.

L’État islamique constitue donc encore une menace et la libération de Yarmouk est donc incontournable.

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Antoine de Lacoste
Conférencier spécialiste du Moyen-Orient

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