RN : les hasards gagnants !

Après tirage au sort surprise ce mardi, c’est la motion du groupe de Marine Le Pen qui a été choisie, envoyant celle défendue par la gauche aux oubliettes. Une situation qui fait les affaires du RN mais qui a mis la Nupes dans tous ses états.
assemblée nationale

« Nul vainqueur ne croit au hasard. » Cette certitude de Nietzsche pourrait être à la mode dans les rangs des députés du Rassemblement national. Imitant les élus du Parti communiste emmenés par l’expérimenté André Chassaigne, le groupe du RN a déposé une motion référendaire visant à faire passer l’impopulaire réforme des retraites par voie de référendum. Après tirage au sort surprise, ce mardi, c’est la motion du groupe de Marine Le Pen qui a été choisie, envoyant celle défendue par la gauche aux oubliettes. Une situation qui fait les affaires du RN mais qui a mis la NUPES dans tous ses états. « La Macronie confirme sa complicité avec l'extrême droite pour faire échouer la motion référendaire sur la reforme des retraites. Abjection ! » s’était emportée, sur Twitter, la députée « afro-féministe » de Paris Danièle Obono.

Une exaspération compréhensible. Jean-Luc Mélenchon n’avait-il pas déclaré sur LCI, lors de la manifestation du 31 janvier contre la réforme des retraites, mettre « au défi les autres partis, qui se disent d'opposition, d'adopter la motion ». Sauf qu’entre-temps, la seule motion acceptée est celle du RN. Une position d’opposition inconfortable pour la NUPES, qui se retrouve une énième fois tiraillée entre son rôle d’opposant à Macron et sa ligne de conduite lui interdisant de voter le moindre texte émanant du Rassemblement national. « Ils perdent leur énergie sur la paternité d’une motion qui, quel que soit l’émetteur devrait recueillir le même nombre de voix. Mais ils préfèrent étaler leur ligne idéologique, sectaire, à la limite de la pathologie », s’agace le député du Gard Pierre Meurin, qui avait été jusqu’à réécrire sa proposition de loi contre les ZFE pour qu’elle corresponde, à la virgule près, au souhait de La France insoumise lors de la niche parlementaire du RN en décembre dernier. Sans succès.

Du coté de la NUPES, donc, on pointe l’habituelle accusation de complicité de la Macronie et du RN. « Choisir son opposition de confort qui ne combat ni dans l’Assemblée ni dans la rue le jour d’une énorme mobilisation populaire : LA HONTE ! » avait tweeté Mathilde Panot.

La cheffe de file de LFI à l’Assemblée nationale doit à nouveau choisir entre sa ligne et son programme. Un angle mort dans lequel le RN s’amuse à enfoncer le coin. « La NUPES a appelé à voter pour la candidate macroniste dans la Marne, a appelé à voter pour Emmanuel Macron en 2022 et annonce qu'elle refusera de voter la motion référendaire du RN. Ça prouve le caractère fallacieux de leur opposition ! » a estimé  Marine Le Pen, sur France Info, ce mercredi.

Une position largement partagée dans les médias par les députés de son groupe : « La NUPES peut se rattraper d'avoir fait voter Emmanuel Macron en soutenant notre motion référendaire. Nous voulons que cette réforme des retraites n'aboutisse pas, dans l'intérêt des Français ! » affirmait, notamment, le vice-président de l’Assemblée nationale et député RN du Nord Sébastien Chenu, ce jeudi, sur CNews. Mais la NUPES suit sa ligne et celle-ci n’a pas vocation à rejoindre celle d’une opposition unanime. Ainsi, le patron des députés socialistes Boris Vallaud a confirmé au Figaro ; « Non, nous ne voterons pas cette motion. »

Du coté d’Europe Écologie Les Verts, la réponse du député de Paris Sandrine Rousseau a été moins sobre : « Nous ne pouvons pas collaborer avec un régime fascisant », a estimé l’ancienne candidate à la primaire des écologistes, au micro de Sonia Mabrouk, sur Europe 1. Manuel Bompard a été plus prudent. Le successeur de Jean-Luc Mélenchon a temporisé : « Pour l'instant, on conteste ce tirage au sort qui est contraire au règlement de l'Assemblée nationale », a-t-il confié au journaliste Wally Bordas.

« Même si on proposait une résolution disant "le meurtre, c’est mal", ils seraient contre », s’amuse Pierre Meurin, qui se dit lassé par « l’éternel chiffon rouge du fascisme brandi par la NUPES ». Et à la fin, c’est la majorité relative qui gagne.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

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