RN-Reconquête : en route vers un cartel des droites

Capture d’écran (47)

Mise à jour : à son tour, le président des Républicains Eric Ciotti annonce ce 11 juin une alliance électorale avec le RN au journal de 13 h de TF1. « Nous avons besoin d’une alliance avec le RN, avec Marine Le Pen. Il faut une alliance des droites nationales et patriotiques » .

A 16 heures ce 11 juin, un communiqué de presse de Marion Maréchal annonce que le RN a changé de position et refuse l'accord envisagé. Ils ne souhaitent selon ce communiqué « aucune association directe et indirecte avec Eric Zemmour ».

Article : Ambiance d’émeute, devant le siège du Rassemblement national, dans le XVIe arrondissement de Paris, ce lundi 10 juin après-midi. Les journalistes munis de perches et de caméras se bousculent sur le trottoir, devant le bâtiment où se joue une page majeure de la vie politique française : le possible retour d’une Assemblée à majorité patriote prête à conduire les destinées du pays. Le RN rassemblera-t-il suffisamment les Français, au soir du deuxième tour des législatives, le 7 juillet prochain ? L'enjeu est lourd.

Le premier parti de France le sait et ouvre grand les bras : « Nous avons souhaité lancer un appel à toutes les formations politiques », explique Bardella aux journalistes, qui évoque une possible cohabitation et le nécessaire « redressement du pays ».

Cette fois, le RN est au pied du mur du pouvoir. « Cette échéance et cette opportunité sont absolument historiques », explique Bardella, non sans préciser que « des discussions » ont lieu aussi avec « des cadres des Républicains ». Jamais les conditions d’une grande union des droites n’ont été à ce point réunies. Des programmes convergents sur de nombreux points, quoi qu’en disent les candidats durant la campagne, une faiblesse historique de la gauche et du macronisme, enfin, l’urgence d’un pays profondément abîmé et meurtri par des années de politique européiste et mondialiste.

 

Un bras de fer Maréchal-Zemmour ?

Première cible de cette ouverture, Marion Maréchal. « Contrairement à Éric Zemmour », la candidate « a fait preuve, durant toute la campagne, d’une démarche et d’une attitude constructive à l’égard du RN », dit Bardella. Le RN a dicté un accord cadre possible. À Reconquête d’étudier la proposition. Marion Maréchal doit en parler avec Éric Zemmour : elle n’a pas caché qu’elle était favorable à cet accord. Zemmour a toutes les chances d'y être très défavorable...

Lorsque Marion Maréchal a pris la parole, dans la soirée du 9 juin, entourée de ses colistiers, les observateurs ont immédiatement remarqué la mine interrogative et réprobatrice d’Éric Zemmour, debout à sa droite. « Je suis prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen et Jordan Bardella, Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble à l’alternative que notre pays exige », lançait-elle. Pas de quoi calmer les bruits de vives divergences au sein de Reconquête : les proches de Marion Maréchal, partisans d’alliances à droite, s’opposent au tandem Zemmour-Knafo, favorables à une guerre sans failles contre le RN. Des divergences que personne ne nie, mais qui se situent davantage sur le terrain tactique que sur le fond ou la stratégie, estime un cadre de Reconquête. Faut-il cogner sur le RN ou lui tendre la main ?

Éric Zemmour peut s’appuyer sur l’autorité de son poste de président-fondateur de Reconquête et sur l’appui indéfectible de Sarah Knafo. Mais le score de Marion Maréchal, qui a rempli le contrat des européennes, rebat les cartes au sein de Reconquête et apporte à la nièce de Marine Le Pen une puissance nouvelle dans un parti où elle est, par ailleurs, largement soutenue. « Sur le plan national, 80 % des cadres soutiennent la ligne Marion Maréchal dans ces négociations », assure un cadre régional de Reconquête interrogé par BV. Pour lui, « Éric n’est pas un politicien. Marion peut attaquer des idées, mais Éric attaque des personnes, ce qui laisse des traces. C’est une question de choix dans les mots. Du coup, là, elle peut négocier. »

Giorgia Meloni au centre des négociations

C'est le temps du marchandage. Vis-à-vis du RN, Marion Maréchal peut abattre deux atouts, l’un national, l’autre à l’échelle européenne. Au plan national, la nièce de Marine Le Pen va proposer au RN un accord électoral pour les législatives annoncées par Emmanuel Macron, selon un cadre Reconquête. Quelques circonscriptions gagnables dans lesquelles le RN soutiendra un élu Reconquête contre le soutien affiché du parti d’Éric Zemmour à l’ensemble des candidats RN. Si le RN veut obtenir la majorité des sièges, les voix de Reconquête ne seront pas de trop. Par ailleurs, le parti d’Éric Zemmour dispose de nombreux cadres parfois dotés d’une expérience politique supérieure à ceux du RN : de quoi muscler les équipes locales et les candidatures.

