Robert Ménard : « Cette écologie qui l’a emporté est une écologie punitive de bobos ! »

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Robert Ménard, réélu dès le 15 mars, analyse ce second tour des municipales. Pour lui, « il n'y a pas de victoire du RN ce soir ». Et les victoires d'EELV traduisent la fracture entre deux France Il appelle à un renouvellement en profondeur : « Marine Le Pen fait partie de cette vieille classe politique. »

 

On sort de la soirée de l’élection municipale. 60 % d’abstention pour un second tour des municipales qui habituellement rassemble le plus les Français.
Comment l’expliquer ?

C’est difficile à expliquer. Il y a évidemment les conditions sanitaires très particulières. Aux élections municipales, les taux de participations sont toujours importants. Le maire est le plus proche de la population. Il porte au plus près leurs espoirs et leurs difficultés. Je trouve que c’est vraiment inquiétant. Il y a un refus de la classe politique dans la totalité des partis.
Que cela veut-il dire ? Que peut-on tirer comme conséquences y compris politiques ?
Pour les prochaines échéances, faut-il encore s’appuyer sur les appareils politiques dépassés ? Je ne crois pas.

C’est le retour de la gauche plurielle. Les écologistes font main basse sur la plupart des grandes métropoles. Le parti socialiste s’est fait vampiriser ainsi que les Républicains. Cette vague écolo fait habituellement des gros scores aux Européennes, alors que là elle fait élire des inconnus partout.

Cette écologie est punitive, urbaine, ne sait rien de la pêche, de la chasse, de l’élevage, des animaux autres que le chien et le chat de compagnie. Cette écologie de bobo l’emporte dans les grandes villes. Je vous rappelle que la moitié des Français vivent dans des villes de moins de 9000 habitants. Il y a aussi une France qui ne se retrouve pas du tout. Je vous garantis qu’elle est aussi écologique que nos amis d’Europe Écologie Les Verts. Oui, il y a une écologie particulière de gauche, liée parfois à ce qu’il y a de plus sectaire dans la gauche. Cette écologie est d’un sectarisme à toute épreuve et a beaucoup progressé dans les grandes villes. C’est inquiétant. Ces écologistes sont pour une immigration de masse et sont sur toutes les questions de société du côté du progressisme, remettant en cause la famille et les valeurs que nous représentons. Je crois que ce n’est pas une bonne nouvelle. Cela nous montre la coupure entre deux France. Une France des petites villes, des villes moyennes et des villages. Et une France des agglomérations. Deux France se dessinent ce soir.

Une des ces deux France a fait de bons scores outre la réélection des maires RN ou soutenu par le RN dès le premier tour dont vous faites partie.
La victoire de Louis Aliot à Perpignan ainsi que la victoire de Romain Lopez à Moissac. C’est finalement la France des territoires contre la France des métropoles….

Oui, bien sûr. Je suis ravi de la victoire de Louis Aliot. J’étais allé à plusieurs reprises le soutenir. Nous sommes plus que copain, nous sommes amis. Je lui ai dit toute ma joie de le voir remporter Perpignan et tout mon espoir de pouvoir travailler avec lui. Attention, il n’y a pas de victoire du Rassemblement national ce soir. Il ne faut pas se tromper. Toute la classe politique explique envers et contre tout qu’elle a toujours gagné. Il y a la victoire de Louis. Il n’a jamais affiché le fait qu’il était au Rassemblement national. Ce n’est pas moi qui le lui reprocherais.
Oui, on peut gagner, mais à condition de s’élargir à d’autres qu’à notre pré carré de la droite. Là encore, il faudra en tirer des conséquences. Marine Le Pen a raison de se féliciter de ce qui s’est passé à Perpignan. En revanche, lorsqu’elle élargit cela à une espèce de victoire qui serait celle du camp des nationaux, c’est un pur mensonge.

Selon vous, en 2022 il faut un candidat autre que Marine Le Pen…

La leçon de ce qu’il s’est passé aujourd’hui, de son abstention et du désintérêt des Français pour la politique c’est que les Français ne se retrouvent plus dans cette vieille classe politique dont Marine Le Pen fait parti.

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Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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