Richard Ferrand mis en examen : vers le gouvernement des juges ?

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C’est la nouvelle du jour. Richard Ferrand, président macronien de l’Assemblée nationale, a été auditionné à Lille, plus d’une dizaine d’heures durant, pour s’expliquer de « prise illégale d’intérêts » dans l’affaire plus que controversée des Mutuelles de Bretagne. Pour tout arranger, et tant qu’à aller à la pêche au gros, François Bayrou et Marielle de Sarnez, têtes pensantes du MoDem, l’étaient en d’autres lieux, pour une plus anecdotique affaire d’emplois présumés « fictifs » d’attachés parlementaires au Parlement européen.

L’autre nouvelle de ce même jour, c’est que l’Élysée, ainsi que le groupe LREM au palais Bourbon, conservent toute leur confiance au présumé innocent, naguère ministre de la Cohésion des territoires - cohésion toute relative, puisque l’ayant conduit à prendre la porte du gouvernement, en 2017, en raison des mêmes affaires de mutuelles.

Depuis le départ de François de Rugy, pincé à la culotte pour une très vulgaire histoire de homards, il n’est pas incongru de prétendre que l’hôtel de Lassay soit devenu une place à haut risque. Et qu’il soit tout autant risqué de vouloir grimper au cocotier avec une culotte dont la propreté est mise en doute. Surtout lorsque les mêmes se posent en parangons de transparence républicaine et d’éthique démocratique.

Denis Baupin, autre macrono-écologiste relativement recyclable, a été assez mal payé pour avoir oublié ce nouveau fondamental de la gauche sociétale.

Après, forts de l’adage voulant que tout justiciable puisse « faire confiance à la justice de son pays », nous ne nous risquerons pas à anticiper sur les attendus à venir de cette magistrature dont le fameux « mur des cons » tient trop souvent lieu de Code pénal. Bref, et attendant que le contraire ne soit démontré : Richard Ferrand n’a rien à se reprocher. Tout comme le couple Balkany, serions-nous tentés d’ajouter, tant les autorités compétentes n’auront pas tranché dans cette affaire, semble-t-il, des plus thénardiennes.

En revanche, il est permis de s’interroger sur le rôle d’une association telle qu’Anticor, sorte de ligue de magistrats, se portant partie civile dans ce dossier. Sur la page d’accueil de cette association, il est annoncé : « Son ambition est de réhabiliter le rapport de confiance qui doit exister entre les citoyens et leurs représentants, politiques et administratifs. » Fort bien. Puis : « Pour agir en toute indépendance, Anticor a choisi de ne bénéficier d’aucune subvention. Son financement est assuré uniquement par des dons et les cotisations de ses adhérents. »

Ce qui signifie donc que cette organisation, relevant du droit privé, se mêle désormais du droit public. Non sans quelques anicroches lorsque nos justiciers du dimanche ont pu être accusés – chacun son tour – de connivences avec l’ancienne gardienne des Sceaux, Christiane Taubira, partie en guerre contre Patrick Buisson, imam caché de Nicolas Sarkozy et maître ès sondages du temps de la splendeur élyséenne. Comme quoi…

Il n’y a guère besoin d’études de droit plus poussées que ça pour comprendre qu’on ne saurait être à la fois juge et partie. Il n’en faut guère plus pour comprendre aussi que le gouvernement du peuple par le peuple est devenu simple ritournelle. Que celui d’un État donné pour souverain a, depuis longtemps, cédé la place à celui des juges. Parfois cité à tort et à travers, le général de Gaulle avait au moins eu cette intuition l’amenant à affirmer qu’en Ve République, le seul juge demeurait le peuple.

À ce titre, il est assez plaisant que les pompiers pyromanes puissent être désormais les premiers à avoir chaud à la culotte, lorsque ayant déclenché des incendies qu’ils sont aujourd’hui les derniers à pouvoir éteindre.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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