Mais cette solution, qui donnerait à Reconquête des élus, comporte un inconvénient majeur : moins de candidats présentés signifie moins de financement. Le parti devra faire une croix sur une partie des dotations publiques et, donc, de ses ressources.

Par ailleurs, Reconquête dispose dans la négociation d’un atout à l'échelle européenne. Ses cinq députés européens seront une contribution modeste au grand parti patriote européen dont tous rêvent sur le Vieux Continent. Mais Marion Maréchal est proche de Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, couronnée d’une large victoire, le 9 juin, en Italie, et qui s’impose comme le pilier d’un futur parti patriote européen. Mariée à Vincenzo Sofo, député italien proche de Meloni, la tête de liste Reconquête a rencontré la présidente du Conseil italien, la semaine dernière. Elle avait déjà obtenu d’intégrer le groupe européen dont fait partie Meloni, ECR (Conservateurs et Réformistes). Alors que les relations entre Marine Le Pen et Giorgia Meloni restent très fraîches, pour ne pas dire distantes, elle peut proposer au RN son entremise. Objectif : que les élus RN français au Parlement européen rompent leur isolement et intègrent, eux aussi, le nouveau parti commun. Dans tous les cas, l’intérêt et l'amour de la France commandent une alliance : les électeurs de Reconquête comprendraient-ils le choix de l'isolement ? Pas sûr.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

112 commentaires

  1. L’union des droites, avec quelques LR, sans doute pas tous est une nécessité de survie pour notre pays.
    Ceci dit, Si cette union menée par le RN confirme cette victoire, il me semble qu’il sera très dangereux pour Bardella (ou quelqu’un d’autre) d’accepter le poste de premier ministre : le terrain est miné par Macron, la situation économique, financière, sécuritaire, est catastrophique, … Macron & co, avec l’aide de ses médias aux ordres, en ferait bien sur porté la responsabilité au camp patriote, …
    La période des JO va être très tendue …
    Il faut soit que Macron change complètement sa politique, soit qu’il démissionne.

  2. De là naitra la victoire aux législatives , il faut bien que tous ses partis de droite en prennent conscience; les européennes passées il faut résolument se tourner vers le sort de notre pays et le plus rapidement possible. Que le parti du RN ne se réjouisse pas trop vite des résultats du 9 juin , car à mon sens beaucoup d’électeurs ont voté pour restreindre l’ hégémonie de ces européistes de Bruxelles , et donc non pas un vote d’adhésion ou un blanc-seing à la liste de Jordan Bardella , il n’y a pas que les girouettes qui tournent au gré du vent !!!

  3. Ces élections européennes ont provoqué des séismes politiques dans des pays , et vont se traduire par une vaguelette au niveau européen . Cela prouve que l’UE est bien une organisation ou la démocratie est diluée au maximum , afin d’anesthésier les peuples , de les dissoudre .

  4. Que tous les hommes de bonne volonté s’unissent pour sauver la France et les Français en laissant de côté leurs querelles intestines et stériles. Courage!…

    • Vous parlez aussi pour marine Le Pen ? La première qualité d’un vainqueur c’est la magnanimité. Manifestement on en est loin.

  5. le couple dans la vie Knafo zemmour, gère reconquête comme une épicerie, mais que fait madame Maréchal dans cette galère ?

  6. Un seul objectif : dégager Macron et ses acolytes du paysage politique de France. Ce machiavel tente d’élaborer un énième funeste plan pour discréditer le meneur des Droites, J. BARDELLA d’ici au scrutin présidentiel de 2027. Pour y faire échec, il est essentiel que toutes les Droites de France s’unissent avec leurs particularités sous une même bannière lors du scrutin du scrutin du 26 juin et surtout au second tour du 9 juillet.

  7. Ah, le danger des mots, paroles, petites phrases ! Pourquoi faire compliqué ( complexe) quand on pourrait faire simple, franc et naturel ?

  8. Nous avons une occasion unique de victoire électorale du camp patriote, j’ai attendu ça depuis que j’ai le droit de vote ! Les électeurs de la vraie droite sont tous favorables à cette union. Mesdames Le Pen et Maréchal, Messieurs Bardella, Zemmour, Dupont Aignan, Philippot faites gagner notre camp, pensez a la France s’il vous plaît, une telle occasion ne se représentera peut-être jamais !

  9. Eric ZEMMOUR est un pourfendeur de muraille. Il est indispensable et sera le moteur du rapprochement entre le camp national affirmé et le camp national non encore revendiqué (LR). La maîtrise de l’égo reste un preuve d’humilité, et cette qualité doit amener à un GRAND RASSEMBLEMENT POUR LA FRANCE. Si l’heure est si grave, comme il le disait si bien en 2022, alors EZ n’a pas le choix, car France oblige !

    • « EZ n’a pas le choix, car France oblige ! » J’ai de gros doutes sur le fait que cela oblige EZ.

  10. Union indispensable bien sûr , mais sans Zemmour qui fait preuve d ‘ immaturité ,d ‘ égocentrisme et qui manque cruellement de sens politique .

    • Contrairement à d’autres,Zemmour ne change pas d’avis à tout bout de champ façon girouette,comme ce fût souvent le cas de MLP sur maints et maints sujets,sauf au plan de l’immigration ,plan sur lequel est restée constante.Ainsi,lorsqu’elle était avocate,elle défendait les sans papiers et aujourd’hui ,pour faire court,elle récuse le constat de grand remplacement , celui de guerre de civilisations et de compatibilité de l’islam avec le Pays.Son sens politique est donc clairement ancré à gauche.Mais on a vu que ça plaisait bien à l’électorat majoritaire centriste qui la soutient et qui donc persiste à soutenir une idéologie qui sévit depuis 40 ans et plus.

    • Je ne crois pas que l ego de EZ soit en cause mais plutôt celui de sa compagne Sarah Knafo…qui n’est pas prête à lâcher son pouvoir.

    • ça, ça s’appelle de l’arrogance. Et manifestement Macron n’en a pas le monopole. Et je n’en dis pas plus. SI le « sens politique » c’est la démagogie et la giroutte, on vous les laisse.

  11. Il faut bien voir deux choses : 1/les chantiers du redressement sont pharaoniques, herculéens 2/L’opposition de TOUTES les gauches sera massive : la rue, les syndicats, les association, les médias, les juges, le show biz, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, les antifas, les black blocs et les oppositions parlementaires feront TOUT pour pourrir la situation. Sous les ricanements de Macron qui savonnera la planche.
    Conclusion : Si « on » veut y aller, il faut réunir une très large majorité populaire et s’appuyer sur des accords politiques en BETON ARME. Regardons bien ce qui se passe en Italie. Meloni avance pas à pas en s’appuyant sur une Alliance et un programme commun. Sans la Ligue et sans Forza Italia, pas sûr qu’elle aurait pu faire face à toutes les agressions de la gauche, de Bruxelles et de Macron.

  12. Vouloir c’est pouvoir. Si le RN gagne, et il ne gagnera non pas avec une entente entre parti, mais entre candidats gardant leur spécificité, il faudra aller au clash intelligemment, avec le narcissique enfant gâté qui préside la France.. Je n’exclue pas d’ailleurs qu’il mette sa démission dans la balance en cas de défaite. Son hubris n’acceptant pas un autre échec. Surtout s’il s’engage fortement.

    • Surtout si le Conseil d’état et le Conseil constitutionnel :lui disent qu’il pourrait alors se représenter pour un troisième mandat si ce deuxième n’a pas été fini!

  13. Gagner ou avoir raison ? Les Patriotes vont devoir se positionner intelligemment car avoir raison c’est bien mais c’est donc rester dans l’opposition inutile , comme depuis ces 50 dernières années

  14. Le patriotisme conçoit que l’ Union fait la force. Si les dirigeade droite ne mettent pas leur Ego démesuré de côté les divisions électorales vont empêcher une grande victoire. La France ne peut plus être dans la demie mesure.

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