Retailleau, Garnier, Hetzel… : la « chasse aux réacs » est ouverte !

gouvernement Barnier

« Ce n’est pas un gouvernement, c’est la sortie de messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnet ». Ce tweet en apparence anodin, écrit par une chroniqueuse de Politis méconnue, en dit long sur l’état d’esprit de la gauche à l’annonce du gouvernement Barnier. Parce qu’une poignée de ministres issus des rangs des Républicains a osé, il y a maintenant une dizaine d’années, manifester contre le mariage pour tous, la gauche s’affole et dénonce le retour aux affaires des « réacs ».

« Le sabre et le goupillon »

« Le pacte réac ». La une de Libération ce 23 septembre incarne à elle-seule cet affolement moral. Le mot « conservateur », courant de pensée odieux et rance à en croire la rédaction du quotidien, est ainsi cité plus d’une dizaine de fois dans un dossier de seulement quatre pages, pour tenter de décrédibiliser le nouveau gouvernement. Un sentiment partagé par de nombreuses personnalités de gauche. « Bolloré a son gouvernement, l’alliance du Puy du Fou, de la Manif pour tous […] Le sabre et le goupillon », critique David Assouline, membre du bureau national du Parti socialiste. « Vous rentrez de vacances, vous avez toute la brochette de la Manif pour tous au gouvernement », abonde Ian Brossat, sénateur communiste de Paris. Et Manon Aubry, députée insoumise au Parlement européen de dénoncer un « gouvernement à droite toute, composé des perdants tendance Manif pour tous ».

Que ce soit dans Libération ou sur les réseaux sociaux, les ministres issus des Républicains, ayant assumé un positionnement conservateur, sont par ailleurs un-à-un pointés du doigt et épinglés. Bruno Retailleau, en tête. Pour les journalistes de Libération, le nouveau locataire de la place Beauvau incarne ainsi « la frange la plus conservatrice de la droite ». En cause, ses liens avec Philippe de Villiers, son opposition au mariage pour tous, son amitié avec François Fillon ou encore son opposition à la constitutionnalisation de l’IVG. Pire, le successeur de Gérald Darmanin a le défaut, selon le quotidien, d’être originaire de Vendée, « son fief, écrin d’une France provinciale, catholique, prospère, entretenant la mémoire "blanche" comme au Puy du Fou ». Sur les réseaux sociaux, ses adversaires ne l’épargnent pas non plus. Laurent Joffrin, ancien directeur de la rédaction de Libération, s’inquiète de la nomination au ministère de l’Intérieur de « la droite un peu réac ». « Il s’est fait connaitre par des propos orduriers, c’est quelqu’un d’inhumain », raille de son côté Chloé Ridel, membre du Parti socialiste.

Laurence Garnier, mise sur la touche

Ses collègues LR en prennent aussi pour leur grade. Laurence Garnier, nouvelle secrétaire d’Etat à la Consommation, a fait les frais de cette nouvelle chasse aux sorcières. Pressentie pour le ministère de la Famille, l’élue de Loire-Atlantique doit finalement se contenter d’un portefeuille plus restreint. En cause, ses prises de position contre le mariage pour tous, la constitutionnalisation de l’IVG, la PMA sans père et le délit de « thérapie de conversion » font grincer des dents à gauche mais aussi au sein de la macronie. Annie Genevard, désormais ministre de l’Agriculture, Patrick Hetzel, ministère délégué à l’Enseignement supérieur et Othman Nasrou, pourtant fidèle de Valérie Pécresse, sont eux aussi, vilipendés sur la place publique pour avoir au cours de leur carrière défendu une vision conservatrice de la famille et/ou de la bioéthique. Libération reproche même au nouveau secrétaire d’État à la Citoyenneté et à la Lutte contre les discriminations d’avoir défendu le lycée privé Stanislas ! Aucun d’eux n’échappe aux condamnations de la gauche moralisatrice.

Cette chasse aux conservateurs n’est pas sans conséquence. Elle conduit dans bien des cas à des renoncements. Gérald Darmanin, encore ministre de l’Intérieur, avait fini par se rétracter au sujet du mariage pour les couples homosexuels. « Si c'était à refaire, je voterais le texte du mariage pour tous » avait déclaré en 2023 celui qui manifestait pourtant dans les rangs de la Manif pour tous dix ans plus tôt. De même, Catherine Vautrin, ancienne ministre du Travail en charge désormais du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, avait elle-aussi du faire son mea culpa sur le mariage pour tous face aux nombreuses critiques après sa nomination au gouvernement. L'assignation au regret sous peine d'infâmie publique : les vieilles recettes de la gauche font peau neuve.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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