Rodolphe Saadé rencontre le président Tebboune pour affaires

En pleine crise diplomatique, les deux hommes doivent se rencontrer pour conclure des accords commerciaux.
TEBBOUNE

Peut-il y avoir quelque chose d’indécent à signer d’importants accords économiques alors que Boualem Sansal est emprisonné par la régime algérien ? Rodolphe Saadé ne semble pas s’être posé la question. Du moins y a-t-il répondu. D’après le quotidien algérien El Watan, le président de la CMA-CGM doit rencontrer à Alger, ce mercredi 15 avril, le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Transports pour discuter affaires. Des négociations qui seraient sur la table « depuis près d’un an ». Déjà présent dans neuf ports algériens, la CMA-CGM souhaite s’implanter en Algérie et obtenir notamment la gestion du port d’Oran, un site stratégique, situé entre Alger et l’Espagne. Le troisième armateur de porte-conteneurs mondial et cinquième fortune de France (8 milliards de dollars de fortune professionnelle, selon Forbes) prévoirait notamment de lourds investissements à travers les infrastructures et la logistique portuaires. Un projet comportant aussi une ligne entre Oran et Marseille, la ville d’implantation de la famille Saadé, serait à l’étude.

On n’arrête plus Rodolphe Saadé, qui faisait un déplacement à la Maison-Blanche, le 6 mars dernier, pour annoncer un plan d’investissements de 20 milliards de dollars déployé sur quatre ans aux États-Unis.

Des accords commerciaux en pleine guerre diplomatique

Cette offensive économique en Algérie intervient dans un contexte de regain de tensions diplomatiques entre Paris et Alger alors même que l’Élysée vient d’annoncer le rappel de son ambassadeur et « l’expulsion de douze agents » du réseau consulaire et diplomatique algérien. Une réponse à l’annonce du gouvernement Tebboune, dimanche 13 avril, d’expulser 12 agents de l’ambassade de France sous 48 heures. Agents spécialisés dans le contre-terrorisme et le contre-espionnage, tous travaillent sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur et sous les ordres de l’ambassadeur, d’après nos confrères du Figaro, à « fluidifier la relation avec les autorités algériennes ». Une expulsion en guise de représailles à la suite de la mise en examen, par la Justice française, d’un agent consulaire algérien. Ce dernier serait un des responsables de l’enlèvement d’Amir DZ, un opposant algérien au régime de Tebboune, disparu il y a un an. Comme l’a démontré hier, pour BV, Marc Baudriller dans son éditorial, le président algérien envoie ses barbouzes agir en France.

Un billard à plusieurs bandes

Un sujet brûlant, au point de compromettre les négociations de M. Saadé ? Le PDG marseillais est un proche d’Emmanuel Macron. Le président de la République était dans les locaux de la CMA à Marseille, en février 2025, lors de la visite du Premier ministre indien en France. Pour boucler la boucle, Macron lui-même cultive son rapprochement avec Tebboune. « Chacun est dans ses compétences. L'accord de 1968, c'est le président de la République », rappelait le président de la République, il y a un mois, pour reprendre la main sur le dossier algérien avant de s’entretenir personnellement au téléphone avec son homologue algérien, un mois plus tard.

Un dernier constat ne manque pas d’interpeller. Selon le compte X Destination Télé, sur BFM TV, média propriété de Rodolphe Saadé depuis juillet 2024, l'expulsion des agents de l'ambassade de France n’a pas été évoquée une seule fois, dans la soirée du 14 avril, entre 18 h et minuit. Hormis un débat vers 17h45 où le journaliste politique Alain Duhamel expliquait que dans le dossier Paris-Alger, Bruno Retailleau n’était pas la solution mais le problème. « Les prises de position publiques » du ministre de l’Intérieur « oublient l’affichage de la part du dialogue nécessaire », expliquait-il à l’antenne.

Alors que l'ambition de l'armateur français est de devenir l'acteur privé majeur du fret maritime en Algérie, la crise diplomatique entre Alger et Paris tombe mal. Un billard à plusieurs bandes est en train de se jouer. Boualem Sansal y trouvera-t-il son compte, c'est-à-dire sa liberté ?

Picture of Yves-Marie Sévillia
Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Macron et Teboune sont-ils en train de s’amuser au détriment des feancaus ? Une mauvaise pièce de théâtre ? Pourquoi renvoyerc13 personnes contre les 2 expulsés d’Algérie ? Trump a été capable de bloquer tous les visas aux soudanais tant que ce pays refusait de reprendre ses ressortissants expulsés ! Nous on continue d’accueillir, de subventionner. De soigner, de payer des retraites à des millions d’algériens sur le dis du contribuable feqncais spolié. Il y des gens capables et des incapables. Les incapables c’est chez nous..

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Pour que les fêtes traditionnelles fonctionnent, il faut de la sécurité
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois