Réunion du Congrès à Versailles : parce que tel est notre bon plaisir

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Lundi 9 juillet : deuxième discours du trône pour Emmanuel Macron. Comme le lui permet la Constitution depuis la réforme initiée par Nicolas Sarkozy en 2008, le Président de la République va donc s’adresser au Parlement - c’est-à-dire à l’Assemblée nationale et au Sénat réunis en congrès - à Versailles. L’opération de com’ présidentielle, parce que ce n’est rien d’autre qu’une opération de communication, devrait coûter 286.000 euros, selon Le Parisien, voire 500.000 euros selon certains députés, soit un coût moyen par parlementaire de 300 à 540 euros. Reconnaissons qu’il n’y a pas de quoi envoyer les poissonnières de Paris devant les grilles du château pour hurler à la mort au passage du petit mitron et de sa boulangère. La question n’est pas là, semble-t-il.

Jusqu’à 2008, le chef de l’État ne pouvait s’exprimer devant le Parlement. La deuxième République, qui fit long feu (1848-1852), obligeait le Président à cet exercice. Les Républiques qui suivirent l’interdirent, selon le principe fondamental de séparation des pouvoirs. Le chef de l’État peut convoquer le Parlement pour trois raisons : soumission d’un projet de révision de la Constitution, autorisation d’adhésion d’un nouveau membre à l’Union européenne et plus généralement, pour faire une déclaration. Et puis, une raison qui n’est pas inscrite dans la Constitution : le bon plaisir d’un Président de rassembler la représentation nationale pour un probable exercice d’autosatisfaction.

François Hollande s’était exprimé devant le Congrès le 16 novembre 2015, au lendemain du Bataclan, pour proposer notamment la déchéance de nationalité pour les binationaux. On sait comment cela se termina, une fois la Marseillaise entonnée... Le 3 juillet 2017, à l’aube de son mandat, Emmanuel Macron avait convoqué les parlementaires, la veille du discours de politique générale de son Premier ministre, réduisant ainsi Édouard Philippe aux utilités et autres augmentations du paquet de cigarettes et montrant ainsi qu'il n'avait pas l'intention de mégoter.

Donc, en ce lundi 9 juillet, Emmanuel Macron s’adressera pour la deuxième fois aux parlementaires. Pour quoi faire ? Pour honorer une promesse de campagne, paraît-il, qui ne mange pas de pain et dont les Français se moquent probablement complètement, saturés qu’ils sont de politique politicienne et alors que le Mondial bat son plein et que le Tour de France tourne à fond les pédales. Il y aura les parlementaires qui n’iront pas – les députés de la France insoumise et quelques LR -, ceux qui iront mais qui bouderont et puis il y aura les députés de la République en marche qui feront monter la température ambiante de la salle rien qu’en applaudissant, à temps et contretemps, comme dans toute bonne émission télévangéliste.

Le discours du chef de l’État prendra sans doute des accents rassembleurs, mobilisateurs, au moment-même où le « couple exécutif » connaît une sérieuse baisse de popularité, que la présidence jupitérienne prend un tournant people plutôt incongru et inattendu. Des accents dominateurs aussi, car chassez le naturel, il revient au galop. Provocateurs enfin, alors que la réforme des institutions qui se prépare risque de consacrer un affaiblissement inédit du Parlement. Un Parlement réduit au rôle de chambre, j’allais dire de studio, d’enregistrement. Mesdames et Messieurs, le Président de la République. Silence, on tourne.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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