Retour en France des djihadistes « français » : c’est non !
Parmi les motifs de révolte contre le pouvoir actuel qui règne en France, il y a sans doute le profil des dirigeants. Le débat sur le retour en France des djihadistes "français" illustre clairement le malaise.
En 2016, M. Castaner est député socialiste et, dans la ligne du Premier ministre, Manuel Valls, il est favorable à l'extension de la déchéance de nationalité aux terroristes qui sévissent dans notre pays. La réforme constitutionnelle sera enterrée, faute de majorité qualifiée.
En première ligne, face à la contestation, et aux côtés du Président, on retrouve Castaner, devenu ministre de l'Intérieur aux méthodes musclées et à la désinformation systématique. En bon carriériste, il s'adapte et vient de présenter une loi répressive envers la liberté de manifester qui choque un certain nombre de parlementaires de la majorité actuelle. Mais, ce qui est plus remarquable, c'est l'évolution de son attitude sur la déchéance de nationalité à propos, cette fois, non des terroristes en France, mais de ceux qui se retrouvent en Syrie, prisonniers des milices kurdes pour avoir rejoint le djihad de l'État islamique. Sans doute connaît-il aussi un "inconfort philosophique" ? On peut plutôt parier qu'il a choisi le confort du courtisan se pliant aux désirs du prince.
Le voilà, en effet, qui déclare : "Ce sont d'abord des Français avant d'être des djihadistes." C'est la raison pour laquelle il faut les "rapatrier". Autrement dit, des gens qui ont quitté leur pays pour mener une guerre féroce à l'étranger dans un groupe terroriste se revendiquant comme "État" et commettant des crimes contre l'humanité, en guerre contre la France, sont d'abord des Français ! Le "d'abord" est de trop ! Politiquement, ce sont des traîtres, des renégats, et leur appartenance nationale doit être mise entre guillemets : ce sont d'abord des djihadistes, juridiquement "français".
Juridiquement, leur situation et leur devenir méritent plus de précision, qu'occulte le "d'abord". La distinction des détenteurs de plusieurs nationalités par rapport aux autres s'impose. Il n'est même pas nécessaire d'évoquer la déchéance de nationalité. L'article 23-8 du Code civil stipule qu'un Français "PERD la nationalité française" s'il occupe un emploi dans une armée ou un service public étranger ou une organisation internationale dont la France ne fait pas partie et qu'il n'a pas résigné son emploi ou son concours malgré l'injonction...
De manière pragmatique, il est absurde et dangereux d'encombrer nos prisons déjà pleines de terroristes entraînés et de leurs familles fanatisées qui seront un jour relâchés sur le territoire national. Comme si les lieux d'enfermement et les moyens de surveillance ne faisaient pas, déjà, cruellement défaut ! La France a fait un mauvais choix en soutenant le désordre islamiste en Syrie contre l'État syrien. Celui-ci a gagné la guerre, les Américains sont présents, comme les Français, sur le territoire syrien de manière illégale, mais ils vont s'en aller, laissant 130 djihadistes "français" prisonniers des Kurdes, et 250 "dans la nature".
Il serait nécessaire que la France choisisse une attitude politique responsable, au-delà des contraintes juridiques hors de propos.
Les double nationaux doivent être privés de leur nationalité française. Les combattants français "à part entière" doivent demeurer sur place. Une sélection doit être faite au cas par cas parmi les personnes qui ont accompagné les djihadistes, les femmes et les enfants de nationalité française, pour mesurer en amont leur capacité de se réintégrer à la société française. Dans les trois cas, cela suppose des relations positives avec l'État syrien, qui lui-même n'est pas en guerre avec les Kurdes et qui doit, un jour ou l'autre, rétablir sa souveraineté sur l'ensemble du pays. Les criminels, quelle que soit leur "nationalité", doivent lui être remis pour être jugés. C'est avec lui que doit être organisé le retour très sélectif des Français, "femmes et enfants", qui peuvent regagner la France.
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