Roselyne Bachelot : des masques à la culture

Bachelot

Je ne vous mens pas : il a fallu que je regarde, lundi soir, la passation de pouvoir au ministère de la Culture pour (re)découvrir la tête de Franck Riester. Tellement pâlot, tellement falot, ce garçon. Alors, bien sûr, voir débarquer Roselyne Bachelot à la proue du vaisseau fantôme tient, en effet, de la mise en scène wagnérienne.

Une personnalité, la Roselyne. Un vieux routier – pardon, une vieille routière – de la politique, grande gueule, grosse tête, rompue au grand spectacle de l’Assemblée, aguerrie aux joutes oratoires comme aux plateaux télé, c’est aussi une très fine musicienne.

Sa bio nous dit qu’elle a étudié sérieusement la musique jusqu’à l’âge de vingt ans, d’abord dans son pensionnat tenu par les sœurs où elle pratiquait le piano (débuté à trois ans et demi !), puis le chant plusieurs heures par jour, tout cela avant de se découvrir une véritable passion pour l’opéra quand un ami l’emmène au Festival de Vérone. Il faut dire qu’entendre Aïda dans les arènes du théâtre romain est une expérience qui vous marque à jamais…

On ne peut le nier, Bachelot n’a pas qu’une voix, c’est aussi une tête, docteur en pharmacie sortie major de sa promo, mais à une carrière dans les officines, elle préférera toujours la politique. Députée, secrétaire générale adjointe du RPR de 1989 à 1992, ministre de l’Écologie et du Développement durable sous Chirac, dans les gouvernements Raffarin I et II. Ministre de la Jeunesse et des Sports sous Sarkozy, c’est dans le gouvernement de François Fillon qu’elle va devoir affronter, en 2010, la crise sanitaire qui lui vaudra sa mise au ban : la grippe H1N1. On lui reproche la commande de 95 millions de doses de vaccin et le coût global de la campagne de vaccination estimé à 1,5 milliard d'euros alors que seulement 8 % des Français se sont fait vacciner. L’enquête parlementaire au Sénat fait apparaître « le poids des lobbies ainsi que l'acceptation par les décideurs politiques et administratifs de contrats commerciaux trop contraignants ».

C’est cet épisode qui sera à l’origine de la pénurie de masques dans la crise sanitaire de cet hiver et Roselyne Bachelot, interrogée le 1er juillet par la commission parlementaire, aura beau jeu de dénoncer un « pays infantilisé » où chacun, médecins compris, attend tout de l’État.

Et voilà Roselyne Bachelot, maintenant, ministre de la Culture. En 2012, pourtant, quittant la scène après l’ère Sarkozy, elle jurait qu’on ne l’y reprendrait plus. Mais voilà, il y a des propositions auxquelles on ne résiste pas, comme elle le confie à France Info : « On se dit tiens, j'aimerais bien chanter comme la Callas ou jouer du piano comme Arthur Rubinstein. Puis, tout d'un coup, ça vous arrive. Vous voyez le numéro du Premier ministre s'afficher sur votre portable, puisque je connais Jean Castex depuis longtemps, et qui me demande si je souhaite rejoindre l'équipe gouvernementale. Je me dis qu'il y a une opportunité incroyable à saisir dans les circonstances actuelles sur cette politique culturelle. »

Une seule certitude : elle ne peut faire pire que son prédécesseur, pauvre garçon totalement transparent, à l’évidence pas taillé pour le job. Si je pouvais me permettre une comparaison osée, je dirais que Riester est dans la catégorie garçonnet en collant de danse quand Bachelot est dans celle rugbyman dans la mêlée. Elle va y aller au poids et à l’épaule, l’amour de la musique en plus.

Alors, vas-y, Roselyne, on te souhaite bonne chance ! Et rendez-vous au point d’orgue…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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