Restitutions : et si le musée d’Alger nous rendait nos peintures ?
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C’est l’une des polémiques de la semaine dernière. Au terme d’une cinquième réunion de la commission d’historiens français et algériens réunie pour plancher sur les « méfaits » de la colonisation française, l’Algérie a transmis une liste de biens qu’elle entend se voir restituer. Cela fait suite aux propos du président Tebboune qui déclarait, le 7 mai dernier : « Le dossier de la mémoire ne saurait faire l'objet de concessions ni de compromis, et restera au cœur de nos préoccupations jusqu'à son traitement objectif, audacieux et équitable envers la vérité historique. »
Le président algérien propose donc « une liste ouverte (sic) de biens historiques et symboliques de l'Algérie du XIXe siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution à l'Algérie sous forme de gestes symboliques », rapporte l’AFP. La France, il faut croire, aurait donc spolié l’Algérie de son patrimoine culturel. À bien y regarder, il semblerait, tout au contraire, que la France ait très largement pourvu son ancienne colonie en œuvres d’art, y compris en achetant, pour fournir les musées algériens, des œuvres françaises mais aussi... algériennes !
Un traitement équitable, vraiment ?
C’est la raison pour laquelle La Tribune de l’Art s’est invitée dans le débat. David Rykner écrit, sur X : « On "restitue" à l'Algérie ? Très bien. Alors, on doit récupérer toutes les œuvres qui ont été acquises grâce à la France pendant la colonisation, notamment les collections du musée des beaux-arts d'Alger. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. » Ce serait là, en effet, une mesure parfaitement objective, audacieuse et équitable envers la vérité historique que revendique M. Tebboune.
L’histoire du musée des beaux-arts d’Alger est on ne peut plus édifiante. Aujourd’hui l’un des plus grands musées d’Afrique, il a été ouvert en 1930. Y sont représentés les plus grands maîtres de la peinture hollandaise et française, les grands noms de l’impressionnisme, les grands sculpteurs comme Rodin, Bourdelle et Belmondo… 8.000 œuvres, pour une collection née « de la volonté des politiques à la fin du XIXe siècle, à l'époque de l’Algérie française », nous dit Wikipédia. « Dans cette Alger européanisée, le musée des beaux-arts fonctionnait comme une institution où les personnes cultivées ne se sentaient point dépaysées, mais son ambiance soumise aux particularismes locaux permettait aussi de se détacher de la métropole. » Une raison à cela : le colonisateur n’avait pas oublié les artistes algériens emblématiques comme Baya, Yellès et Racim.
Rien ou presque depuis l’indépendance…
En avril 1962, au plus fort des attentats, 300 œuvres avaient été déménagées et déposées au Louvre. Elles furent restituées en 1969. À noter que ce sont bien les Français qui, depuis le début, se sont chargés d’acquérir le fonds du Musée national des beaux-arts d’Alger, l’enrichissant notamment des grands noms de la peinture orientaliste, si prisée au XIXe siècle. Pour preuve de l’implication de la métropole dans ce qui était alors un département, « preuve du caractère didactique et patriotique du musée », une section historique était constituée de dépôts du musée de Versailles.
C’est encore un Français, Jean de Maisonseul, conservateur du musée d’Alger jusqu’en 1970, qui se chargera de « remédier à la pauvreté du fonds d’art algérien ». Un fonds également enrichi par les cadeaux offerts par les États lors de l’accession de l’Algérie à l’indépendance. Et puis ? Et puis rien, ou presque, car « très peu d'achats d'œuvres ont été effectués après l'indépendance du pays », nous dit-on. C’est sans doute pour cela qu’on nous demande, une fois encore, de remplir les salles ? En échange, les musées français seront ravis de récupérer des toiles de Jongkind, Boudin, Picasso, Sisley, Monet, Morisot et Renoir, mais aussi Derain, Matisse et Vlaminck et bien d'autres (un petit tour sur le site du musée permet de mesurer l'étendue des collections)… puisque chacun reprend ses billes !
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35 commentaires
L’Algérie, Tunisie et Maroc reçoivent près de 10 milliards d’euros par AN, de leur diaspora, essentiellement basée en France.
