Retailleau a-t-il déjà gagné le match face à Wauquiez, avec ces ralliements ?

Retailleau a obtenu le ralliement de la fédération de Paris et serait aussi soutenu par Éric Ciotti .
Capture écran Le Point
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Bruno Retailleau est bien la révélation politique inattendue de ces derniers mois. En assumant une ligne forte, clairement à droite, sur les questions d'immigration, de sécurité et d'identité, le ministre de l'Intérieur, qui a su s'imposer à Barnier, Bayrou et Macron dans une situation chaotique, a engrangé une réelle popularité. « Ministre préféré des Français » remarqué par la presse étrangère, il est aussi la personnalité LR la plus populaire de très loin, selon les sondages analysés par Pascal Perrineau dans Le Figaro du 16 février. En se portant candidat à la présidence de LR, Bruno Retailleau est donc venu contrarier l'ambition de Laurent Wauquiez, le patron des députés LR qui souhaitait reconquérir la présidence du parti pour la présidentielle de 2027. Au point que, pour certains observateurs, le match serait déjà plié en faveur de Retailleau. Quels sont donc les atouts de Retailleau pour gagner cette élection ?

Retailleau : une ligne de droite capable de faire revenir les électeurs partis chez Macron et Le Pen

Le succès de Retailleau dans l'opinion tient, selon les sondages et les analystes, à sa capacité à ratisser large et à récupérer les électeurs LR partis chez Macron et chez Marine Le Pen. Si sa ligne de fermeté, son ancrage vendéen et son parler-vrai sur l'immigration expliquent l'attraction qu'il exerce du côté droit, il réussit aussi à séduire des électeurs de droite plus modérée. Pour Pascal Perrineau, « on constate une capacité de Bruno Retailleau à reprendre la barre sur un électorat de droite républicaine qui pouvait douter de plus en plus de ses représentants, mais surtout à étendre son influence auprès des électeurs de droite modérée et du centre qui constituent la base d’Ensemble et du macronisme ». Faut-il y voir la marque de son expérience d'élu local, de sa modération de sénateur, de sa participation aux derniers gouvernements qui rassurent cet électorat ? Un peu de tout cela, sans doute.

Des ralliements de grandes fédérations LR...

Mais une élection, et a fortiori une élection interne à un parti ne se gagne pas avec des sondages de popularité, fussent-ils flatteurs, concernant toute la population. La longue histoire des déchirements LR est là pour en témoigner. Mais, même dans cette adéquation locale subtile, Retailleau commence à disposer d'avantages certains sur Wauquiez. Il y a deux jours, on apprenait dans Le Figaro le soutien que lui apporte la présidente de la grosse fédération de Paris Agnès Evren, qui voit en Retailleau « celui qui peut réconcilier la droite avec elle-même ». Parmi les autres grosses fédérations d'Île-de-France, il y a celle des Hauts-de-Seine dont le président, Philippe Juvin, devrait soutenir le ministre de l’Intérieur, et celle des Yvelines dont le patron, Othman Nasrou, a récemment été désigné comme le directeur de campagne de Bruno Retailleau. Presque un grand chelem francilien pour Retailleau, qui engrange aussi des soutiens en province. En meeting cette semaine dans la Drôme, il a été vivement applaudi à Valence par les trois cents militants présents et a reçu le soutien d'un ancien député et ministre LR Hervé Mariton.

et de... Ciotti ?

Mais l'information la plus surprenante est venue samedi des échos de la rencontre entre Retailleau et Ciotti rapportés par Le Figaro. Si Ciotti est l'allié officiel de Le Pen, il compte encore de nombreux soutiens dans la fédération LR des Alpes-Maritimes, notamment dans la perspective des municipales à Nice. Et son entourage a fait les calculs : « Dans les Alpes-Maritimes, une partie ne prendra pas part à l’élection car ils sont partis de LR. Mais une bonne partie sera plus encline à aller vers Bruno Retailleau. On a autour de 5.000 adhérents qui, potentiellement, peuvent voter. Ça fait plus de 10 % des adhérents. » Ce « soutien » de Ciotti à Retailleau est justifié par son entourage : « Il vaut mieux, pour Marine Le Pen, que Bruno Retailleau soit candidat en 2027 que Laurent Wauquiez. La place de Marine Le Pen au second tour est garantie. Ce qui se jouera, c’est la place du deuxième issu du bloc central. Retailleau ne lui prendrait pas tant de voix. S’il a un potentiel, il prendra des voix chez Édouard Philippe. » Ciotti, en soutenant Retailleau, travaillerait donc pour Le Pen et pour 2027, et dans tous les cas, pour... Ciotti. Un Ciotti pivot de l'union des droites, maillon indispensable à Le Pen comme à Retailleau.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

116 commentaires

  1. Ah, Ah ça commence à magouiller dur à droite pour 2027. Les gros s’en sortiront toujours avec les honneurs mais mais qui va payer les pots cassés comme d’habitude ? le peuple bien entendu.

  2. Wauquier, il va lui arriver la même mésaventure que Bertrand. Il croit que tout le monde le suit et il va faire un bide aux primaires… Aujourd’hui Retailleau a une fenêtre, mais elle ne va pas durer longtemps. Il n’est qu’un ministre et doit se soumettre au chef du gouvernement. Il a sans doute des idées qui plaisent aux Français mais il ne peut pas les appliiquer. Et il ne va pas pouvoir continuer à dire : « Y’à qu’à-faut qu’on…” sans que rien change. On alors il faut qu’il démissionne avec perte et fracas en prenant les Français à témoins qu’on l’empêche d’agir. (Chirac et Giscard 1976). Ensuite il faudra qu’il gagne la présidence du parti pour lancer un grand mouvement… Mais comment pourra-t-il, continuer à cracher sur Le Pen alors qu’il veut exactement ce qu’elle propose depuis des années, sur la justice, la sécurité, l’immigration… Ou il assume, comme l’a fait Ciotti, ou il se pince le nez et d’ici 2027 il sera dans les choux.

  3. Aucune confiance dans UMP Lr qui ont transféré nos pouvoirs à Bruxelles. Les médias promeuvent Retailleau qui fut inerte.

    • C’est malheureux mais c’est ainsi, plus personne n’a confiance en la Droite et/ou la Gauche. Ils sont tellement laissé le pays être envahi de migrants, soit disant pour faire le travail que les Français ne voulaient plus faire, qu’on en subit les conséquences aujourd’hui. Ces gens sont installés sur notre sol en priorité dans toutes les régions et ça brûle et ça casse, et ça injurie et ça massacre….et les Français de souche n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, pour assister impuissants par leurs votes dont personne ne tient compte à la décrépitude de la France.

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