Rien ne change : on va continuer à faire les poches des Français !
« Il y avait des mesures urgentes à prendre pour éteindre l'incendie », a commenté Geoffroy Roux de Bézieux, patron du MEDEF, sur Europe 1, estimant qu'Emmanuel Macron a répondu à "l'essentiel des demandes" – ce qui ne semble pas recouper l'avis des gilets jaunes, si l'on en croit leurs premières réactions. "Il est temps de se mettre au travail", a-t-il poursuivi. Quant à la prime exceptionnelle de fin d'année, il a confirmé (ce qui est une évidence) que toutes les entreprises ne pourraient la verser. Il aurait pu ajouter que, si cela ne devrait pas poser de problème aux plus rentables, notamment aux plus grandes, les plus petites, déjà assommées de charges, ne pourraient suivre cette recommandation.
Chacun tend à entendre le discours de Macron en fonction de ses critères, c'est-à-dire de ses intérêts. Il est naturel que le président du MEDEF se préoccupe du sort des entreprises et des commerçants qui ont pâti des blocages ou des manifestations des gilets jaunes. Encore qu'il y aurait beaucoup à dire sur les dégradations et pillages. Certes, les gilets jaunes sont en colère, une minorité d'entre eux ont commis des exactions, mais la majorité des actes de vandalisme et de pillage sont le fait de casseurs professionnels et de jeunes délinquants venus de banlieue, que les médias et le gouvernement peinent à désigner.
On eût aimé que Geoffroy Roux de Bézieux élargît son champ de vision et s'interrogeât sur les catégories oubliées dans les mesures annoncées. Les petits agriculteurs, qui vivotent plus qu'ils ne vivent, quand ils ne sont pas moribonds ; les retraités, dont la pension ne sera revalorisée que de 0,3 %, alors que l'inflation, pour 2018, approche les 2 % ; les fonctionnaires qui ont perdu, depuis 2010, 8 à 10 % de leur pouvoir d'achat (la défiscalisation des heures supplémentaires ne concernera que ceux qui peuvent en faire : imagine-t-on les professeurs exerçant dans les établissements les plus difficiles en redemander ?) ; les familles nombreuses, dont les allocations ne seront pas augmentées et qui subissent les effets de la baisse du quotient familial. Cela fait beaucoup de monde, au total.
Macron s'est bien gardé de rappeler que le gouvernement ferait financer toutes ces mesures par les contribuables en puisant, une fois de plus, dans les poches des Français. Que les plus modestes soient épargnés n'est que justice. Mais il a beau annoncer une réforme fiscale, qui peut croire qu'il parviendra à faire payer leur part aux entreprises du CAC 40 ou aux GAFA, alors qu'il défend le mondialisme et se plaît à rester ligoté par les contraintes européennes ? L'aumône pour les plus pauvres, des largesses pour les plus riches : on peut prévoir, sans risque de se tromper, que ce sont encore les classes moyennes qui seront davantage imposées et taxées.
Macron a commencé par menacer les fauteurs de troubles (en effectuant un tri sélectif), puis il a feint la compassion (malgré les leçons de Brigitte, la scène paraissait surjouée), avant d'annoncer des mesurettes qui, loin d'éteindre la mèche, risquent de provoquer, à très court ou moyen terme, une explosion encore plus forte. Aujourd'hui les plus lucides, demain les plus naïfs comprendront qu'ils ont été leurrés. La seule vérité que son allocution a confirmée, c'est le cynisme d'un dirigeant qui veut à la fois garder le cap et accélérer les réformes, tout en prétendant prendre mieux en compte l'opinion des Français. Il donne le change en ne changeant rien.
De plus en plus de Français se soulèveront bientôt, en criant « Assez de poudre aux yeux ! Assez de tartuferies ! Assez de mensonges ! » On ne peut servir deux maîtres à la fois : la finance mondialiste et le peuple français.
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