Ce qui prouve une fois de plus que les diverses allocations versées sont beaucoup trop confortables.
Bon, pour les oeuvres en mobilier c’est encore simple,mais pour l’immobilier, comment faire? Comment remettre à Rome le site de Timgad ? Et puis aussi, problème, comment définir celui qui doit récupérer. La France doit restituer les Rubens, imaginons, mais à qui, à la Belgique qui n’existait pas à cette époque ? A l’Espagne puisque le peintre relevait des Pays-Bas….espagnols ?
Une idée, pourquoi ne pas nous envoyer l’argent des visites de musées et sites historiques qui furent érigés par la France et idem pour les autres car quand on rejette une civilisation, en n’en profite pas et on envoie vers le pays d’origine le montant des recettes qui ne font pas partie du PIB du pays chouinant !
On attend…
On peut même dire à l’Algérie qu’un ne veut plus, ni du Beur ni de l’argent du Beur ! Quant à la crémière…
Que dire de la restitution des chemins de fer, des hôpitaux, des écoles, bref, de la civilisation …
on les démonte et on les récupère, nous sommes dans le besoin, chiche !
Les dirigeants algériens feraient bien de regarder ce qu’est l’Algérie et d’où elle vient. Sans l’aide des ennemis de la France, d’hier et d’aujourd’hui, sans l’argent du pétrole découvert par la France, sans les infrastructures laissées par la France, sans le débouché de l’émigration a gogo vers la France, que serait elle ? Au juste.
Absolument rien.
Mais comment se fait-il que ce pâtrimoine français ne soit pas revenu en France avant l’indépendance ? Et qui a autorisé le départ d’oeuvres appartenant à la France en 1969 ? Malraux ? Une nouvelle affaire d’état ?
Des Algériens sont morts pour la France, d’autres ont combattu pour elle et ont été parqués trop longtemps dans des camps sur notre territoire. La différence de statut entre Algériens a laissé des traces sous forme de revanche d’une ségrégation institutionnalisée. Mais on ne peut cracher sur la France et s’y faire soigner ,ne voir que ce qui manque et choisir d’ignorer tout ce qui a été donné et réalisé.
et si en même temps, on leur rendait les centaines de milliers d’algériens qui ne se sentent pas bien chez nous? Ce serait aussi un acte symbolique.
Un gouvernement de l’époque incapable de rapatrier les œuvres du musée d’Alger en France
comment des gens qui nous conspuent constamment peuvent-ils venir ou vivre chez nous ??? quel masochisme !
Qu’on leur rende donc ce qu’ils demandent et qu’on cesse définitivement toutes relations avec ce pays et qu’on supprime toutes aide sous quelque forme que ce soit à ses ressortissants.Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées
Je lis cela aussi en Belgique avec le musée du Congo avec ce pays qui réclame le retour des ces « oeuvres d’art ». Ces pièces sont souvent des dons non écrits entre ceux des vols effectifs mais comment savoir? On n’hésite pas disent certains, de toute façon on n’a pas besoin de celà et une fois débarrassés de ces choses cela nous fera de la place. En espérant qu’ils en prennent soin une fois arrivés au pays….
Je propose, la restitution de la Mitidja dans l’état où elle était en 1830 : un marais, des moustiques, le palu !!!
En 5 ans, avec les moyens modernes, on pourrait défaire ce qui a été fait en 100 !
Oui, mais les négociations selon l’algérie, c’est « ce qui est à nous nous appartient, ce qui est à vous est négociable ». Et comme la France est bonne pâte …
il faut tout reprendre, et puisque la colonisation c’était pas bien, il serait temps de ramener l’Algérie en 1853 et ne plus verser d’aides et supprimer les accords qui n’ont plus lieu d’être, et le gros c’est de renvoyer tous ces algériens délinquants, et les binationaux, qui n’ont rien à faire sur le territoire notamment les fameuses OQTF, et suppression des visas systématiques, ils veulent revenir à se débrouiller seul, il faut leur faciliter la tâche, tout ça dans les bateaux et avions, quel bonheur cette initiative algérienne.