Robert Ménard veut marier Zemmour et Le Pen : « Il faut parler de la France mais aussi s’adresser aux Français »
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Vendredi soir, Robert Ménard accueillait dans sa ville Éric Zemmour venu présenter son dernier livre. Retour sur cette rencontre entre les deux hommes qui se connaissent bien. « Je le dis et je le redis, l'union des droites, cela ne peut pas se faire l'un contre l'autre », répète inlassablement le maire de Béziers au micro de Boulevard Voltaire, dénonçant « un jeu stérile » et invitant Éric Zemmour et Marine Le Pen à s'entendre.
Éric Zemmour était chez vous à Béziers pour rencontrer son public. Avant de parler de la candidature potentielle d’Éric Zemmour, comment avez-vous trouvé son discours ?
Je partage bon nombre d’idées d'Éric. Nous sommes amis depuis plus de dix ans. J’ai des désaccords avec lui, je crois qu’aujourd’hui, on ne peut pas se contenter de faire, comme il dit, de la métapolitique. On ne peut pas se contenter d’idées générales, il faut rentrer dans le concret avec les problèmes quotidiens de nos compatriotes. Je le trouve séduisant intellectuellement, brillant quand il nous montre sa culture historique, mais maintenant, il faut entrer dans le dur. Il faut parler de la France mais aussi s’adresser aux Français qui ne peuvent pas avoir seulement un cours d’histoire ou un certain nombre de citations.
Ils ont besoin de cela, et Éric a un talent incroyable pour faire aimer la France, mais il faut aller plus dans le précis, c’est peut-être un des points qui nous séparent.
On a passé du temps ensemble et on s’est redit notre amitié, c’est le principal !
Votre ami Éric Zemmour est en train de quitter la métapolitique pour la politique. Quel message voulez-vous lui adresser : ne te présente pas à l’élection présidentielle ou bien ne partez pas divisés avec Marine Le Pen?
Je le dis et le redis : l’union des droites ne peut pas se faire l’un contre l’autre, sinon on est parti pour perdre. Si on continue à jouer à ce jeu stérile, on pourrait même se retrouver sans aucun des nôtres au deuxième tour, et je ne parle pas de battre le chef de l’État.
Je n’ai pas d’ennemi à droite, il faut arrêter de se faire une guerre larvée. De toute façon, Marine Le Pen ne gagnera pas sans Éric Zemmour et Éric Zemmour ne gagnera pas sans Marine Le Pen. C’est aussi simple que cela, c’est le bon sens et l’évidence même.
Mais on est formidable à droite pour ne pas regarder la réalité en face ! On reproche à beaucoup de gens de ne pas prendre en compte le réel et d'ignorer les questions d’immigration, d’insécurité et de problèmes à l’école, mais nous sommes très forts pour ne pas voir qu’il est impossible de gagner si on a deux candidats qui se font la guerre jusqu’à la veille du premier tour.
Il faut se retrouver, discuter, trouver un terrain d’entente.
Selon vous, faudrait-il qu’Éric Zemmour se désiste en faveur de Marine Le Pen ou Marine Le Pen en faveur d’Éric Zemmour ?
Je n’en sais rien. J’ai proposé qu’on en parle en février prochain, car en février, les sondages se cristallisent. Là, nous sommes un peu loin du mois d’avril prochain et j’ai encore en mémoire quand M. Macron s’est envolé dans les sondages au moment où M. Bayrou s’est désisté pour lui en février 2017. On pourrait peut-être s’inspirer de ce qui permet à d’autres de gagner.
Je veux que nos idées gagnent et que les ego s'effacent devant l’intérêt de mon pays, de notre pays.
Pour vous, Marine Le Pen et Éric Zemmour s’adressent au même électorat qui se divise pour rien …
Ils disent à peu près les mêmes choses. Hier j’ai écouté Éric, à 90 %, c’est ce que dit Marine Le Pen depuis des années. Il n’a pas les mêmes mots, il sait toucher au cœur et parle de la France comme peu de gens savent en parler, mais sur 90 % des sujets, ils sont d’accord et disent exactement la même chose.
En même temps, ils ne s’adressent pas exactement au même électorat. D’un côté, avec Éric Zemmour, vous avez plus âgé et plus cultivé, la bourgeoisie qui a réussi et ses enfants. De l’autre côté, vous avez Marine Le Pen, qui touche beaucoup plus la jeunesse et les classes populaires, les petites gens. C’est exactement ce dont on rêvait depuis des années : réunir ces deux électorats. On a là deux personnes qui touchent chacune un électorat, il faut qu’ils trouvent un terrain d’entente et qu’ils bossent ensemble.
Marc Eynaud
Journaliste à BV
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