Révolution russe : de février à octobre 1917
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Après la révolution avortée d’octobre 1905, qui n’était finalement qu’une répétition générale, les événements se précipitent en février 1917.
L’hiver a été rude, avec des températures polaires (-40 °C). La pénurie en combustibles et en denrées commence à gagner le pays. La famine guette et commence à sévir dans quelques contrées. On fait la queue devant les boulangeries. La situation russe rappelle celle de la France dans les années 1788-89. Le climat social est tendu : femmes, ouvriers, chômeurs, étudiants réclament « du pain et du travail ». Le 25 février, la grève générale est déclenchée. Ils sont plusieurs dizaines de milliers à défiler dans les rues de Pétrograd (ex-Saint-Pétersbourg) aux cris de « À bas la guerre ! », « À bas l’autocratie », « Vive la république ». L’armée tire sur la foule : 150 morts. Puis des régiments d’élite se rallient aux ouvriers et fraternisent. La garnison de Pétrograd, forte de près de 150.000 soldats, a changé de camp. Le tsar, son gouvernement et la Douma, comme tétanisés par cette éruption sociale soudaine, restent impuissants. La contestation gagne le pays, au point que le 2 mars 1917 (15 mars, selon le calendrier grégorien), Nicolas II est contraint d’abdiquer. Il laisse la couronne à son frère, le grand-duc Mikhaïl Aleksandrovitch Romanov, qui lui-même finit par renoncer dès le lendemain. S’ensuit une période de gouvernement provisoire, dirigé par le prince Gueorgui Lvov (1861-1925) jusqu’en juillet, puis par Alexandre Kerenski (1881-1970) de juillet à novembre 1917.
Pendant ce temps, Lénine (1870-1924) revient, sur ses terres natales, en avril 1917, de dix-sept ans d’exil ! Il exige la sortie de la guerre, rejette toute coopération avec le gouvernement provisoire de Lvov, réclame la confiscation des grandes propriétés foncières, la nationalisation des banques et demande le transfert de tous les pouvoirs aux soviets. Mais, attaqué par des rumeurs selon lesquelles il a reçu de l’argent de l’Allemagne (que la Russie combat sur le front), il est contraint de partir en Finlande. C’est de là-bas qu’il prépare et peaufine son coup d’État. Le 10 octobre, il revient à Pétrograd, coiffé d’une perruque comme déguisement. Certain que c’est le moment opportun, que la crise est mûre, il réussit à convaincre le Comité central du parti bolchevique, présidé par Trotski, de voter l’insurrection. Il obtient du soviet de Pétrograd, dirigé aussi par Trotski, la création d’un Comité militaire révolutionnaire. C’est ce comité qui déclenche le coup d’État, dans la nuit du 24 au 25 octobre du calendrier julien (6-7 novembre), suite à la décision d’interdiction des journaux bolcheviques par le gouvernement provisoire.
Dans la nuit du 25 au 26 octobre, le croiseur Aurore, ancré sur un bras de la Neva, et dont les marins se sont mutinés, tire à blanc sur le palais d'Hiver, marquant le début de l'assaut. Les marins et les soldats dirigés par Trotski ne trouvent, au palais d'Hiver, qu'une garde désemparée, composée d'un bon millier de soldats, cosaques, élèves officiers, ainsi que de volontaires féminines. Alexandre Kerenski parvient à s'enfuir. Il tente d'organiser une résistance, mais elle est vouée à l'échec. La population n'a pas bougé. Le pouvoir a changé de mains. Lénine et Trotski ont les mains libres et commencent à imposer leur dictature du prolétariat.
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