Retraites : ce que l’audit de Jordan Bardella va révéler…

©shutterstock_editorial_623078432
©shutterstock_editorial_623078432

Jordan Bardella a annoncé qu’il demanderait un grand « audit des comptes de la nation », s’il entre à Matignon. Une initiative qui suppose que le Rassemblement national obtienne la majorité absolue aux élections législatives et que le président de la République le nomme Premier ministre. Un grand audit ? Ce sera, en effet, nécessaire pour le nouveau gouvernement, à la fois pour se donner les moyens de gouverner et pour informer les Français de l’état des finances après sept années de macronisme. Les électeurs pourraient alors découvrir des réalités soigneusement cachées, comme le véritable déficit du système de retraite français.

Selon le haut-commissaire au Plan François Bayrou, intervenant sur France Inter le 29 janvier 2023, ce vrai déficit est dissimulé depuis plusieurs décennies par le Conseil d’orientation des retraites (COR), service du Premier ministre créé en 2000, théoriquement pour aider le gouvernement à piloter le système. Bayrou, président du MoDem et membre de la majorité présidentielle, expliquait que « le COR est une institution dans laquelle tous les partenaires sociaux sont engagés et qui, depuis longtemps, défend l’idée que ce n’est pas si grave que ça ». C’est un peu court, jeune homme ! Car le COR établit ses hypothèses à partir de données qui lui sont indiquées par le gouvernement. Autrement dit, à travers ce service, c’est le gouvernement lui-même qui truque les chiffres et ment aux Français.

Une déclaration embarrassante

En janvier 2023, le président du COR, Pierre-Louis Bras, n’était pourtant plus en odeur de sainteté auprès du Premier ministre Élisabeth Borne. Il avait en effet affirmé, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 19 janvier 2023, que « les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme ». En juin 2023, le COR devait faire état, dans son rapport annuel, d’un solde du système positif de 4,4 milliards d’euros en 2022 et 3,6 milliards en 2023. Mais la déclaration de Bras devant les députés était embarrassante, au moment où Élisabeth Borne tentait de convaincre le bon peuple de l’urgente nécessité de sa réforme. Le mensonge d’État lui retombait sur le nez. S’ensuivit une polémique au cours de laquelle l’inénarrable Bruno Le Maire reprocha au COR de modifier ses évaluations « tous les six mois » ; mais qui donc, sinon le ministère de l’Économie, lui fournit les éléments à partir desquels il bâtit ces évaluations ?

En outre, comment oublier qu’en 2017, le candidat Emmanuel Macron, ministre de l’Économie sous François Hollande, affirmait que « le problème des retraites n’est plus un problème financier » ? Et qu’en mai 2018, encore, le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, déclarait aussi que le système était « proche de l’équilibre » ? Ni l’un ni l’autre ne pouvaient pourtant ignorer l’ampleur d’un déficit réel qu’en février 2023, l’hebdomadaire Le Point estimait, avec le concours de l’association Sauvegarde Retraites, à quelque 65,1 milliards d’euros pour l’année 2021 ; et que l’ancien inspecteur général des finances Jean-Pascal Beaufret – auteur de plusieurs articles, notamment dans la revue Commentaires – a évalué à 68 milliards d’euros pour 2022. (Par comparaison, le budget de la Justice, en 2024, s’élève à 9,6 milliards d’euros…)

Au reste, ce déficit global est essentiellement creusé par les retraites des entreprises publiques et des fonctionnaires – à commencer par celles de la fonction publique de l’État « financées », si l’on ose dire, par le biais d’une subvention d’équilibre (39 milliards d’euros en 2021) et de prétendues « cotisations patronales » (10 milliards en 2021), l’une et les autres... fictives – c’est-à-dire recourant essentiellement à la dette.

Ce sont de telles réalités que la Macronie s’apprête à léguer à ceux qui arriveront aux affaires après elle. Emmanuel Macron est trop heureux de repasser à d’autres la patate qu’il a fait chauffer, en comptant bien qu’ils s’y brûleront les doigts. C’est sans doute ce qu’il appelle leur balancer « une grenade dégoupillée dans les jambes ».

Éric Letty
Éric Letty
Journaliste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. La Macronie a la trouille !! Un bilan (réel) des dépenses outre les retraites va montrer d’autres choses sur le Covid, L’aide à l’Ukraine, la retraite, l’immigration, le maintien de l’ordre, ect … le plus facile entre oligarques est l’Ukraine ,exemple la France débloque 10M , 6 sont utilisé pour leurs fin annoncée au peuple, les 4 restant sont transférés depuis l’Ukraine sur des comptes privés français dans des pays lointains… c’est à mon avis pour cette raison que certains documents et information ne sont pas transmises aux autorités de contrôle françaises.

  2. En 2022 Macron a été réélu grâce à Poutine (Invasion de l’Ukraine : pas de débats, pas de bilan de son premier quinquennat). En 2024, pour les européennes il retente le coup ( nucéaire/ armée en France) mais les français ne sont pas dupes.. Alors il boude et ne veut surtout pas que l’on fasse son bilan

  3. comme le véritable déficit du système de retraite français.

    Déjà on sait que chaque année l’Etat verse pour le moins 3 milliards pour équilibrer la caisse de la SNCF !
    La moindre des choses, face au corporatisme des cheminots -pas un syndicalisme respectueux de la nation et des citoyens, imposer l’alignement sur la règle générale !

    • Pour info , voila ce que coute la SNCF :
      Les régions et Ile-de-France Mobilités ont financé à hauteur de 6,8 Md€ en 2022 les dépenses de fonctionnement des TER et du Transilien. L’État a financé à hauteur de 3,3 Md€ les coûts d’exploitation du réseau de proximité ainsi que les coûts de fonctionnement des trains Intercités et des transports de fret. Par l’intermédiaire de l’État et des autorités régionales, les contribuables ont donc payé 10,1 Md€ à la SNCF pour couvrir une partie de ses dépenses de fonctionnement.

      L’Etat et les autorités régionales ont en outre subventionné les investissements de la SNCF à hauteur de 6,2 Md€ en 2022.

      La charge des intérêts des dettes de la SNCF reprises par l’État s’est établie à 0,8 Md€ en 2022.

      Le coût de la SNCF pour les contribuables, hors protection sociale des cheminots et après déduction des dividendes versés à l’État (0,4 Md€), était ainsi de 16,8 Md€ en 2022 (15,2 Md€ en 2021). La contribution de l’État a été de 6,7 Md€.

      L’État verse enfin une subvention d’équilibre au régime spécial de retraite des cheminots dont le coût budgétaire était de 3,2 Md€ en 2022.

      Le coût total de la SNCF pour les contribuables (ménages et entreprises) était donc de 20,0 Md€ en 2022 (18,5 Md€ en 2021). Cette charge s’ajoute au prix payé par les usagers pour acheter des billets de train et elle est en partie financée par des ménages et entreprises qui n’utilisent pas les services ferroviaires.
      Et cerise sur le gateau , Mr Farandou actuel PDG de la SNCF vient d’accorder il y a 2 mois environ (paru dans Les Echos ) aux syndicats des aménagements pour les départs a la retraite qui remettent en cause les principes d’E Borne sur le régime général . Farandou est maintenu dans son poste , il sera viré ( normalement ) aprés les JO . Uniquement Bruno Le maire a ralé .
      Les 21 millions de salariés du privé , des pme , tpe , indépendants sont la que pour payer .

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois