Robert Hossein était son nom

Capture d'écran
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Le lendemain de son 93e anniversaire, en ce dernier jour de 2020, Robert Hossein est mort, des suites du Covid-19 paraît-il. Au vrai, Robert Hossein n'était d'ailleurs pas son nom : Abraham Hosseinoff avait vite choisi ce pseudonyme, plus mainstream disons, quand il entra, très jeune, dans la carrière théâtrale.
Résumer une si longue et si éclectique réussite tient de la gageure. Hossein commença par adapter des polars à la scène, avec Frédéric Dard. Dans les années 60, il slaloma entre l'intellectualisme de Duras (La Musica) et l'emblématique saga populaire Angélique, Marquise des Anges, où il incarne le personnage de Joffrey de Peyrac, époux balafré et charismatique de Michèle Mercier. Peyrac, boiteux et laid, mais courageux et drôle, qui encouragea des générations de moches à « oublier qu'ils n'avaient aucune chance », selon les mots qui seront plus tard ceux de Michel Blanc dans Les Bronzés. Le public ne retiendra sans doute, à l'annonce de sa mort, que cette prestation, alors que la palette de l'acteur (qui était aussi réalisateur et metteur en scène) était bien plus vaste. C'est ainsi.
En 1972, il révéla Isabelle Adjani au grand public avec une pièce de García Lorca, ce qui fit entrer la grande actrice à la Comédie-Française dans la foulée. Peu après, il commença une série de mises en scène à grand spectacle, autour de l'Histoire de France mais pas seulement. Danton et Robespierre, de Gaulle, Jésus (dans le fameux Jésus était son nom), Jean-Paul II, Les Misérables...L'imitateur Laurent Gerra moquait souvent, avec une régularité qui tenait de l'hommage, le goût de Hossein pour une certaine grandiloquence scénique.
En 1981, nouveau moment de culture populaire pour Robert Hossein : il fut l'antagoniste cruel et glacial de Belmondo dans Le Professionnel : « le commissaire Rosen, de la brigade sauvage », servi par le regard noir et la voix éraillée de l'acteur, Rosen mort dans un duel au pistolet d'un autre âge contre le commandant Josselin Beaumont (Bébel), soldat sacrifié du service Action.
Après deux mariages avec de jolies femmes, Robert Hossein vivait depuis plus de quarante ans avec Candice Patou. Il s'était converti au catholicisme à plus de cinquante ans et avait même été reçu en 2016 par (le) pape François. À cette occasion, il avait accordé un entretien plein de franchise et de simplicité à Radio Vatican. À 89 ans. Quelle santé, tout de même !
À Dieu donc, Monsieur Hossein !
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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