Retraités : le hold-up nocturne de la majorité !

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Le premier vote faisait figure d’abordage réussi pour les oppositions. L’amendement 194 porté par l’expérimenté Charles de Courson (LIOT) proposant une « revalorisation des pensions, prenant en compte le niveau réel de l’inflation […] c’est-à-dire pour l’année 2022, une inflation à 5,5 % ». Cette proposition rehaussait celle de l’État qui avait acté une hausse de 1,1 % en janvier, puis de 4 % en juillet. Il manquait donc la bagatelle de 500 millions d’euros supplémentaires. L’amendement était passé d’une courte tête avec les voix de la gauche, du RN, du groupe de Charles de Courson et notamment d’une élue du MoDem. Avec quatre voix d’avance, il s’agissait d’un véritable couac pour la majorité et d’une victoire significative pour les oppositions.

Or, à deux heures trente du matin, la majorité est parvenue à redemander un vote sur cet amendement qui a, cette fois, reçu un avis défavorable. Pour l’opposition, c’est un hold-up. « Les macronistes debout pour applaudir la chute des pensions de retraite. Avec la complicité de LR, ils rabaissent les retraites sous l'inflation lors d'un vote à 2 h 30 du matin, effaçant un 1er vote qui augmentait les pensions au niveau de l'inflation... », s’énerve, sur Twitter, le RN Alexandre Loubet.

Du coté de l’Insoumis David Guiraud, élu à Roubaix et Wattrelos, on ne cache pas sa déception : « Ils ont osé le faire, à 2 h du matin, le gouvernement a fait annuler les 500 millions d’euros en plus pour les retraités. Et LR a trahit (sic). » En effet, si les LR avaient appuyé l’amendement présenté par Charles de Courson, la plupart d'entre eux ont fait volte-face et soutenu, cette fois, le vote de la majorité dans un Hémicycle clairsemé, compte tenu de l’heure tardive. « Les Français, et plus précisément nos retraités, doivent connaître la vérité sur la suppression des 500 M€ prévus pour aider nos aînés à faire face à l’inflation », dénonce Julie Lechanteux. L’élue RN du Var dénonce un « gouvernement touché dans son ego et pris d’une furieuse colère qui a embarqué notre Assemblée dans des accords d’appareil. La fausse droite des Républicains a rallié la majorité. »

Las ! Les députés commencent à pâtir du rythme infernal qui règne dans l’Hémicycle. « Disons que pour un apprentissage, c’est fortement accéléré », admet un député RN fraîchement élu. « Ce qui s’est passé ce soir, c’est une remise en cause de l’Assemblée, un passage en force inadmissible », dénonce le député du Gard LFI Michel Sala. Du coté de la majorité, on fait le dos rond et on assume une victoire à mettre sur le compte de l’expérience.

Du coté des LR, difficile d’obtenir des explications quant à ce revirement : ballottés entre la danse du ventre de la majorité et un RN qui n’aspire qu’à les remplacer, les LR semblent condamnés à louvoyer sans boussole claire. « Je suis certain que cette petite victoire du bloc bourgeois LREM/LR lui promet de grandes défaites à l’avenir », prophétise, rageur, l’Insoumis Éric Coquerel. Si l’examen de ce texte permettra sans doute quelque avancée pour les plus précaires de nos concitoyens, il permettra aussi de clarifier les positions des uns et des autres sur l’opposition qu’ils souhaitent incarner. Entre la sulfateuse NUPES et le bulldozer RN, la corde d’équilibriste LR cherche surtout à ne pas rompre.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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